Précision

Ce que que vous lisez ici, ce sont mes impressions, parfois à chaud, basées sur ma connaissance de l'histoire du pays, de sa situation présente et sur ma culture générale, toutes étant forcément limitées et, en tout cas, relatives. Ces réflexions n'engagent que ma personne, ne représentent aucun parti ou groupe organisé et ne se rapportent à aucun projet politique établi. Ce sont les simples réflexions d'un citoyen intéressé au devenir de son pays et concerné par le sort de son peuple qui voudrait apporter quelque chose à l'un et à l'autre, mais qui n'a rien d'autre à offrir à part ces cogitations.

Sunday, February 27, 2011

Et maintenant ?

Autant j'étais conscient des défauts majeurs du gouvernement de monsieur Ghannouchi et convaincu de l'inadéquation de sa composition et de sa démarche avec les exigences du moment, autant je redoutais le scénario qui verrait ce gouvernement tomber sans qu'une alternative à la fois crédible et fiable n'ait été préparée. J'avouerai même que j'ai tant souhaité que ce gouvernement sache faire ce qu'il fallait pour éviter son propre naufrage et, éventuellement, celui du pays. Malheureusement, l'histoire ne se fait pas avec des "si" et, aujourd'hui, on en est bien là. Inutile de revenir sur les différents dangers qui nous guettent entre l'option militaire qui serait des plus néfastes, quoi qu'en puissent penser les naïfs et entre les forces occultes et moins occultes qui ont tout intérêt à nous ramener vers la situation d'avant le 14 janvier et il ne ferait aucune différence que cela se fasse avec et/ou sous d'autres noms.

Légitimité

C'est ce qui manque terriblement au gouvernement de monsieur Ghannouchi et ce manque le met dans une situation d'extrême vulnérabilité face à la vindicte populaire montante. Vues les circonstances, à défaut d'être sanctionnée par la volonté populaire exprimée par le biais des urnes, cette légitimité ne pouvait provenir que de deux sources possibles : l'histoire ou le présent. 

Saturday, February 26, 2011

Salaires

Décidément, je ne connais pas mon pays. Pas du tout ! Fonctionnaire international payé selon les normes internationales (mais aussi vivant en Europe avec son coût de la vie différent de celui de la Tunisie), je croyais qu'un devoir de décence m'obligeait à être le plus discret possible sur le niveau de mes revenus, la différence que je croyais suffisamment sensible pouvant choquer le commun des compatriotes qui travaillent et vivent en Tunisie.

Parenthèse musicale

Il n'y a rien à dire. Rien à voir non plus, mais plutôt et seulement à écouter.



La pièce postée ici a été écrite, composée et interprétée à la place Tahrir. Le parolier est Tamim Barghouthi. Le chanteur-compositeur, Mustafa Saïd, est un ami personnel.


يا مصر هانت
كلمات : تميم البرغوثي
لحن و عزف و غناء : مصطفى سعيد


يا مَصْرِ هانِتْ و بانِتْ كُلَّها كامْ يُوم
نَهارْنا نادِي و نَهارِ النَّدْلِ مُش بَايِن
الدَّولَه ما فْضِلْشِ فيها غِيرْ شِوَيِّةْ شُوم
لَوْ مِش مِصَدَّقْ تَعالى عَـ المِيدان عَايِن
يا ناس مافِيش حاكِم إلاَّ مِنْ خَيالْ مَحكُوم
وِاللِّي حـَ يُقعُدْ في بِيتُه بَعْدَها خايِن
اللي حـَ يُقعُد كَأَنُّه سَلِّمِ التّانْيِين
لِلأَمنِ بِأديه وِ قالْ لُه هُمَّه ساكْنِين فِين
وِصْلِتْ لِضَرْب الرُّصاصْ عـَ الخَلْقِ فـِ المَيادين
حَتَّى الجُثَثْ حَجَزوها اِكْمِنُّهُم خايفِين
يا مَصرِ أَصبحْنا أَحْيا و مَيِّتِين مَساجِين
فَاللِّي حـَ يُقعُد في بِيتُه يِبقى مُش مَفهُوم
وِاللِّي حـَ يِنزِل إلهَي حارِسُه صايِن

Friday, February 25, 2011

Questions constitutionnelles

Le débat qui fait rage aujourd'hui tout en semblant être déjà tranché dans la tête de beaucoup de citoyens et de décideurs tunisiens tourne autour de la nouvelle constitution, comment y parvenir, puis, quel contenu lui donner pour quel régime. Assemblée constituante, conférence nationale, référendum...? Régime parlementaire ou présidentiel ?
Je ne suis pas juriste et je ne peux donc pas m'aventurer dans des analyses théoriques et/ou techniques pointues. Il est néanmoins des considérations qui ne nécessitent pas des connaissances de spécialistes pour en avoir conscience et les énoncer.

