Ce n'est pas à la vie du pays que le titre fait allusion, mais à ma propre vie d'expatrié qui vit dans un pays et travaille dans une organisation qui n'ont rien à voir avec ce qui se passe en Tunisie. Après, quatre jours d'inactivité entièrement consacrés à suivre le cours de ces événements et à venir consigner ici mes impressions, mes inquiétudes et mes interrogations, je n'avais d'autre choix que celui de retourner à mes obligations quotidiennes et me déconnecter de ce qui se passe au pays en dehors de quelques brefs instants volés, de temps en temps, pour aller aux nouvelles, de sorte que je n'ai pas pu suivre "en temps réel" tout ce qui s'est dit ou fait.
Par conséquent, les commentaires que je consigne en ces lignes ne se basent que sur une information partielle et pas toujours dûment vérifiée et sont à prendre avec la plus grande réserve. Qu'on ne vienne pas m'accuser d'allégations infondées ou de diffamation, même si je crains que chez ces gens-là, on n'accuse pas monsieur, on n'accuse pas. On tue.
Par conséquent, les commentaires que je consigne en ces lignes ne se basent que sur une information partielle et pas toujours dûment vérifiée et sont à prendre avec la plus grande réserve. Qu'on ne vienne pas m'accuser d'allégations infondées ou de diffamation, même si je crains que chez ces gens-là, on n'accuse pas monsieur, on n'accuse pas. On tue.
Le fait du jour, c'est l'annonce de la constitution du gouvernement "d'union nationale" et des tâches dont il est chargé. Cette annonce ne fait malheureusement que confirmer mes appréhensions initiales déjà exprimées ici car, si l'on a récupéré quelques figures de l'opposition légalisée du temps de monsieur Ben Ali sans pour autant s'être à proprement parler compromise avec lui, tout en prenant soin d'ignorer son opposition fantoche, on n'a pas manqué de garder à l'équipe sortante avec ses solides attaches avec monsieur Ben Ali et son parti-coussin-caisson la part du lion, lui réservant de surcroît les morceaux de choix. Après tant d'"analyses" prospectives et de commentaires bien pensants sur un gouvernement de transition d'où l'on aurait écarté les hommes du parti unique pour ne garder que les technocrates "neutres", à l'image de monsieur Ghannouchi, en leur adjoignant un aréopage de figures de la scène politique et de la vie civile et associative qui n'ont aucune allégeance à l'ancien régime et à son chef, nous voilà en présence d'un gouvernement où tous les ministères de tutelle sans exception, à part peut-être celui de la justice, reviennent à des hommes de la vieille garde et, parfois, pas des moindres, les noms et les états de chacun étant connus de tous les tunisiens un tant soit peu attentifs à la vie publique du pays, et dont certains ont certes pu un temps être carrément écartés ou simplement mis sous l'éteignoir, au gré de tel ou tel épisode des intrigues de sérail, mais ils n'en ont pas moins eu leurs moments de gloire où ils furent ses figures de proue et ses hommes forts redoutés et promis à un avenir encore plus glorieux.
Quant aux mesures immédiates et aux tâches futures, outre la relaxe de prisonniers politiques (lesquels, quels nombres, quels noms...?) et la légalisation immédiate "de tous les partis", c'est tout de suite le flou artistique et/ou le virtuel. Des élections dans un délai de six mois, mais on ne sait pas selon quelles modalités et avec quels préalables sinon que ces élections seront supervisées par une commission électorale indépendante et qu'une commission dont on connaît le nom du président mais dont on ne sait pas plus est chargée d'examiner "les réformes politiques" à entreprendre ... Ah ! Il paraît qu'on va aussi étudier la promulgation d'une amnistie générale de même qu'on va enquêter sur les "excès" qui ont causé des morts d'hommes (joli euphémisme !) et sur les faits de corruption. Si les pauvres bougres qui y ont laissé leurs vies (78 âmes selon les derniers chiffres tout ce qu'il y a de plus officiel, cette fois-ci) ne l'ont fait que pour offrir un portefeuille de ministre ou de secrétaire d'état à une poignée d'hommes et de femmes, "militants historiques", ils auraient pu, tant qu'à faire, rester parmi nous quelques années encore. Si on ne sait pas combien d'années au juste leurs auraient été concédées, on peut, néanmoins, raisonnablement parier que leur sursis de vie aurait duré plus longtemps que le ministère de ces messieurs-dames.
Dieu seul sait ce que pensent les tunisiens "là-bas" de tout cela et comment ils vont le prendre. Je suis trop isolé et trop coupé de la réalité instantanée du pays pour en préjuger, d'autant plus que ces diables de tunisiens nous ont récemment appris qu'il faut se méfier des jugements hâtifs et des pronostics doctes. Je ne peux qu'avoir quelques doutes qu'ils s'en trouvent entièrement satisfaits. Je ne suis d'ailleurs pas le seul à les avoir, puisque le premier ministre a estimé plus sage de différer l'annonce de la composition de son équipe aux dernières heures de la journée juste avant le début du couvre-feu après avoir eu l'imprudence de l'annoncer pour la matinée sur les écrans de la télévision. Une simple erreur de jeunesse, probablement, de la part d'un homme qui n'a pas l'habitude de s'occuper de politique !
Ce qu'il importe autant de savoir, c'est comment le "nouveau" gouvernement va réagir si le peuple tunisien ne se contente pas de ce qu'on vient de lui offrir et qu'il décide d'aller le manifester dans la rue demain. Cela nous aidera, au moins, à affiner notre jugement sur la nature de ce gouvernement et de ses intentions démocratiques (il semblerait que certains citoyens pressés aient déjà anticipé l'annonce de cet après-midi et manifesté leur réprobation dès ce matin dans la capitale et quelques autres villes et qu'ils auaient été affrontés avec des bombes lacrymogènes).
Autre moment intéressant de la journée, une interview que le premier ministre a donné à France 24 où il aurait, notamment, expliqué qu'il ne s'occupait que du volet économique (qu'est-ce que je disais), mais qu'il n'était pas au courant du phénomène d'enrichissement rapide de certains membres de son entourage. J'ai utilisé le conditionnel, mais j'ai peine à accorder du crédit à ce genre de ragots. Un premier ministre qui ne s'occupe que d'économie et qui n'est tout de même pas au courant des processus de formation des richesses dans le pays, c'est quand même trop gros pour être vrai ! Mais, il paraît qu'il a également confié avoir appelé monsieur Ben Ali dans son exil (provisoire ?) saoudien. Ah ! Pourquoi faire ? A quel titre ? Dommage que je n'aie pas eu la chance de suivre cette interview en direct, si elle a jamais eu lieu !
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