Précision

Ce que que vous lisez ici, ce sont mes impressions, parfois à chaud, basées sur ma connaissance de l'histoire du pays, de sa situation présente et sur ma culture générale, toutes étant forcément limitées et, en tout cas, relatives. Ces réflexions n'engagent que ma personne, ne représentent aucun parti ou groupe organisé et ne se rapportent à aucun projet politique établi. Ce sont les simples réflexions d'un citoyen intéressé au devenir de son pays et concerné par le sort de son peuple qui voudrait apporter quelque chose à l'un et à l'autre, mais qui n'a rien d'autre à offrir à part ces cogitations.

Thursday, July 7, 2011

Demain je rentre

Ce n'est pas à proprement parler l'antithèse du mouvement illustré par le film tunisien sur l'émigration clandestine dans la mesure où il ne s'agit ni d'un retour illégal ni de faire tout ce qui est humainement possible pour que ce retour soit définitif. Il ne s'agit ici que d'un retour au pays tout à fait provisoire et nullement clandestin (il est même annoncé en grandes pompes), le premier depuis novembre 2010. C'est l'heure des "vacances" au sens que donne tout bon tunisien à ce terme car, c'est connu, le tunisien ne prend un congé que pour travailler. Il ne travaille jamais mieux que lorsqu'il est en congé parce que, là, ce n'est pas pour l'état, la compagnie ou le patron qu'il travaille, mais pour son propre compte. Ainsi prend on congé, qui pour réaliser une avance décisive dans le chantier de construction de la maison de ses rêves, qui pour bien préparer un mariage, qui pour aller cueillir les olives, les amendes ou les dattes du lopin de terre légué par les ancêtres...
Pour le fonctionnaire international expatrié que je suis, aucun de ces projets n'est d'actualité (le mariage est consommé depuis belle lurette même si jamais bien digéré, les ancêtres dans leur extrême sagesse m'ont épargné toute corvée agraire ; quant à la maison, c'est ma propre sagesse qui m'a inspiré de ne pas la construire moi-même brique par brique). Inévitables, cependant, le tour de la famille et des connaissances, les visites de complaisance, les félicitations aux nouveaux mariés, aux nouveaux parents et aux nouveaux bacheliers, les dîners à n'en plus finir. Bref, rien de quoi écrire un poème. Mais, c'est le premier séjour en Tunisie sans Ben Ali, d'où cet écheveau de sentiments contradictoires où la curiosité se mêle à l'espoir (très infime, je dois dire), à l'appréhension, à l'impatience. Jusqu'ici, j'ai suivi la récente évolution de mon pays et des miens à travers les media, la blogosphère et quelques bribes d'échos rapportés par les quelques compatriotes de l'intérieur ou expatriés comme moi avec qui j'ai pu en parler. Un ami de retour d'un récent voyage à qui je demandais ses impressions m'a répondu : "Tu sais, on sent que ça a changé." et lorsque je lui ai demandé : "En bien ou en mal ?", il a répliqué : "Les deux."
Faut-il s'attendre à tout ? Je le suppose. Un nouveau souffle de liberté ? C'est sûr. Quelques signes de désordre ? C'est probable. Un peu plus d'insécurité que d'habitude ? J'espère bien que non. Les prémices fussent-elles des plus timides, d'une mentalité nouvelle qui promette un tant soit peu un dépassement possible des tares du passé ? Je l'espère de tout cœur. Un comité d'accueil de la police politique qui me demanderait des comptes sur tout ce que j'ai pu écrire dans ces colonnes au cours des cinq mois passés ? Je ne le pense pas car je ne suis qu'un autre illustre inconnu et personne ou presque ne lit ces élucubrations, à part quelques dizaines de mes semblables, probablement toujours les mêmes. Qui cela peut-il intéresser et, encore moins, effaroucher ? Non, impossible. Mais, au fait, il n'y a plus de police politique. Monsieur Rajhi l'a bien dissoute avant de partir et, malgré toutes les horreurs qu'il a pu raconter par la suite, il n'a quand même pas été jusqu'à affirmer qu'il ne s'agissait là que d'un bobard. Alors ?!