La télévision (nationale) encore et toujours

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Où sont donc passés ces quelques figures et voix qu'on a vues et entendues pour un bref moment après le 14 avant qu'ils ne disparaissent aussi soudainement qu'elles étaient apparues ? Pourtant, le travail et le message avaient l'air assez convaincants et, en tout cas, corrects.

Thursday, February 24, 2011

Bilan provisoire

Quarante jours sont passés depuis le départ de Ben Ali, le seul évènement politiquement significatif de cette période dite "révolutionnaire". Depuis, on n'a certes pas manqué d'épisodes variés, parfois hauts en couleur. Toujours est-il que tout ce qu'on peut en retenir n'est rien qu'une accumulation de tromperies et de désillusions à tous les niveaux.

Sunday, February 20, 2011

SOS ! Cherche désespérément ministre.

Cela fait une semaine que le ministre des affaires étrangères dont la brièveté du mandat n'a eu d'égal que sa maladresse a présenté sa démission, une semaine pendant laquelle il fallait recevoir deux chefs de diplomaties étrangères (la commissaire européenne et le ministre italien) et traiter deux incidents diplomatiques (les déclarations dépourvues du moindre tact du ministre italien de l'intérieur et le vilain esclandre dont le nouvel ambassadeur de France a été le triste héros),  sans que le gouvernement ne lui trouve un remplaçant. Serait-on en panne de diplomates de haut niveau ou même de personnalités d'envergure capables d'assumer de telles responsabilités ou bien pense-t-on tout simplement qu'il n'y a pas urgence ?

Encore une !

Simple rumeur ou information ? On ne sait trop ! Toujours est-il qu'il semblerait que l'ex-chef de l'état soit mort et des négociations secrètes seraient en cours avec le gouvernement de transition (quelle serait l'autre ou les autres parties à ces négociations : des membres de la famille du présumé défunt qui sont soit en fuite et recherchés soit en prison ou bien le gouvernement qui l'a accueilli dans sa fuite ou quelqu'un d'autre ?) en vue de permettre son inhumation au pays.

"Télédon" ! Et quoi encore ?

Ils n'ont décidément rien compris ceux qui veulent remettre à l'ordre du jour la charité organisée en fanfare ! Ils n'ont pas compris ces suppliques répétées à tue tête par les plus démunis du pays : "S'il vous plaît, venez mais ne nous apportez rien ! Nous sommes pauvres, certes, mais nous ne voulons pas de votre pitié et de votre charité. Nous avons peut-être faim, mais c'est notre dignité qui compte le plus pour nous. Nos demandes primordiales sont d'ordre politique. Cessez d'exhiber notre misère !". Ils n'ont pas compris que, bien intentionnées ou mal intentionnées, réelles ou feintes, ces collectes de bienfaisance, personne n'en veut et elles ne sont utiles à personne d'autre à part ceux qui les organisent, qu'elles servent à leur remplir les poches ou à tranquilliser leurs mauvaises consciences.

Question de langue(s)

Un dialogue récent avec une personne chère qui se reconnaitra a ravivé une question qui n'a jamais été absente depuis la genèse de ce blog, à savoir : dans quelle langue écrire ? La réponse est beaucoup moins évidente qu'il n'y paraitrait. Vous me direz, qu'apparemment la réponse ne semble faire aucun doute à mes yeux, puisque j'ai déjà choisi ma langue d'écriture et que je ne me suis jamais écarté de ce choix jusqu'à ce jour ni même senti le besoin d'évoquer la question ou de donner des raisons pour ce choix. En fait, il n'en est rien. Le fait que j'aie "choisi" d'écrire en français ne signifie ni que c'est là le seul choix possible ni, encore moins, le mieux indiqué.

Saturday, February 19, 2011

Butin

Les images montrées à la télévision tunisienne de ces coffres muraux bourrés de liasses de billets de banque de toutes sortes de devises y compris celle nationale et de bijoux sont certes impressionnantes pour l'homme de la rue en général et ceux qui ne trouvent pas à manger en particulier... Mais il ne faut surtout pas qu'elles nous éblouissent au point de nous faire perdre de vue l'essentiel qui consiste en quelques enseignements qu'il faut aller chercher un peu plus loin, au delà de la valeur nominale de ce butin quelle qu'elle soit.

