Il n'y a pas d'autres mots pour décrire ce que je viens de voir, tout à fait par hasard, faut-il le dire ? On savait que, comme dans des domaines-clés tels que l'économique ou le social, où la révolution au sens de transformation radicale n'est certainement pas à l'ordre du jour, il ne fallait pas s'attendre à des bouleversements remarquables dans celui de l'information. Bien sûr, ce secteur, comme tous les autres a pu, le temps de quelques jours ou de quelques semaines, connaitre de petits soubresauts, des hésitations voire même quelques velléités même timides de changement. Bien sûr, le festin des charognards à qui l'on a jeté en pâture toute une fournée de cadavres de requins pour offrir du spectacle à la plèbe et mieux protéger tous les autres requins bien en vie et bien portants et ceux qui ont à peine commencé à changer leurs dents de lait continue de battre son plein et il est loin d'être fini.
Mais, sans demander la lune ni s'attendre à des améliorations spectaculaires, on pouvait espérer au moins ne pas voir les choses dans ce domaine empirer au-delà du degré déjà avancé qu'elles avaient atteint à "l'ère du changement". Après tout, s'il est un domaine où l'on peut essayer de donner un peu le change à relativement peu de frais, après celui de la scène politique, c'est bien celui de l'information et de la communication. Et puis, on croyait qu'une autorité indépendante de l'audio-visuel (ou de l'information en général, je ne sais plus et je m'excuse de ce manque de précision) avait été vite mise sur pied et l'on pouvait espérer qu'outre le fait d'empêcher la création de nouvelles radios et la reconduction d'un "code de la presse" à peine maquillé et toiletté, elle servirait au moins à nous épargner des dérapages qui amènent les moyens d'information bien plus bas qu'ils n'étaient déjà descendus à l'époque de monsieur Ben Ali.
Mais, sans demander la lune ni s'attendre à des améliorations spectaculaires, on pouvait espérer au moins ne pas voir les choses dans ce domaine empirer au-delà du degré déjà avancé qu'elles avaient atteint à "l'ère du changement". Après tout, s'il est un domaine où l'on peut essayer de donner un peu le change à relativement peu de frais, après celui de la scène politique, c'est bien celui de l'information et de la communication. Et puis, on croyait qu'une autorité indépendante de l'audio-visuel (ou de l'information en général, je ne sais plus et je m'excuse de ce manque de précision) avait été vite mise sur pied et l'on pouvait espérer qu'outre le fait d'empêcher la création de nouvelles radios et la reconduction d'un "code de la presse" à peine maquillé et toiletté, elle servirait au moins à nous épargner des dérapages qui amènent les moyens d'information bien plus bas qu'ils n'étaient déjà descendus à l'époque de monsieur Ben Ali.
Et ce n'est pas beaucoup demander quand on était en droit, à titre d'exemple, de s'attendre à un sérieux réexamen de l'ensemble des agréments de chaines de radio et de télévision qui ont été accordés sous le régime qu'on dit "déchu", d'autant qu'on sait selon quels critères les grâces de ce genre étaient distribuées. Si des voix des plus sérieuses ont pu exhorter le nouveau gouvernement à refuser de rembourser les dettes contractées par l'état tunisien et dont le gros est, il est vrai, allé dans les poches de ceux qui étaient à sa tête, n'était-il pas d'autant plus légitime d'exiger que l'on révoque les agréments concédés à Hannibal, Nessma, Mosaïque, Jawhara, Shems et j'en passe ou, à défaut, que soient sérieusement révisé le cahier des charges et redéfinies les conditions de l'exercice de ces agréments ? Or, que voit-on ? Nullement inquiétés (à part une interpellation qui n'a duré que quelques heures sous le gouvernement Ghannouchi et qui s'est terminée dans un concert d'excuses confuses et de récriminations indignées auxquelles n'ont eu droit ni les manifestants de la Kasbah battus, pourchassés et traqués comme de vulgaires criminels, ni même le jeune homme qui aurait été violé dans les locaux du ministère de l'intérieur ni les innombrables anonymes qui ont connu l'arrestation, les brimades de toutes sortes, voire même la torture depuis le 14 janvier), les heureux élus de monsieur Ben Ali et de sa belle famille s'en donnent à cœur joie pour faire et défaire l'actualité, façonner l'opinion publique, focaliser l'attention sur tel sujet ou la détourner de tel autre, encenser tel personnage politique ou public, vouer tel autre aux gémonies, en arrivent aujourd'hui à se servir de leurs boîtes à malices pour se frayer un chemin en vue de supplanter le précédent petit père du peuple. C'est le cas d'au moins l'un d'entre eux. Réglez donc votre téléviseur sur la chaine Hannibal TV et voyez l'incroyable spectacle qui défile, apparemment, à longueur de journée et que j'ai eu la surprise de découvrir où l'on voit une équipe de reporters avec caméras et micros sillonner villes et villages pour filmer en leur donnant la parole d'honnêtes citoyens qui racontent leurs misères et énumèrent leurs doléances et leurs vœux à l'intention de... monsieur Larbi Nasra (désigné nommément à plusieurs reprises dans le programme en question), "le promoteur de la chaine", qui lui demande un logement, qui sollicite du travail, qui espère qu'il voudra bien penser à son village, qui rend hommage à sa générosité et à sa magnanimité...
Diable ! Et ça n'a pas indigné notre président provisoire ni surtout son premier ministre qui est peut-être aussi provisoire que le premier, mais qui, en attendant de passer le témoin, n'entend souffrir aucun partage du pouvoir ni n'est prêt à plaisanter avec l'autorité de l'état ! S'il fallait absolument qu'on présentât les hommages et les doléances de la foule à quelqu'un comme on les présente à un roi et comme on n'a même pas présentés à ce pauvre Zine, autant les présenter à l'homme fort du moment, celui qui personnifie cet état dont il faut préserver l'autorité, et que cela soit fait sur les antennes de la télévision publique comme au bon vieux temps ! Cela ne semble même pas avoir ému les responsables des plus de 80 partis qui préparent fébrilement les élections de la constituante !
Triste révolution ! Pauvre peuple !
En effet, cette chaîne semble même vouloir devenir un organe local du "chiisme" iranien en Tunisie ; dans une émission récente, un "mollah" vient d'être indécemment reçu par un journaliste larbin qui n'a pas tari de d'éloges sur "la "révolution" iranienne inspiratrice selon lui de ce qui se passe dans tout le Monde arabe...Pourtant, le dossier du régime iranien s'est ouvert avant celui du nôtre mais la jeunesse iranienne a été trahie par les médias de l'occident...
ReplyDeleteTriste évolution d'une dérégulation...