Précision

Ce que que vous lisez ici, ce sont mes impressions, parfois à chaud, basées sur ma connaissance de l'histoire du pays, de sa situation présente et sur ma culture générale, toutes étant forcément limitées et, en tout cas, relatives. Ces réflexions n'engagent que ma personne, ne représentent aucun parti ou groupe organisé et ne se rapportent à aucun projet politique établi. Ce sont les simples réflexions d'un citoyen intéressé au devenir de son pays et concerné par le sort de son peuple qui voudrait apporter quelque chose à l'un et à l'autre, mais qui n'a rien d'autre à offrir à part ces cogitations.

Tuesday, March 1, 2011

Un flou pas artistique du tout

Que le choix de chasser monsieur Ghannouchi fût le bon ou non, on ne le sait pas encore et on n'est peut-être pas prêt de le savoir (je n'ai pas attendu qu'il tombe pour dire clairement ce que je pense de monsieur Ghannouchi, de son gouvernement et de son bilan, mais je n'ai jamais dit qu'il fallait le faire tomber à tout prix pour des raisons qui se vérifieront peut-être dans les prochains jours).
Toujours est-il que si M. Ghannouchi devait partir, c'est tout le gouvernement dont il était le chef et dont tous les membres assument la responsabilité de l'échec qui a suscité autant de mécontentement et a  amené le premier responsable à rendre le tablier, qui devaient partir avec lui ou, du moins, c'est le gouvernement tout entier qui devait démissionner ou être démis et pas seulement Mohamed Ghannouchi. Cet acte aurait été plus approprié et aurait eu plus de sens pour la crédibilité des autorités (provisoires) en place et pour la prochaine étape sans qu'il ne coûte au président par intérim ou aux ministres de ce gouvernement grand chose puisqu'on les voit aujourd'hui quitter les lieux en file indienne un à un dans un chacun pour soi pitoyable et peu glorieux qui ajoute a posteriori au discrédit de ce gouvernement de pacotille qui aura exposé toute l'étendue de son manque de cohésion interne et de programme commun jusqu'après sa mort de fait (avec son chef parti ainsi que les deux seuls représentant de "partis d'opposition", on voit mal ce qui peut en rester). Mais, encore une fois, au lieu de choix clairs et de décisions tranchantes, on maintient la navigation à la traîne ou à la dérive, se laissant emporter par le courant des événements plutôt que de les devancer et choisir son propre parcours et sa propre vitesse...
Si la première marque de flou réside dans l'absence de décisions déterminées là où il en fallait, là où il y a des décisions, elles ne sont ni claires ni justifiées. Ainsi, le président par intérim qui s'est contenté d'accuser réception de la démission de monsieur Ghannouchi au lieu d'annoncer la dissolution du gouvernement provisoire, s'est empressé de désigner un nouveau premier ministre sans avoir consulté personne en toute apparence, à en juger par les réactions et par le silence même du concerné sur la question (son choix aurait été le fruit de quelconques consultations, il aurait eu tout intérêt à le faire savoir). En revanche, il nous annonce la création d'une nouvelle instance (encore une)  baptisée "haute autorité pour la protection de la révolution et la réforme politique". Un drôle de nom pour cette entité mystérieuse. En quoi consisterait cette autorité : le fameux "conseil de protection de la révolution", la "commission des réformes politiques" remaniée et/ou élargie, un mélange des deux ? Si ce n'est rien de tout cela, qu'est-ce donc et que fera-t-on de tel conseil et, surtout, de telle commission ? Qui va  constituer cette autorité (monsieur Mebazaa seul comme il l'a fait pour le nouveau premier ministre ?), selon quelles modalités ? Quelles en seront les attributions ? Quel sort sera réservé à la commission qui a commencé son travail depuis quelques semaines et au conseil qui revendique toujours une reconnaissance...?
Et le premier ministre désigné, que fait-il entre temps ? Dirige-t-il le gouvernement de monsieur Ghannouchi ou ce qui en reste ou bien a-t-il entamé des consultations en vue de la formation d'un autre gouvernement ? Les deux dernières fois qu'un gouvernement allait être constitué ou remanié, on nous l'a à chaque fois annoncé et on nous a ostensiblement laissé voir les tractations en cours en vue d'y parvenir. Cette fois-ci, c'est le silence radio. Comment doit-on interpréter ce silence ? Certainement pas comme une marque d'amélioration de la communication qu'on disait tellement déficiente et encore moins d'une plus grande transparence...
Moralité : ça va de mal en pis.

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