L'incompréhension est la mienne face à un phénomène bien curieux que j'observe depuis le départ de monsieur Ben Ali. Il s'agit d'un club composé d'un certain nombre de personnages qui ont en commun le fait d'avoir largement dépassé les 70 ans, voire les 80 ans et d'avoir occupé à un moment ou un autre des postes assez importants, parfois même déterminants, au sein du pouvoir avant d'en être évincés, parfois de manière assez dramatique et même spectaculaire, ou de s'en retirer d'eux-mêmes...
Précision
Ce que que vous lisez ici, ce sont mes impressions, parfois à chaud, basées sur ma connaissance de l'histoire du pays, de sa situation présente et sur ma culture générale, toutes étant forcément limitées et, en tout cas, relatives. Ces réflexions n'engagent que ma personne, ne représentent aucun parti ou groupe organisé et ne se rapportent à aucun projet politique établi. Ce sont les simples réflexions d'un citoyen intéressé au devenir de son pays et concerné par le sort de son peuple qui voudrait apporter quelque chose à l'un et à l'autre, mais qui n'a rien d'autre à offrir à part ces cogitations.
Monday, January 31, 2011
Saturday, January 29, 2011
Indécence
Comme s'il ne suffisait pas que le gouvernement l'annonce en grande pompe et que cela soit repris en écho par les moyens d'information à qui mieux mieux, voilà que notre chère télévision nationale qui n'est pas descendue sur le terrain de la place de la Kasbah pendant les cinq jours qu'a duré le siège des marcheurs venus de l'intérieur du pays pour nous livrer un seul vrai reportage, une seule vraie interview d'un seul de ses parias venus exposer leur ras le bol, à part les quelques dizaines de secondes offertes d'un journal à l'autre, y compris lors des événements d'hier pour lesquels un reportage télévisé nous aurait permis de mieux comprendre ce qui s'est vraiment passé et qui a fait quoi, plutôt que de nous rabattre sur l'insipide et invraisemblable communiqué du "nouveau" ministère de l'intérieur... voilà que cette chère télévision, soucieuse de nous tenir bien informés, s'avise de nous servir le plus grotesque des reportages, celui nous racontant comment quelques familles de martyrs de la révolution ont perçu les chèques de compensation pour la mort de leurs êtres les plus chers, allant jusqu'à nous livrer le montant exact de ces chèques !
Premier jour, premier couac !
Le "nouveau" gouvernement Ghannouchi n'a pas bouclé ses premières 24 heures qu'il a déjà commis (ou laissé commettre ?) un premier impair grave lourd de conséquences.
Comment a-t-on pu permettre aux forces de sécurité d'user de la violence avec les irréductibles du siège de la Kasbah et, surtout, qui l'a permis ?
Friday, January 28, 2011
Leçons
M. Ghannouchi et ses partenaires ont fini par comprendre. Ils auront mis bien du temps, un temps fort précieux, mais mieux vaut tard que jamais. La refonte du gouvernement de transition est une deuxième victoire pour le peuple tunisien non moins importante que la première qui a consisté à chasser Ben Ali, dont il importe de tirer les leçons.
Wednesday, January 26, 2011
Manoeuvres
Elles sont de plusieurs ordres, autant que je puisse constater, et elles visent toutes le même objectif, à savoir affaiblir l'opposition manifestement tenace et suffisamment conséquente au "gouvernement d'union nationale" et la décridibiliser en même temps. En d'autres termes, on cherche à en réduire l'ampleur et l'envergure autant que faire se peut et on essaye d'enlever aux têtus tout crédit. On pourrait me répondre que c'est de bonne guerre et qu'il s'agit là de deux tactiques courantes vieilles comme le monde en politique. Certes. Encore faut-il être prêt à admettre cette acception machiavélique de la politique. Mais, quand bien même telle approche serait concevable en temps normal, elle ne peut nullement l'être quand on parle d'une période charnière telle que "la transition" actuelle et d'un gouvernement "d'unité nationale", voire de salut public.
Tuesday, January 25, 2011
Danger !
Bien que je fus comme je l'annonçais hier pris par un travail urgent qui accapare désormais tout mon temps disponible, il s'est produit aujourd'hui un événement exceptionnel qui ne pouvait me laisser indifférent, de sorte que je me suis efforcé de voler quelques instants pour venir livrer mes sentiments.
