Précision

Ce que que vous lisez ici, ce sont mes impressions, parfois à chaud, basées sur ma connaissance de l'histoire du pays, de sa situation présente et sur ma culture générale, toutes étant forcément limitées et, en tout cas, relatives. Ces réflexions n'engagent que ma personne, ne représentent aucun parti ou groupe organisé et ne se rapportent à aucun projet politique établi. Ce sont les simples réflexions d'un citoyen intéressé au devenir de son pays et concerné par le sort de son peuple qui voudrait apporter quelque chose à l'un et à l'autre, mais qui n'a rien d'autre à offrir à part ces cogitations.

Monday, March 28, 2011

On se paie notre tête ?

Deux informations récentes, la première officieuse qui reste à confirmer, la deuxième tout ce qu'il y a de plus officielle, m'amènent à me poser la question et laissent planer le doute sur la nature du pouvoir "provisoire" qui dirige le pays en ce moment et sur la part de transparence et d'opacité dans son mode de fonctionnement et ses agissements.
Hier, on pouvait lire sur le blog de Nicolas Beaud qui n'est tout de même pas n'importe qui et dont la qualité et les relations incitent à prêter un certain crédit aux informations qu'il rapporte, même si la prudence demeure de rigueur, qu'un certain Kamel Ltaïef conseillerait le premier ministre actuel. Inutile de rappeler qui est monsieur Ltaïef et quel rôle il a joué à une certaine époque dans le régime de Ben Ali (avant l'avènement des Trabelsi comme un clan tout puissant au sein de ce même régime). Ce pays est-il donc condamné à être gouverné par des conseillers plus ou moins visibles, toujours influents et dont l'influence ne dit rien qui vaille, hier, sous Ben Ali, les Rouissi, Mdhaffar, Kallel, Ben Dhia, plus récemment sous monsieur Ghannouchi, un certain Karoui appelé à la rescousse par le même Ben Ali avant de succomber, aujourd'hui sous monsieur Caïed Essebsi un autre homme fort du passé, puissant parmi les puissants, dont on dit qu'il faisait la pluie et le beau temps "au pays du jasmin" avant d'être détrôné par plus fourbe, plus gourmand et plus féroce...?
Aujourd'hui, on apprend le remerciement du ministre de l'intérieur du gouvernement de transition et la nomination d'un successeur dont le CV révèle qu'il a exercé de hautes fonctions pendant plus de quinze ans dans l'appareil du pouvoir Benaliste, notamment au sein de ce même ministère de l'intérieur.  Or, aucune explication, aucun éclaircissement n'a accompagné l'information en question. Bien au contraire, le porte-parole du ministère en question s'est empressé d'intervenir sur les antennes de la télévision nationale pour balayer d'un revers de main toute interrogation sur ce changement comme s'il allait de soi et réprouver jusqu'à l'expression d'un simple sentiment d'étonnement ou de perplexité face à cette décision en l'absence d'explications.
Il va sans dire que tant le ministre démis que celui fraîchement nommé sont des inconnus pour moi ou presque sur le compte desquels je ne sais rien d'autre que ce qu'ont laissé filtrer les informations publiquement disponibles. Il n'en demeure pas moins intriguant pour ne pas dire inquiétant qu'on fasse encore une fois appel à un homme d'appareil issu du régime présumé déchu (l'est-il vraiment ?) pour diriger un ministère aussi sensible. La raison résiderait-elle dans l'impossibilité de maîtriser la vielle garde de ce ministère qui s'est formée, est parvenue aux postes de commandes et a développé ses pratiques à l'ombre de Ben Ali et qui doit probablement avoir le bras long sinon très long, peut-être même trop long. Mais n'y aurait-il aucun autre moyen de neutraliser cette vieille garde que de lui ramener l'un des siens pour savoir la gérer et la contenir ? N'y a-t-il pas eu de tout temps des purges de hauts cadres au sein des corps ultrasensibles de l'armée et des forces de sécurité à la faveur des soubresauts internes aux régimes en place, des changements de garde et des luttes intestines ? Bourguiba comme Ben Ali n'ont-ils jamais recouru à de telles purges ? Pourquoi ne serait-il pas possible de faire pareil aujourd'hui pour assainir le corps, rétablir l'ordre en son sein et dans la rue et couper court aux magouilles et aux manigances ? Si la réponse est négative, quelles garanties avons-nous pour la suite des événements ? S'il existe aujourd'hui des forces occultes au cœur même de l'état que personne de sûr et de fiable n'est en mesure de contrôler, qui nous dit que ces forces-là ne continuent pas de tirer les ficelles et qu'elles n'auront pas la possibilité de sortir de l'ombre lorsqu'elles le jugeront opportun pour tirer les marrons du feu ? A moins que quelqu'un, quelque part, n'ait besoin de ses forces et qu'on les garde bien au chaud pour le cas où l'on en aurait besoin plus tard...

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