Wednesday, February 16, 2011

Télévision, ma chère télévision !

Je parle de la chaîne nationale (wataniya), cela s'entend, qui est censée être la propriété du peuple et sa voix parce que c'est lui qui la finance, rien qu'en réglant sa facture d'électricité tous les deux mois ; celles privées qui sont la propriété de tel homme d'affaires affairiste ou tel autre affaireux ne m'intéressent pas.

Monday, February 14, 2011

La démocratie, ce mal aimé de tous ou presque

Comme son nom ne l'indique pas, la démocratie n'est pas "le gouvernement du peuple" et elle ne l'a jamais été. Il suffit de consulter un manuel sérieux d'histoire pour voir que la fameuse démocratie athénienne excluait de cet exercice "populaire" du pouvoir les femmes (toutes les femmes), les esclaves et les métèques (étrangers), le limitant ainsi aux seuls "citoyens", sachant que ne pouvait accéder à la citoyenneté que celui qui était né d'un père athénien et, à partir de 451 avant J.-C. suite à un amendement introduit par le fameux Périclès, seulement celui qui est né d'un père et d'une mère tous les deux citoyens athéniens (le même Périclès s'arrangera plus tard pour modifier la loi à nouveau afin d'accorder la citoyenneté à son fils né d'une mère métèque !).

Friday, February 11, 2011

Courage ! Parlez aux gens !

Entre ceux qui travaillent mais ont des problèmes de toutes sortes de précarité de l'emploi et de rémunération jugée insuffisante et ceux qui n'ont pas de travail du tout et qui veulent du travail, de préférence dans la fonction publique avec toutes les garanties nécessaires... On entend des cris de partout aujourd'hui. Vous me direz que c'est compréhensible. Bien entendu ! C'est légitime ? Certes ! Mais quelles capacités d'absorption la fonction publique a-t-elle ? De quels moyens de paiement l'état dispose-t-il ? Il ne faut pas être grand sorcier ni même économiste pour imaginer que les unes et les autres sont limités. D'autant plus limités que ceux qui revendiquent d'un côté comme de l'autre se comptent par centaines de milliers.

Parenthèse égyptienne... et peut-être pas seulement égyptienne

Je dédie cette chronique à un ami égyptien qui est un lecteur assidû de ce blog.

La nouvelle du jour, c'est celle qui vient de tomber il y a quelques instants de la chute de Moubarak. Bien sûr, il ne s'agit pas de verser des larmes sur cet autre dinosaure pourri. Il ne s'agit pas de jubiler non plus car, on l'a toujours su et on l'a encore vérifié récemment à travers l'exemple tunisien, le chef de l'état n'est que l'arbre qui cache la forêt. Lui parti, rien ou presque n'est encore fait pour nous permettre de préjuger de ce que sera l'Egypte (et la Tunisie) de demain et tout reste à faire pour essayer de contribuer à façonner ce lendemain si incertain. Ceci dit, ce n'est pas pour énoncer ce genre de lapalissades que j'ouvre cette parenthèse dans un blog réservé à l'expérience tunisienne (même si elle n'y est pas nécessairement étrangère) ni pour écrire sur le papier (virtuel) ce qui ne peut s'écrire que sur le terrain.

Thursday, February 10, 2011

Ce n'est pas une chronique

Parti de moins que rien (handicapé visuel issu d'une famille démunie économiquement, socialement et intellectuellement), ce que je suis aujourd'hui, c'est-à-dire un être humain à qui il est donné de vivre dignement lui-même et les siens sans être dépendant de personne pour cela, outillé pour gérer sa vie convenablement, comprendre un tant soit peu ce qui se passe autour de lui et se défendre en cas de besoin, est un pur produit de l'enseignement. Depuis, je crois dur comme fer que l'instruction est la chose la plus précieuse qu'on puisse avoir la chance de posséder ou la malédiction d'en être privé et c'est le message que je n'ai cessé de marteler à mes fils et de répandre autour de moi.

Wednesday, February 9, 2011

Inexplicable

Selon un responsable syndical, le gouvernement de transition "continue de commettre des erreurs graves" (sur ce point, il a raison) et la dernière en date serait l'initiative prise par le ministre de l'éducation qui consistait à recevoir les représentants des élèves de tout le pays et d'écouter leurs doléances (c'est ce que ces quelques lignes se proposent de discuter).

Tuesday, February 8, 2011

Plagions ! Plagions !