Sunday, January 23, 2011
Absence
Certaines obligations vont me contraindre à délaisser ce blog pour quelques temps, de sorte que je ne pourrai rien écrire durant les prochains jours, dans la mesure où j'aurai besoin de tout mon temps libre pour la tâche qui m'occupe afin de pouvoir honorer mes engagements. J'espère seulement que si elles ne vont pas pour le mieux dans cette période délicate, les choses n'empireront pas et, si possible, continueront d'évoluer dans un sens favorable aux aspirations des gens.
De toutes façons, moi et mes semblables, on ne peut qu'espérer.
En revanche, je promets de reprendre ses chroniques pour continuer d'apporter mon témoignage dès que j'en aurai la possibilité.
Saturday, January 22, 2011
Parti ?
La revendication prédominante dans toutes les manifestations qui revient dans tous les discours et tous les manifestes, déjà présente en bonne place pendant le soulèvement qui a provoqué la chute de Ben Ali et qui est devenue pratiquement la seule revendication claire et unanime depuis cette chute, c'est la dissolution du RCD. D'aucuns parmi les observateurs non avertis s'étonnent quand ils ne sont pas carrément indignés face à sa radicalité et à sa virulence. Il n'est pas jusqu'à certains protagonistes indépendants du régime déchu impliqués de près dans la vie publique tunisienne qui la désapprouvent vivement cachant à peine leur indignation. Pourquoi un tel acharnement et une telle véhémence ? Faut-il y voir la marque d'une irrationalité et d'un aveuglement exceptionnels de la part d'un peuple sans aucune culture politique ?
Acquis
Par-delà cette vérité fondamentale énoncée par Aragon selon laquelle, rien n'est (définitivement) acquis à l'homme, il est encore trop tôt pour s'essayer à dresser un bilan, même provisoire, de la révolution tunisienne. Outre le renversement d'un homme dont on ne sait même pas s'il est irréversible (on ne sait jamais !) et quelques promesses beaucoup plus que des faits, du moins pour l'instant, il n'y a pas grand chose à inscrire au tableau des réalisations à ce jour. Et même ce qui semble nous avoir été donné (libération des détenus politiques, liberté d'expression, libéralisation des moyens d'information...) ou promis (élections libres et démocratiques, instauration d'un état de droit...), rien ne nous dit qu'il ne nous sera pas repris dans quelques jours ou quelques mois par ceux qui ont été obligés de nous le concéder ou par d'autres qu'eux parmi les premiers à en bénéficier aujourd'hui. Il suffit de voir comment s'exprime et agit M. Chebbi, hier dans l'opposition brimée et muselée, aujourd'hui (déjà, du moins semble-t-il le croire) au pouvoir !
Friday, January 21, 2011
Fortune
Selon des sources des plus sérieuses citées par le journal Le Monde (Lire l'article)*
et bien que ses sources reconnaissent la difficulté de fournir des estimations précises en la matière, la fortune amassée par monsieur Ben Ali et les membres de son clan s'élèverait à une valeur totale de l'ordre de 5 à 10 milliards de dollars. Pour avoir une idée de l'ampleur de cette fortune, cherchant à rassurer les milieux économiques et financiers internationaux sur la solvabilité du pays, la Banque Centrale de Tunisie vient de déclarer que ses réserves en devises s'élèvent à 9 milliards de dollars, de sorte qu'elle n'aura pas de mal à couvrir les besoins en importations pour les mois à venir ni à assurer le remboursement de ses dettes aux échéances prévues. En d'autres termes, les Ben Ali-Trabelsi ont subtilisé l'équivalent de sa richesse liquide présente !
et bien que ses sources reconnaissent la difficulté de fournir des estimations précises en la matière, la fortune amassée par monsieur Ben Ali et les membres de son clan s'élèverait à une valeur totale de l'ordre de 5 à 10 milliards de dollars. Pour avoir une idée de l'ampleur de cette fortune, cherchant à rassurer les milieux économiques et financiers internationaux sur la solvabilité du pays, la Banque Centrale de Tunisie vient de déclarer que ses réserves en devises s'élèvent à 9 milliards de dollars, de sorte qu'elle n'aura pas de mal à couvrir les besoins en importations pour les mois à venir ni à assurer le remboursement de ses dettes aux échéances prévues. En d'autres termes, les Ben Ali-Trabelsi ont subtilisé l'équivalent de sa richesse liquide présente !
