Depuis une bonne semaine, depuis que la haute commission électorale, sitôt constituée, s'est résolument prononcée en faveur du report au 16 octobre des élections de la constituante initialement prévues pour le 24 juillet, plus aucun autre sujet n'occupe la scène politique et médiatique entre ceux qui avaient tant souhaité ce report jusqu'au dépit et au désespoir et qui voient aujourd'hui leur vœu miraculeusement exaucé et ceux qui ont toujours souhaité y aller au plus vite pour une raison ou une autre, les uns dénonçant une volonté de hold up de la part de ceux qui s'acharnent à vouloir maintenir à tout prix une date à laquelle personne d'autre qu'eux ne sera prêt, les autres criant à la trahison et au dévoiement de la révolution. Or, à y regarder de plus près, les deux camps ont tort et raison à la fois et ce qui gêne dans ce débat, c'est que le vrai s'y trouve mêlé au faux chez les uns comme chez les autres, le discours de surface ne renvoyant souvent, au fond, qu'à des calculs politiciens et à des intérêts électoralistes. Jugez-en vous-mêmes !
A priori, les difficultés techniques évoquées par la commission qui rendraient impossible l'organisation des élections à la date prévue semblent tout à fait réelles. N'empêche que les conditions requises et les préparatifs techniques nécessaires si elles pouvaient être méconnues des pauvres citoyens incultes que nous sommes ne pouvaient échapper à la clairvoyance des "experts" et des hommes politiques. Pourquoi n'a-t-on rien fait pour prévenir ces difficultés et commencer les préparatifs (beaucoup) plus tôt ? Pourquoi surtout ni les uns ni les autres ne s'en sont rendu compte plus tôt et ne nous l'ont pas dit clairement à l'une des nombreuses occasions qu'ils ont eues chacun pour sa part ? Est-il possible que ni monsieur Mohamed Ghannouchi qui a été premier ministre pendant toute une décennie ni son successeur qui a notamment été ministre de l'intérieur et président de l'assemblée nationale, même si ni l'un ni l'autre n'a eu à organiser de vraies élections dignes de ce nom de sa vie ou d'y prendre part, n'avaient ne serait-ce qu'une vague idée des moyens logistiques et organisationnels à mettre en place et des délais adéquats pour organiser convenablement de telles élections ? Comment l'éminent juriste constitutionnaliste désigné pour servir de maître d’œuvre de la transition démocratique et chargé de jeter les fondements, ébaucher le cadre de référence, élaborer les textes et établir le calendrier et l'impressionnant aréopage de spécialistes de la même étoffe dont il s'est entouré ont-il pu sous-estimer ces considérations somme toute élémentaires ? Est-il possible que toutes ces éminences ne se soient rendu compte de cette impossibilité pratique que le jour où on nous l'a annoncé, c'est à dire il y à peine une semaine ? Non seulement on a peine à le croire, mais le croire reviendrait à leur faire une grave insulte en les traitant de parfaits... incompétents ! Le problème, c'est que s'ils n'ont pas pêché par un manque flagrant de compétence, c'est qu'ils ont été malhonnêtes. J'avoue que je n'aimerais pas être à leur place pour choisir entre la peste et le choléra. Mais, quelle que soit la (vraie) réponse, ne nous devaient-ils pas au moins des excuses sinon sincères, du moins feintes pour sauver la face, pour avoir fait preuve d'autant d'ingénuité ou d'imprudence ? A ma connaissance, personne n'a formulé de telles excuses à l'intention des futurs électeurs. Mais, peut-être qu'on n'estime pas leur devoir des excuses comme on ne leur a jamais dû la moindre explication sous prétexte que qui a reçu le pouvoir est en droit de l'exercer seul, sans partage ni des comptes à rendre...
Quant à la commission, son président à la réputation sans tache et ses membres qui semblent offrir tous les gages de respectabilité, on peut leur reprocher de ne pas avoir de prime abord posé le report des élections comme condition sine qua non à l'acceptation de la mission qui leur a été confiée en exposant publiquement les raisons d'une telle conditionnalité. Cela aurait donné plus de poids à leurs arguments et leur aurait évité le bras de fer réel ou imaginaire auquel on vient d'assister avec le gouvernement et les critiques parfois excessives, voire injustes, de la part du reste des acteurs, sans parler des attaques carrément calomnieuses.
