Précision

Ce que que vous lisez ici, ce sont mes impressions, parfois à chaud, basées sur ma connaissance de l'histoire du pays, de sa situation présente et sur ma culture générale, toutes étant forcément limitées et, en tout cas, relatives. Ces réflexions n'engagent que ma personne, ne représentent aucun parti ou groupe organisé et ne se rapportent à aucun projet politique établi. Ce sont les simples réflexions d'un citoyen intéressé au devenir de son pays et concerné par le sort de son peuple qui voudrait apporter quelque chose à l'un et à l'autre, mais qui n'a rien d'autre à offrir à part ces cogitations.

Wednesday, June 8, 2011

Le meilleur et le pire

Non, il ne s'agit pas de mariage, même si je m'empresse d'ajouter que je me méfie de toutes les associations que l'on vous demande de ne jamais défaire en présence de ces deux extrêmes (le mariage compris) comme on se méfie de la peste. Le meilleur et le prie dont je veux parler ici, ce sont ceux que vous procure le fait d'être associé à d'autres humains ou supposés tels dans l'appartenance à un même groupe ou à une même communauté, en l'occurrence, à un même pays.
Le meilleur de cette communauté qu'on appelle "les tunisiens", c'est celui que je décrivais avec un réel enthousiasme dans cet article publié il y a à peine quelques semaines. Quant au pire, il se passe aujourd'hui sous nos yeux et ceux du monde entier. Tunisien, c'est pourtant le titre que j'ai choisi pour ce blogue et le pseudo que je me suis assigné. En faisant ce choix, j'avais dès le départ pleine conscience des ambigüités, voire de l'ambivalence qu'il recélait. En sortant de ma coquille que j'ai patiemment entretenue pendant cinquante trois ans, je croyais avoir enfin trouvé le meilleur de cette appartenance au point de m'en sentir fier tout en ayant honte de moi qui étais soudain devenu à mes propres yeux indigne de cette appartenance, alors que je l'avais crue si longtemps indigne de moi. Et il aura suffi de quelques semaines pour que je sois renvoyé à mes études !
Le pire, cela aurait pu être les élections qu'on organise ou qu'on n'organise pas, les calculs d'apothicaire, les messes basses, les manœuvres partisanes, les petits intérêts élevés en grandes causes... Malheureusement, rien de tout cela ne compte aujourd'hui "dans la balance de nos tares". Que des broutilles ! Le pire, c'est ce qui se passe à Metlaoui depuis plusieurs jours. Bien sûr, on peut invoquer la misère, le chômage, les injustices et les frustrations léguées à ces parias par les régimes successifs qui se sont succédés à la tête du pays depuis l'indépendance. On peut même pointer du doigt le péché originel du colonisateur français. On peut aussi crier au sale jeu des gagnants de toujours qui n'auraient pas apprécié d'être même les perdants d'un jour. On peut accuser les Ben Ali, les Trabelsi, le RCD, Ennahda, Kadhafi, Obama, Israël ou même dieu le père. On peut fustiger le gouvernement, critiquer l'armée ou les forces de sécurité... Il n'empêche qu'aucun de ceux-là ni d'autres encore que personne ne soupçonne et dont le nom ne nous effleure même pas l'esprit n'a forcé ces vaillants tunisiens à s'entretuer si allègrement, à se massacrer avec autant d'entrain et de dévouement à la tache. Personne ne leur a fait presser la gâchette du fusil de chasse ni fait serrer la main sur le manche du sabre, de la machette ou du couteau. Personne ne leur a fait craquer l'allumette pour la jeter dans la maison d'en face ou pour allumer le cocktail molotov à jeter à la figure du voisin.
Quelle rumeur ou information vraie peut justifier une telle horreur ? Quelle manipulation peut excuser une telle sauvagerie ? Quelles déceptions ou frustrations peuvent expliquer un tel déferlement d'absurduté macabre ?
Finalement, monsieur Ben Ali et les siens auront su tirer de ce peuple en quelques mois ce qu'il a de meilleur et de pire au fonds de lui. J'aurais tellement voulu me défaire de cette appartenance, ne pas être associé "pour le meilleur et pour le pire" à ces bêtes déchaînées. J'accepterais volontiers d'être un insecte, un vautour ou une hyène. Aussi détestables qu'elles puissent être, ces bêtes nuisibles et malfaisantes ne nuisent pas de bon cœur. Elles ne "savent" pas qu'elles font du mal autour d'elles ; en tuant, en déchiquetant, en dépeçant, elles ne font qu'obéir aux lois de la nature et remplir la fonction que cette dernière leur a assignée. tunisien, je le suis et je ne puis que le rester. Comment peut-il en être autrement quand nul ne peut "arracher son nez à sa propre face"* ?! Mais, aujourd'hui comme avant-hier, je n'en tire aucune fierté. Je crois même que j'ai toutes les raisons d'en avoir (à nouveau) honte.
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*: traduction littérale d'une expression idiomatique d'arabe dialectal tunisien.

1 comment:

  1. Le meilleur du pire est de s'appartenir...En tout cas, semble-t-il, la vie doit toujours tout à un insecte, et non à une quelconque et fieffée secte,biologiquement... AKHOY...

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