Thursday, January 20, 2011
En différé
Ce terme bien connu des amateurs de retransmissions d'événements sportifs à la télévision est ce qu'il y a de mieux indiqué pour décrire le mode de fonctionnement du premier gouvernement tunisien après le départ de monsieur Ben Ali.
Jugez-en par vous-mêmes !
Wednesday, January 19, 2011
Unité nationale
Ressassée à volonté, mêlée à toutes les sauces, galvaudée à souhait, cette expression qu'on a choisie pour qualifier le gouvernement de transition renvoie à l'une de ces notions-leurres qui servent de bel emballage à toutes les illusions et ouvrent la voie à tous les abus. A la limite, tout mot, tout terme peut être manipulé ou dévoyé pour peu qu'on ne prenne pas la précaution de le définir pour les besoins du contexte spécifique où il est utilisé, même lorsqu'il existe une définition connue et généralement admise dans les dictionnaires ou les lexiques spécialisés. Mais, cette nécessité devient impérative, voire salutaire, dans le cas des termes forgés dans des contextes fortement marqués par des considérations idéologiques et dont, le plus souvent, aucun dictionnaire commun de la langue ni lexique ne risque de vous fournir une définition qui puisse servir de clé de déchiffrage ou de base pour une acception consensuelle.
Pan sur le bec !
Le mien, bien entendu et que les gens du Canard Enchaîné me passent ce petit plagiat !
Je dois, en effet, de plates excuses à la télévision tunisienne. Il semblerait que j'aie émis un jugement trop hâtif en mentionnant tout à l'heure l'ouverture du journal de 20 heures par la nouvelle du télégramme de M. Bouteflika. Depuis, j'ai dû me retrancher derrière mon ordinateur pour écrire la chronique suivante aux trois quarts avant de me voir contraint de la reprendre à zéro suite à un de ces coups bas de Windows et des différents programmes qui l'animent. Bref, j'ai dû y passer la soirée avant de voir enfin mon dernier texte apparaître à l'écran sain et sauf, dûment enregistré.
Passant dans le salon où ma femme avait gardé le téléviseur allumée et branchée sur notre chaîne nationale, je n'en crus pas mes oreilles. Un reportage "à chaud" dans les rues de Sidi Bouzid et d'autres villes de province où l'on voyait des tunisiens du bon peuple manifester, scandant des slogans hautement politisés. On eut même droit à des commentaires de citoyens qui s'exprimaient sur le compte du RCD, du gouvernement contesté, des déclarations infâmes du ministre de l'intérieur et jusque sur le rôle ambiguë des moyens d'information (entendez, entre autres, la télévision !). Suivait ensuite un débat avec la participation de journalistes activistes et de militants syndicalistes de bases qui tenaient un discours radical à faire pâlir d'envie Hamma Hammami !
Bref, j'ai mal jugé notre chère chaîne publique. Voilà ce qui arrive quand on a des idées préconçues et qu'on a déjà condamné le prévenu avant de le juger. Cela m'apprendra à prendre un peu de recul avant d'écrire n'importe quoi. Il est vrai que tout à l'heure je parlais du journal de 20 heures et que presque cinq heures s'étaient écoulées depuis...
Quoi ? Je ne vous l'ai pas dit ?
J'en suis navré. Oui, ce merveilleux programme passe à 0h.45.
Aveuglement
Ce soir, je penche à croire que c’est là la chose la mieux partagée au sein de la classe politique tunisienne, tous bords confondus.
