Une chose remarquable dans les interventions de beaucoup de citoyens dans les reportages diffusés ces deux derniers jours par la télévision tunisienne ou encore lors de communications téléphoniques diffusées en direct est que chaque fois qu'ils expriment leurs avis, leurs souhaits et leurs attentes du nouveau régime, ils parlent presque tous du (futur) président. C'est qu'on nous a habitués à cette extraordinaire configuration dans laquelle tout l'appareil d'état se réduit à un personnage unique : celui du président. C'est lui qui gère tout, qui décide de tout, qui conçoit tout, tous les autres n'étant que de simples et fidèles exécutants. Le président veille sur nous. Il pense et planifie pour nous. Il nous donne ou nous retire. Il ne nous arrive pas le moindre bien sans qu'il en soit la source. En revanche, s'il nous arrive malheur, nous ne devons nous en prendre qu'à nous-mêmes. Le président, c'est une espèce de dieu sur terre. En tout cas, la ressemblance est effarante avec le Tout Puissant. Or, ce dont on a besoin aujourd'hui, c'est revenir à la notion d'état dans son acception civile moderne de tout un appareil où le président se contente de présider, où le gouvernement gouverne, le député légifère, le juge juge et l'administrateur administre. Il s'agit de redonner leurs sens à tous ces mots et aux structures auxquelles ils renvoient, que la formulation des politiques et leur mise en oeuvre ne soient plus l'affaire d'un seul homme pour qui tous les autres ne sont rien d'autre que les membres d'une gigantesque armée d'exécutants.
Précision
Ce que que vous lisez ici, ce sont mes impressions, parfois à chaud, basées sur ma connaissance de l'histoire du pays, de sa situation présente et sur ma culture générale, toutes étant forcément limitées et, en tout cas, relatives. Ces réflexions n'engagent que ma personne, ne représentent aucun parti ou groupe organisé et ne se rapportent à aucun projet politique établi. Ce sont les simples réflexions d'un citoyen intéressé au devenir de son pays et concerné par le sort de son peuple qui voudrait apporter quelque chose à l'un et à l'autre, mais qui n'a rien d'autre à offrir à part ces cogitations.
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