La campagne touche à sa fin et il ne reste pas beaucoup de temps pour discourir sur l'avenir et ce qui doit advenir ou cesser d'être. Aussi serai-je obligé de bâcler le travail pour la plupart des questions qui restent, notamment celle de l'économie, pour lesquelles je vais me contenter ici de jeter quelques idées pêle-mêle et je réserverai mon dernier spot entièrement à la question que je connais et maîtrise le mieux qui est celle de l'enseignement. Il faut dire que je ne suis pas vraiment qualifié pour parler d'économie et encore moins pour proposer tout un programme sensé dans ce domaine (je sais que beaucoup de candidats pas plus qualifiés que moi n'hésitent pas à le faire, mais, moi, je ne suis pas candidat !) et quand je dis un programme sensé, j'entends par là autre chose que la promesse d'une "pension de chômage pour tous les sans emploi", "un revenu minimum à toutes les familles démunies" ou encore celle d'assurer "la gratuité des soins pour tous" sans me demander une seule seconde où je vais prendre l'argent pour le faire et, bien entendu, sans me soucier de l'expliquer à mes électeurs...
J'aurais quand même abordé l'un des secteurs économiques et pas des moindres en m'exprimant sur la place du tourisme dans l'économie tunisienne aujourd'hui et demain. En le faisant, j'aurai révélé, au moins en partie, mes priorités et les bases de "ma pensée économique". J'aurai par là même, en formulant mes critiques de la démarche suivie jusqu'à présent et en suggérant quelques pistes de changement pour l'avenir, laissé entrevoir l'importance primordiale que j'accorde à l'agriculture. Quoique puissent penser les "modernistes" de tout acabit, l'agriculture est incontournable. Il n'y a qu'à voir l'attention qui lui est portée dans des pays ou groupements économiques aussi développés et aussi libéraux que les Etats Unis, l'Union Européenne et le Japon pour le comprendre. Pensez que ces pays super champions du libre commerce, du minimum d'intervention étatique et du tout à l'initiative privée et adversaires acharnés de toute forme de protectionnisme, se retrouvent à appliquer les formes les plus primaires d'interventionnisme et de protectionnisme quand il s'agit de production agricole ! Ce seul exemple est plus éloquent que toutes les démonstrations et tous les chiffres. Alors, que dire quand on parle d'un pays sous-développé comme le nôtre pas très riche en ressources naturelles ni en infrastructure industrielle digne de ce nom et dont une proportion appréciable de la population vit encore dans de vastes zones rurales privées de tout ! On parle beaucoup de réhabiliter ces zones marginalisées et défavorisées, mais on explique moins souvent comment. Or, la première chose à faire dans ce sens est de redonner sa place naturelle qui lui revient de droit à l'agriculture. Pour ce faire, il faudra revoir la politique foncière et la gestion des domaines de l'état de sorte à privilégier ceux qui veulent bien travailler la terre en leur offrant des garanties sur la possession, l'usufruit et la propriété, mettre en place une politique d'incitations du type de celle qu'on a jusqu'ici réservée au tourisme : facilités de crédits, subventions de l'état, avantages fiscaux, disponibilité et accessibilité des intrants, amélioration de l'infrastructure routière, politique de l'eau... Si une telle politique est accompagnée de mesures sociales en vue d'assurer l'accès aux services de base et aux commodités dans ces zones (électrification, approvisionnement en eau potable, enseignement, soins de base...), on a de bonnes chances de réussir à revitaliser l'activité économique et sociale dans ces régions privées de la "bénédiction" de la proximité du littoral, à fixer leurs populations tout en relevant leur niveau de vie et à couvrir les besoins du marché interne en denrées de base et, pourquoi pas, même générer un excédent exportable si l'on modernise les moyens et modes de production et qu'on rationalise cette dernière, notamment, en mettant en place des chaines de qualité et en appliquant les normes internationales en vigueur dans ce domaine.
Une autre urgence concerne l'assainissement du secteur bancaire réputé gravement malade et en tout cas fragilisé par les pratiques mafieuses et clientélistes d'un régime corrompu et prédateur. Il en va de même pour la fiscalité qui est rongée par le double fléau de l'injustice et des abus. Il importe notamment de redonner confiance aux citoyens en sa nature légitime et équitable et de les convaincre du caractère indispensable de l'impôt en révisant les barèmes d'imposition, en la dépolitisant et en lui conférant une transparence qui a jusqu'ici fait défaut, la fiscalité étant le moyen le plus approprié pour l'état de remplir son rôle de régulation de l'activité économique, de redistribution des richesses et de mobilisation de la solidarité nationale et de remplir ses fonctions de prestataire de services publics. D’ailleurs, contrairement à la tendance mondialisante, je ne vois pas de salut possible pour une société comme la nôtre sans que l'état ne garde le monopole ou, du moins, un rôle primordial dans des domaines tels que l'enseignement, la santé et le transport;
Cela ne veut pas dire, pour autant, que l'on doive à tout prix gonfler la fonction publique pour résoudre le problème du chômage. On nous a tant décrit l’hypertrophie des forces de police et de sécurité en tout genre au cours des dernières années que j'étais à la fois effaré et scandalisé en apprenant que le gouvernement provisoire se proposait de recruter un important contingent de fonctionnaires dont une dizaine de milliers de policiers. Et moi qui pensais qu'on allait déjà avoir du mal à recycler les tortionnaires, les épieurs, les indicateurs et les mouchards de toutes sortes affectés à la surveillance et à la répression de la société tunisienne sous monsieur Ben Ali ! J'en profite pour insister sur l'importance de la nécessaire liquidation des séquelles et des plaies du passé en soldant les comptes, en corrigeant les abus et les injustices lorsque c'est possible et en jugeant et sanctionnant les coupables à la mesure de leur crime dans des procès équitables, mais sérieux, sans rapport avec les parodies et mascarades qu'on nous a données en spectacle au cours des mois passés. Cette opération de justice doit s'accompagner d'une véritable épuration (sans la connotation péjorative du mot) de tous les secteurs en écartant les responsables des politiques passées des postes de décision.
En matière de santé, il impote d'abandonner la tendance à la concentration et au gigantisme et de favoriser un service décentralisé, utile et de proximité. Mieux vaut avoir, au moins, un dispensaire correctement équipé et pourvu en personnel qualifié pour dispenser les soins de base dans chaque petite ville ou village que d'avoir "le plus grand hôpital d'Afrique".
Il est clair, qu'il ne s'agit là que de bribes de programme et d'idées hâtives. Le reste viendra peut-être si je suis élu. Mais, comme je l'ai annoncé, il me reste à dire quelques mots à propos de l'enseignement, ce que je ferai dans mon prochain et dernier spot.
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