Je savais déjà que c’était ce qui caractérisait le mieux nos gouvernants successifs jusqu’au dernier en date qui, avec un minimum de discernement, aurait sans doute sauvé sa tête et son régime. Il aurait suffi qu’il lâche un peu de leste en accordant quelques concessions sur les libertés fondamentales, la formation et l’activité des petits partis politiques dont le nombre des militants parfois dépasse à peine celui des membres de leurs organes de direction, se contentant de victoires électorales à hauteur de 60 à 65 – allons, ne soyons pas radins et disons 70 pour cent, se passant et privant ses proches de la manne du gangstérisme d’état, pour qu’il garde les rênes du pouvoir solidement entre les mains tout en jouissant de la légitimité populaire, de l’approbation et même du respect de "la communauté internationale", par ailleurs facile à contenter. Malheureusement pour lui et heureusement pour le pays et le peuple, un excès de cupidité ou de confiance ou peut-être les deux à la fois l’ont empêché de le comprendre.
Tuesday, January 18, 2011
Indices
Pour tous ceux qui avaient l'ombre d'un doute sur les intentions du "nouveau" gouvernement (qui a, soit dit en passant, déjà perdu une partie de ses membres en moins de 24 heures et n'est plus sûr de garder une autre partie) et sur la sincérité de ces annonces, sans parler des crédules qui n'ont pas hésité à prendre telles intentions et annonces pour de l'argent comptant, il suffit de relever deux petits indices qui en disent long sur la question.
Monday, January 17, 2011
Opposants
Avec le travail de laminage et de répression systématiques exercé pendant les cinquante dernières années par le régime de monsieur Bourguiba puis par celui de monsieur Ben Ali, on ne pouvait espérer voir la Tunisie disposer d'une opposition organisée, structurée et représentative digne de ce nom.
Amis, ennemis ?
D'amis, le peuple insurgé ne peut en avoir que parmi ses semblables, c'est à dire les autres peuples déjà libérés (en existe-t-il qui le soient totalement ?) ou ceux encore assujettis qui continuent de manger leur pain noir. Autrement, il n'a que des ennemis tout autour qui, au mieux, ne lui feront pas de cadeaux.
Retour à la normale !
Ce n'est pas à la vie du pays que le titre fait allusion, mais à ma propre vie d'expatrié qui vit dans un pays et travaille dans une organisation qui n'ont rien à voir avec ce qui se passe en Tunisie. Après, quatre jours d'inactivité entièrement consacrés à suivre le cours de ces événements et à venir consigner ici mes impressions, mes inquiétudes et mes interrogations, je n'avais d'autre choix que celui de retourner à mes obligations quotidiennes et me déconnecter de ce qui se passe au pays en dehors de quelques brefs instants volés, de temps en temps, pour aller aux nouvelles, de sorte que je n'ai pas pu suivre "en temps réel" tout ce qui s'est dit ou fait.
Monument
Un artiste zélé a proposé hier sur les antennes de la télévision d'ériger un monument à la mémoire de Mohamed Bouazizi pour l'immortaliser. Comme si au regretté Bouazizi, là où il est, il lui importait qu'on lui élevât une statue !
Sunday, January 16, 2011
Questions
Maintenant que l'ex-président est parti, tout reste à faire et personne ne sait comment cela va se faire ni qui exactement va en décider, dans quelles circonstances et selon quelles modalités les décisions en question vont être prises.
Président
Une chose remarquable dans les interventions de beaucoup de citoyens dans les reportages diffusés ces deux derniers jours par la télévision tunisienne ou encore lors de communications téléphoniques diffusées en direct est que chaque fois qu'ils expriment leurs avis, leurs souhaits et leurs attentes du nouveau régime, ils parlent presque tous du (futur) président. C'est qu'on nous a habitués à cette extraordinaire configuration dans laquelle tout l'appareil d'état se réduit à un personnage unique : celui du président. C'est lui qui gère tout, qui décide de tout, qui conçoit tout, tous les autres n'étant que de simples et fidèles exécutants. Le président veille sur nous. Il pense et planifie pour nous. Il nous donne ou nous retire. Il ne nous arrive pas le moindre bien sans qu'il en soit la source. En revanche, s'il nous arrive malheur, nous ne devons nous en prendre qu'à nous-mêmes. Le président, c'est une espèce de dieu sur terre. En tout cas, la ressemblance est effarante avec le Tout Puissant. Or, ce dont on a besoin aujourd'hui, c'est revenir à la notion d'état dans son acception civile moderne de tout un appareil où le président se contente de présider, où le gouvernement gouverne, le député légifère, le juge juge et l'administrateur administre. Il s'agit de redonner leurs sens à tous ces mots et aux structures auxquelles ils renvoient, que la formulation des politiques et leur mise en oeuvre ne soient plus l'affaire d'un seul homme pour qui tous les autres ne sont rien d'autre que les membres d'une gigantesque armée d'exécutants.
