Un artiste zélé a proposé hier sur les antennes de la télévision d'ériger un monument à la mémoire de Mohamed Bouazizi pour l'immortaliser. Comme si au regretté Bouazizi, là où il est, il lui importait qu'on lui élevât une statue !
Il aurait été encore parmi nous, il n'en croirait lui-même pas ses yeux à voir l'effet induit par son geste qui ne pouvait être dans sa tête nullement "prémédité" ni encore moins mûrement réfléchi et savamment planifié pour déclencher une révolution, mais bien un geste de désespoir d'un être humain poussé dans ses derniers retranchements de frustration et touché au plus profond de sa dignité.
Il aurait été encore parmi nous, il n'en croirait lui-même pas ses yeux à voir l'effet induit par son geste qui ne pouvait être dans sa tête nullement "prémédité" ni encore moins mûrement réfléchi et savamment planifié pour déclencher une révolution, mais bien un geste de désespoir d'un être humain poussé dans ses derniers retranchements de frustration et touché au plus profond de sa dignité.
Le peuple qui a été ébranlé par son geste et mû pour se soulever comme un seul homme lui sera sûrement longtemps reconnaissant pour lui avoir offert cette inspiration et ne risque certes pas de l'oublier. Lui faire une statue reviendrait à le tuer une deuxième fois, cette fois-ci pour de bon en pétrifiant à jamais le symbole qu'il représente désormais pour les gens en Tunisie et bien au-delà. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le message de Bouazizi doit être entendu comme un message de vie et non de mort. D'ailleurs, s'il fallait ériger des monuments, il faudrait en prévoir un pour chacun des martyrs de ce soulèvement dont on ne sait pas et ne saura peut-être jamais le nombre. Alors, épargnez leur et nous cet affreux contresens ! Déjà, rien qu'à penser qu'on pourra faire du 14 janvier une fête nationale qu'on décrètera jour férié et qu'on célèbrera un jour dans les salons officiels à coup de réceptions à grandes pompes et de libations, j'ai la chair de poule d'horreur et j'imagine d'ici-bas ces morts se retournant dans leurs tombes.
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