Avec les pesanteurs et les atermoiements du gouvernement provisoire d'une part, les velléités revendicatives de tous bords et la situation quasi-marasmique de l'économie d'une autre, sans parler de l'insécurité rampante et de la situation particulièrement précaire à la frontière tuniso-lybienne, la situation n'était guère brillante, quelques mois après le renversement de monsieur Ben Ali. Or, voilà que vient s'ajouter à ce tableau déjà peu reluisant une donnée toute nouvelle, celle de la présumée infiltration dans nos territoires d'éléments armés dont les mouvements, l'équipement et le comportement tels que rapportés par les médias et les milieux autorisés ne présagent rien de bon sur leurs intentions. Encore plus que les individus ou groupes d'individus interceptés dans les régions du sud et du centre, le tout récent accrochage spectaculaire dans une ville du nord-ouest du pays donne une tout autre dimension à ce nouveau phénomène tout à fait inédit en Tunisie et dont on croyait jusqu'à maintenant que cela n'arrivait qu'aux autres (en Algérie sûrement ; peut-être aussi en Mauritanie, même si dans une moindre mesure ; à la rigueur au Maroc, mais sûrement pas en Tunisie). Ce même caractère inédit autant que l'ampleur éventuelle du phénomène et sa portée en font déjà un motif de préoccupation suffisamment sérieux. La perspective d'une implantation plus ou moins durable d'activistes armés et violents dans le pays avec le climat de terreur effectif ou ressenti qu'elle peut induire n'est nullement rassurante pour une population qui, paradoxalement, serait encore plus aux abois qu'elle ne l'était avant le 14 janvier. Pis encore, elle risque d'être fatale à une économie déjà mal en point en achevant de dissuader, peut-être pour longtemps, les flux de touristes dont cette économie est devenue lourdement dépendante suite aux choix désastreux de quarante ans d'une politique aussi effrénée qu'irraisonnée, mais également ceux des capitaux étrangers dont on a tant besoin pour relancer l'emploi en attendant (et surtout en espérant) une profonde restructuration de notre économie et une révision radicale de nos choix de société.
Précision
Ce que que vous lisez ici, ce sont mes impressions, parfois à chaud, basées sur ma connaissance de l'histoire du pays, de sa situation présente et sur ma culture générale, toutes étant forcément limitées et, en tout cas, relatives. Ces réflexions n'engagent que ma personne, ne représentent aucun parti ou groupe organisé et ne se rapportent à aucun projet politique établi. Ce sont les simples réflexions d'un citoyen intéressé au devenir de son pays et concerné par le sort de son peuple qui voudrait apporter quelque chose à l'un et à l'autre, mais qui n'a rien d'autre à offrir à part ces cogitations.