Saturday, January 15, 2011
Voeux impies
Ces voeux ne sont pas du tout pieux dans l'intention de leur auteur qui n'en est pas moins conscient que les actes humains, y compris les professions de foi, ne se déterminent pas par les intentions qui les animent, sans parler du fameux chemin pavé de bonnes intentions..
Si je parle simplement de voeux et ni de revendications ni même de demandes, c'est que, de par mon statut de simple ressortissant tunisien qui n'a pas apporté la moindre contribution à ce mouvement ni consenti le moindre sacrifice pour mériter ses acquis, je n'estime pas avoir d'autre droit que celui de formuler des voeux.
Petits mensonges et gros risques
Lors de sa première annonce, monsieur Ghannouchi nous a dit qu'il avait "assumé les charges du président de la république à titre provisoire, compte tenu de l'incapacité provisoire" de ce dernier à assurer ses fonctions et ce en vertu de l'article 56 de la constitution. Plus tard, en début de soirée, suite à certaines critiques formulées publiquement sur le caractère constitutionnel de la démarche en question, on nous annonçait à la télévision tunisienne que la décision en question était intervenue suite à une délégation du pouvoir en bonne et due forme de la part de monsieur Ben Ali. Ce matin, le président du conseil constitutionnel nous a lu un nouveau communiqué où il nous apprenait que le chef de l'état avait quitté le territoire définitivement sans avoir laissé aucune délégation formelle du pouvoir et que l'on revenait de ce fait aux dispositions prévues dans l'article 57...
Monsieur Ghannouchi qui a été pendant plus de dix ans premier ministre du régime de monsieur Ben Ali et qui vient d'être chargé par le président de la république par intérim de constituer le nouveau gouvernement, ce "technocrate aux mains propres" que tout le monde dit intègre, nous aura menti à deux reprises en moins de 24 heures.
C'est plutôt mal parti pour la transition en vue de la construction d'un nouveau régime citoyen, représentatif et, par-dessus tout, crédible. Or, la crédibilité, c'est ce qui a fait le plus défaut dans la vie politique tunisienne jusqu'à ce jour et c'est ce dont nous avons le plus besoin aujourd'hui, après la liberté, avant d'entreprendre quoi que ce soit. Sans l'une et l'autre, rien ne sera changé et le risque est grand de revenir de mensonge en mensonge vers la même situation ou vers un scénario similaire à celui qui a prévalu au cours des cinquante-cinq dernières années.
Tunisiens
Longtemps, j'ai formulé les critiques les plus sévères à l'encontre de mes compatriotes que je n'ai cessé de taxer de toutes les tares. Souvent, je ne me sentais pas fier de faire partie de ce peuple, même si je n'étais guère fier de moi-même non plus...
Aujourd'hui, aussi incertain que soit l'avenir de mon pays, à commencer par l'avenir immédiat, mais également au-delà, et aussi hypothétique que puisse être l'issue du mouvement, les tunisiens m'ont assené par leur soulèvement et le premier résultat concret obtenu un cinglant démenti, me dévoilant à quel point ma vision de petit bourgeois installé dans son confort matériel et intellectuel était pauvre et limitée. Ils m'ont par le même coup rendu la fierté de mon appartenance, même si je ne l'ai nullement mérité de là où je suis, lointain observateur plus ou moins intéressé, plus ou moins compatissant (c'est pourquoi je n'espère jamais recouvrer l'autre fierté, celle de mon être singulier).
Au-delà de la destitution du dictateur et quel que soit leur devenir, les tunisiens ont déjà obtenu deux acquis indéniables qui sont peut-être la garantie que le sang versé et les vies perdues ne l'ont pas été pour rien.
Le premier est qu'ils auront enfin découvert la formidable force qu'ils représentent. Jamais ils ne devront l'oublier s'ils espèrent rendre leur marque sur l'histoire définitive et avoir une part un tant soit peu conséquente dans le façonnage de leur propre histoire.