Quant aux derniers mentionnés, on est sérieusement tenté de prendre le mot à son sens propre et non figuré lorsqu'on les entend évoquer pèle-mêle les uns le ramadan, la chaleur et la rentrée scolaire (sic) pour justifier le report, sachant que le premier ne doit commencer qu'une semaine après que tout sera fini si les élections devaient avoir lieu le 24 juillet, que la dernière n'a lieu que 7 semaines après cette date (alors qu'en revanche elle arriverait quatre semaine avant la nouvelle date proposée, en pleine campagne électorale dans le cas d'élections ayant lieu le 16 octobre !), quant à la chaleur, je serais curieux de voir ce que disent les séries historiques de la météo pour voir si d'habitude il fait tellement moins chaud un 16 octobre qu'un 24 juillet. Les autres, ceux qui sont opposés de toute force au report, il est remarquable qu'ils évoquent tour à tour le risque de déligitimation du pouvoir de transition après le 24 juillet (comme si ce dernier avait jamais eu quelque légitimité avant cette date), la déception des attentes du peuple impatient de se doter d'instances démocratiques (alors qu'en vérité, par-delà les instances elles mêmes et leur forme, c'est à la fois d'une véritable représentativité et de programmes à la fois cohérents et probants pour son avenir qu'il a surtout besoin et, ça, on n'est pas sûr qu'il l'aura après les prochaines élections, qu'elles aient lieu en juillet ou en octobre) ou encore le risque de voir se prolonger l'insécurité et l'instabilité économique, mais ne soufflent mot sur les difficultés et problèmes soulevés par la commission...
Moralité, c'est la foire à la triche, à qui mieux mieux, de sorte qu'il devient éminemment hypothétique de prendre part au débat et encore moins évident de prendre position sans faire le jeu des uns ou des autres.
Quant aux derniers mentionnés, on est sérieusement tenté de prendre le mot à son sens propre et non figuré lorsqu'on les entend évoquer pèle-mêle les uns le ramadan, la chaleur et la rentrée scolaire (sic) pour justifier le report, sachant que le premier ne doit commencer qu'une semaine après que tout sera fini si les élections devaient avoir lieu le 24 juillet, que la dernière n'a lieu que 7 semaines après cette date (alors qu'en revanche elle arriverait quatre semaine avant la nouvelle date proposée, en pleine campagne électorale dans le cas d'élections ayant lieu le 16 octobre !), quant à la chaleur, je serais curieux de voir ce que disent les séries historiques de la météo pour voir si d'habitude il fait tellement moins chaud un 16 octobre qu'un 24 juillet. Les autres, ceux qui sont opposés de toute force au report, il est remarquable qu'ils évoquent tour à tour le risque de déligitimation du pouvoir de transition après le 24 juillet (comme si ce dernier avait jamais eu quelque légitimité avant cette date), la déception des attentes du peuple impatient de se doter d'instances démocratiques (alors qu'en vérité, par-delà les instances elles mêmes et leur forme, c'est à la fois d'une véritable représentativité et de programmes à la fois cohérents et probants pour son avenir qu'il a surtout besoin et, ça, on n'est pas sûr qu'il l'aura après les prochaines élections, qu'elles aient lieu en juillet ou en octobre) ou encore le risque de voir se prolonger l'insécurité et l'instabilité économique, mais ne soufflent mot sur les difficultés et problèmes soulevés par la commission...
Moralité, c'est la foire à la triche, à qui mieux mieux, de sorte qu'il devient éminemment hypothétique de prendre part au débat et encore moins évident de prendre position sans faire le jeu des uns ou des autres.
"politieienne"!!!QUEL MOT...qui dirait un peu l'énorme arnaque néo-libéro-impérialiste...PLus glocalement, cela rappelle le mythe freudien consécutif à l'assassinat du père de la horde sauvage...
ReplyDeleteTu as bien sûr compris qu'il s'agissait d'une coquille (entre temps corrigée). On utilise les mots qu'on peut, 'am Salah, enfin, ceux qu'on a à disposition qui de par la convention même très approximative dont il font l'objet nous permettent de communiquer les uns avec les autres en nous appuyant sur ces quelques repères plus ou moins communs, plus ou moins entendus. Sinon, tu sais mieux que personne que la moindre parole est truffée de pièges, voire de mines et que même le silence n'en est point exempt. J'existe, donc je suis compromis.
ReplyDeleteEn effet, cher Mohsen; tout est dans le monde, comme tu le dis si justement...Ce qui ne semble pas être le souci de nos compatriotes,tout frais "démoNcratisés"
ReplyDeletepardon, je voulais dire "dans le mot"
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