M. Ghannouchi et ses partenaires ont fini par comprendre. Ils auront mis bien du temps, un temps fort précieux, mais mieux vaut tard que jamais. La refonte du gouvernement de transition est une deuxième victoire pour le peuple tunisien non moins importante que la première qui a consisté à chasser Ben Ali, dont il importe de tirer les leçons.
La première de ces leçons concerne les "vainqueurs" du jour, ces hommes et femmes qui ont poursuivi les manifestations et ceux qui ont marché sur la capitale du fond de leurs villages et bourgs du sud et du centre du pays. Ils ont aujourd'hui une nouvelle preuve, s'il en était besoin, de l'étendue de leur force. Enseignement salutaire à retenir non tellement pour s'en glorifier (ce serait légitime, mais sans grande utilité) ou encore pour s'en servir comme solution de facilité et en user et en abuser pour des revendications futiles ou tout simplement inopportunes, mais pour ne pas hésiter à brandir cette arme redoutable lorsque le jeu en vaut la chandelle et qu'il y va de leur présent et/ou, surtout, de leur avenir. Cette force est, par-dessus tout une garantie, la seule qui compte véritablement, contre les dérives et les retournements. Car il faut bien se le dire, on ne sera jamais à l'abri de ce genre de tentations qui peuvent se faire jour à tout moment et peuvent provenir de toute part. L'expérience le montre, on peut s'offrir toutes les garanties qu'on veut, multiplier les garde-fous à volonté. Rien n'y fera. Les constitutions et les lois se modifient quand elles ne sont pas tout bonnement ignorées et foulées aux pieds ; les institutions se dévoient ou se dissolvent ; les hommes se corrompent... Seule la force des masses peut résister lorsque tout s'écroule et tous cèdent, pour peu qu'elle ose s'exprimer.
La deuxième leçon s'adresse à monsieur Ghannouchi et son gouvernement (et ceux qui lui succèderont) qui auraient tout intérêt à être plus à l'écoute de la rue et s'efforcer d'être crédible dans ce qu'ils lui offrent. Qu'il ne sert à rien de s'entêter contre vents et marées. D'autres ont payé le prix très cher qui n'ont pas su le comprendre à temps.
La troisième s'adresse à ces messieurs et ces dames de cette chère "opposition" qui ont une nouvelle fois montré à quel point ils sont limités dans leur audace, dans leur ambition politique, leur perception du degré de maturité des gens qu'ils sont censés ou, du moins, qu'ils prétendent représenter, leurs attentes, leurs forces, de même que dans leur capacité à analyser ce fameux "rapport des forces du moment" qui leur est pourtant si cher...
En un mot, une leçon d'assurance pour les premiers cités et d'humilité pour tous les autres, y compris ces éternels analystes incessamment démentis par les événements et les gens dont votre serviteur n'est qu'un représentant peu fier de son statut.
Mais, attention ! Ceci n'est surtout pas la fin. Ce n'est que le début. Tout commence aujourd'hui. Et tout reste à faire.
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