Elections
Que des élections aient lieu, c'est, certes, une bonne chose en soi. Encore faut-il voir leurs modalités, leur contenu et leur but. Monsieur Ben Ali a organisé plusieurs élections pendant son règne et l'on sait quelle valeur et, surtout, quelle fonction elles avaient. Que de telles élections soient de vraies élections libres et plurielles, c'est déjà mieux, bien mieux même. Mais, attention ! Cela ne suffit guère pour que ces élections constituent à la fois un mécanisme de participation populaire réelle au choix des orientations politiques, économiques et sociales d'avenir et un moyen de contrôle et de sanction. Bien des conditions doivent être réunies pour que les élections jouent un tel rôle dans la vie d'un pays. Elles ont trait tant à la condition des électeurs (d'abord leur condition économique : dans quelle mesure ils sont à l'abri du besoin et, par là, inaccessibles à la corruption et au chantage, ensuite leur condition intellectuelle : quel niveau d'instruction ils ont, quelle culture politique, quelle conscience des enjeux et des implications du processus électoral pour la collectivité ?) qu'à celle des élus (dans quelle mesure ils représentent un véritable courant de pensée porteur d'un programme et d'une vision du monde cohérente qui corresponde aux intérêts et aux attentes d'une tranche plus ou moins importante de la population concernée ?). Bien entendu, la configuration parfaite qui verrait toutes les conditions requises réunies reste un idéal vers lequel on ne peut que tendre pour s'en rapprocher plus ou moins sans jamais l'atteindre. Il n'en serait pas moins utile ou, du moins, indicatif de se poser la question pour savoir la signifiance de la prochaine échéance électorale qui pointe dans moins d'un mois. Où en sommes-nous de cette configuration idéale ? Combien d'élections nous en séparent ? Avons-nous des chances un tant soit peu raisonnables de nous trouver à une distance acceptable de cet idéal dans un avenir prévisible ?