Mais, ils peuvent se vanter d'un autre acquis non moins important, voire encore plus important par sa portée. C'est que par leur expérience qui est une première absolue du genre dans le monde arabe moderne, ils offrent aujourd'hui un exemple unique à l'ensemble des peuples de la région qui pourrait, s'il ne le fait déjà, servir d'incitation à ces derniers pour faire de même comme il peut servir de puissant facteur de dissuasion pour les gouvernants de ces mêmes peuples.
C'est peut-être si peu au vu de ce que pourrait être l'avenir de mon pays et de mon peuple. Mais c'est déjà beaucoup, autant pour ce même avenir que pour celui de cet autre peuple bien plus nombreux auquel nous nous trouvons rattachés, qu'on le veuille ou non.
Friday, January 14, 2011
La suite ?
L'annonce de monsieur Ghannouchi soulève plus d'une interrogation.
D'abord, il parle d'"incapacité provisoire" du président de la république à assumer ses fonctions et déclare en conséquence assumer lui-même ces charges à titre provisoire. Qu'est-ce que cela signifie ?
Provisoire jusqu'à quand ? En attendant quoi ?
Monsieur Ben Ali dont on dit qu'il a déjà quitté le pays, a-t-il quitté le pouvoir ou non ?
Promesses et... cartouches
La première des promesses de Monsieur Ben Ali hier, c'était de faire cesser les tirs "de cartouches" et de déclarer la liberté de manifestation. Or, aujourd'hui, les manifestations n'ayant pas cessé, on n'a pas trouvé mieux que de continuer à les réprimer dans le sang. Cela veut dire de deux choses l'une : soit que ces promesses n'étaient rien d'autre que de nouveaux mensonges et qu'on n'a aucune raison de croire celles-là comme toutes autres mesures qu'on a annoncées depuis ou qu'on pourrait annoncer, soit qu'il y a désormais d'autres centres de pouvoir qui n'obéissent plus au chef de l'état, de sorte qu'il ne maîtrise plus le pays et ne dispose plus du pouvoir nécessaire pour mettre en œuvre ses propres décisions et politiques, s'il en a. Dans un cas comme dans l'autre, on ne peut s'en remettre à lui pour déterminer l'avenir immédiat du pays et pour mettre en oeuvre un quelconque programme de transition.
A propos d'un discours
C'est le deuxième du genre en l'espace de quelques jours, celui-ci intervenant presque un mois jour pour jour et un chiffre indéterminé, mais certes important, de morts, sans parler des mutilés et des blessés de toutes sortes, depuis le déclenchement des événements.
Qui a fait exactement quoi pendant ces quatre semaines ? On ne saurait le dire. Le tunisien ordinaire ne peut s'y hasarder sans risque d'erreur par excès ou par défaut. Mais, vous, monsieur le président, de par votre métier même de président et votre statut de tunisien numéro 1, omniscient et omnipotent ou supposé l'être, vous êtes censé le savoir. C'est votre métier de savoir et pas seulement, mais également de faire et de défaire.
Qui ? Pourquoi ?
Qui ?
Le titre l'indique bien. Un tunisien sans histoire(s), tout ce qu'il y a de plus anonyme, tout ce qu'il y a de plus ordinaire. J'en dirai davantage au fil des jours, si le temps et la force m'en sont donnés ou laissés. Pour l'instant, il importe et suffit de dire que je ne représente personne d'autre que moi-même. Aucune obédience ni appartenance à part celle de l'histoire et de la géographie personnelle qui ne vous demandent pas votre avis et qui font que vous venez à la vie en un lieu et un moment donnés, de sorte que vous vous trouvez pris dans un écheveau de liens qui vous sont donnés et pour lesquels vous n'avez d'autre choix à part celui de les assumer tels quels.
Pourquoi ?
C'est cette même appartenance donnée et non choisie, fruit d'un pur hasard de la nature, qui fournit la réponse à cette question.
Pourquoi maintenant, alors ?
Regardez la date et vous comprendrez. Le reste viendra plus tard. Il se trouve seulement qu'il y avait urgence, du fait même de la combinaison des deux faits singuliers qui forment la réponse aux deux questions précédentes et de quelques autres que j'essaierai d'expliciter... On verra !
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