Taisez monsieur ce verbe* que je ne puis souffrir
Cachez donc ce monsieur que je ne saurais voir
*
***
Un mauvais que tu as vaut mieux que le pire que tu n'as pas encore
..........................................................Proverbe stratégique tuniso-français
Pour les tunisiens qui se perdraient dans la traduction : شد مشومك لا يجيك ما أشوم
*
***
Monsieur Ghannouchi, réveillez-vous, ils sont devenus fous !
Au moins, ne les laissez plus prendre la parole tout seuls !

* : Lien reconstitué après l'avoir temporairement perdu. Par précaution, je garde la vidéo sur mon pc pour le cas où elle disparaitrait à nouveau. Il s'agit de l'émission Hiwar diffusée sur Nessma TV le 6 février 2011. 

La diplomatie stupide

Un certain ministre des affaires étranges...etc...etc...
Paix à ton âme, vieux Jacques, pardonne ce plagiat !

Monday, February 7, 2011

Candide

Après avoir entendu tant d'éloges pour la sortie du ministre de l'intérieur sur Hannibal TV, y compris de la part de mon propre fils, j'étais curieux d'écouter ce qu'il a pu dire de si extraordinaire pour mériter des satisfécits de toutes parts, un commentateur enthousiaste n'hésitant pas à le qualifier de "nouvelle vedette du petit écran" ! J'ai donc retrouvé la vidéo* de cette fameuse émission et je dois dire qu'elle valait d'être vue et écoutée. Non pas tellement pour la qualité des positions et opinions exprimées. Bien au contraire, certaines de ces dernières et non des moindres m'ont laissé pantois. Sauf le respect qu'on doit à un ministre en exercice, je dirai même qu'elles témoignent d'une étroitesse de vue, d'une superficialité, voire même parfois d'un racisme primaire, en un mot, d'une vision du monde bien en deçà de celle de n'importe quel individu issu de ces masses pour lesquelles l'honorable ministre ne cache nullement son mépris.

Sunday, February 6, 2011

Il y a le feu !

Contrairement à la locution bien connue, et le plus grave, c'est que c'est littéralement le cas "au sens propre" comme on a malheureusement pu le constater au cours des deux à trois derniers jours à Sidi Bouzid, à Gafsa, à Kebili et au Kef (j'espère seulement que cette sinistre série noire va s'arrêter là). En d'autres termes, il est des choses qui doivent être entreprises dès aujourd'hui et que l'on aurait tort de remettre au lendemain.

Ce n'est pas trop tôt !

Le gouvernement semble avoir enfin compris qui vient par la voix de son ministre de l'intérieur de proclamer le "gel" du parti de l'ancien régime "en attendant la soumission d'une demande de dissolution aux autorités". Je présume que cette formule est imposée par le souci de rester dans la légalité. Mais, le message n'en est pas moins clair. On aura donc enfin compris le degré de nuisance que pouvait impliquer la persistance de cette organisation d'un autre âge. Il aura fallu pour y arriver davantage de morts et de blessés et beaucoup de dégâts, de tensions et d'émotions qu'on aurait pu éviter. N'empêche, mieux vaut tard que jamais. J'espère seulement qu'on va, dans la foulée, procéder à la purge dont je parlais tantôt, qu'on en finisse avec les soubresauts et les émotions fortes à grande échelle et qu'on puisse attaquer les dossiers en attente pour de bon et permettre aux gens de retourner à la vie normale même en restant sur le qui vive.

Indésirables

Il y a quelques jours, le gouvernement de transition remplaçait l'ensemble des gouverneurs. Citoyen expatrié passablement informé, j'y vis une heureuse décision et un premier pas vers le renouvèlement des structures intermédiaires de gouvernement ou, du moins, l'éviction des représentants de l'ancien régime au sein de ces structures. Or, depuis deux jours, des incidents graves nous sont rapportés de différentes régions du pays qui incluent à chaque fois des protestations violentes de la part des masses qui attaquent des bâtiments publics, les saccagent et y mettent le feu. Les forces de l'ordre ripostent pour leur part de manière non moins violente et il s'en est souvent suivi morts d'hommes et blessures graves. La plupart de ces incidents semblent motivés par le mécontentement de la population suite à la nomination de tel ou tel gouverneur.

Thursday, February 3, 2011

Paradoxes

Maintenant que le gouvernement de transition est bien en place et qu'il s'est enfin mis au travail, il importe de s'interroger justement sur la nature de ce travail et, surtout, de lever certains malentendus. Ce qui pourrait, voire même devrait, être évident ne l'est pas nécessairement, y compris pour le gouvernement même, mais, en tout cas, certainement pas pour le bon peuple.