Précision

Ce que que vous lisez ici, ce sont mes impressions, parfois à chaud, basées sur ma connaissance de l'histoire du pays, de sa situation présente et sur ma culture générale, toutes étant forcément limitées et, en tout cas, relatives. Ces réflexions n'engagent que ma personne, ne représentent aucun parti ou groupe organisé et ne se rapportent à aucun projet politique établi. Ce sont les simples réflexions d'un citoyen intéressé au devenir de son pays et concerné par le sort de son peuple qui voudrait apporter quelque chose à l'un et à l'autre, mais qui n'a rien d'autre à offrir à part ces cogitations.

Friday, January 21, 2011

Fortune

Selon des sources des plus sérieuses citées par le journal Le Monde (Lire l'article)*
et bien que ses sources reconnaissent la difficulté de fournir des estimations précises en la matière, la fortune amassée par monsieur Ben Ali et les membres de son clan s'élèverait à une valeur totale de l'ordre de 5 à 10 milliards de dollars. Pour avoir une idée de l'ampleur de cette fortune, cherchant à rassurer les milieux économiques et financiers internationaux sur la solvabilité du pays, la Banque Centrale de Tunisie vient de déclarer que ses réserves en devises s'élèvent à 9 milliards de dollars, de sorte qu'elle n'aura pas de mal à couvrir les besoins en importations pour les mois à venir ni à assurer le remboursement de ses dettes aux échéances prévues. En d'autres termes, les Ben Ali-Trabelsi ont subtilisé l'équivalent de sa richesse liquide présente !
A côté, la tonne et demie de lingots d'or emportée à la dernière heure par madame Ben Ali-Trabelsi selon certaines mauvaises langues aux motivations colonialistes connues de tous, serviraient à peine d'argent de poche en ces jours d'errance et de détresse pour l'infortunée famille. C'est un autre ordre de grandeur que celui évoqué par les quelques babioles (précieuses, certes) et liasses de billets de banque exhibées à la télévision tunisienne comme fruit des procédures de confiscation de bien entreprises par les "nouvelles" autorités et qui ressemblent davantage au butin d'un vulgaire vol à main armée dans la propriété d'une quelconque famille fortunée qu'au produit de la saignée à blanc à laquelle renvoient les chiffres mentionnés plus haut.
Comme l'indiquent les même sources, ces biens sont répartis aux quatre coins du monde entre l'Europe, le Golfe, l'Amérique du Nord et l'Asie du Sud-Est. La récupération des biens et leur rapatriement n'est guère chose aisée. Il faut d'abord en retrouver la trace. Il faut ensuite faire au plus vite pour en assurer le gel ou la séquestration à titre préventif en attendant la conclusion des poursuites judiciaires et leur aboutissement à des condamnations qui pourraient servir de base aux demandes de restitution. Le facteur temps est un facteur décisif pour la réussite d'une telle démarche. Les organisations internationales non gouvernementales spécialisées dans la traque des actes de corruption et de détournement de biens publics le savent très bien qui se sont associées pour entamer des procédures auprès de certains gouvernements européens dès le début de la semaine en cours. Pourtant, elles ne sont pas sûres qu'il ne soit pas déjà trop tard parce qu'elles savent que chaque heure, chaque minute, compte dans ce genre de situations si l'on veut prendre les criminels de vitesse avant qu'ils ne prennent les dispositions nécessaires pour mettre les biens mal acquis à l'abri. On ne le sait que trop bien, hélas, tous les états du monde ne sont pas parties à la Convention des Nations Unies contre la Corruption, tous ne sont pas liés avec la Tunisie par des accords bilatéraux en la matière et il y en a quelques un qui sont tristement célèbres pour leur qualité de sanctuaires pour les voleurs de tout acabit et les bandits de grands chemins des temps modernes et de cimetières pour les espoirs des peuples spoliés.
Or qu'avons-nous fait entre temps ? Il y a bientôt une semaine, on a annoncé la constitution d'une commission nationale qui sera chargée d'enquêter sur les éventuels cas de corruption et de malversations et on en a désigné le président. Hier, on a décidé "d'accélérer" la constitution et les travaux de cette commission et des autres commissions annoncée en même temps....
A ce rythme-là, on est bien parti pour récupérer quelques millions de dollars des milliards spoliés, mais il faudra d'abord acquérir la certitude, grâce à notre appareil judiciaire, qu'il y a bien eu détournement de fonds. On est bien un pays de droit, non ? Et qui nous dit que les biens en question n'ont pas été acquis avec de l'argent propre honnêtement gagné à force de labeur entre le salaire de cadre du renseignement militaire, celui de la principale employée de l'un des salons de coiffure les plus huppés de la capitale et le revenu d'autres activités moins prestigieuses. Enfin, comme le dit la sagesse des anciens de notre pays, "le travail de jour n'est point source de honte" (celui de nuit non plus d'ailleurs).
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 * : l'article en question n'est plus disponible sur le net. Seule persiste sa trace dans différents liens qui le signalent, y compris sur le site Monde-infos comme le montre la capture d'écran attachée.

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