L'intervention télévisée de monsieur Essebsi et ses réponses aux questions des journalistes qui l'ont interviewé sont fort instructives et très révélatrices sur sa vision des choses. Passons ensemble en revue quelques unes de ces vérités telles qu'il les a énoncées lui-même ou telles qu'elles peuvent s'inférer de son discours.
La première, la plus importante et, je le crains, la plus grave de toutes, c'est que le chef du gouvernement de transition dont l'existence même en tant que tel et le statut tel que déterminé aussi bien par les circonstances qui l'ont amené au pouvoir et tel que défini par la nature de l'étape présente et le rôle à la fois explicitement et implicitement imparti à ce gouvernement, ne se conçoit pas et ne se présente pas du tout en tant que tel, soit en tant qu'un homme investi d'un pouvoir limité dans le temps et dans la portée qui est responsable plus que tout autre chef d'exécutif devant les mêmes forces qui ont amené son avènement à ce poste et ayant des comptes à leur rendre. Bien au contraire, l'une de ses déclarations péremptoires et sans appel a été que, du moment que cette responsabilité lui a été confiée, il n'avait aucune obligation d'explication et encore moins de justification de ses décisions. Voilà qui a le mérite d'être clair. Que chacun en tire les conclusions qu'il voudra.
La deuxième vérité, étroitement liée à la première, consiste à remettre à leur place les masses soulevées qui se sont voulues un court instant souveraines et auxquelles, faut-il le rappeler, monsieur Caïed Essebsi, qu'il le veuille ou non, doit sa place. Une nouvelle fois, les événements mêmes qui ont amené le départ de monsieur Ben Ali et qui ont abouti à l'accession de monsieur Essebsi à la primature ont été une nouvelle fois qualifiés de "changement". Pas question de révolution ni même de soulèvement populaire. Ce soulèvement, c'est une espèce de relâche, une pause, une fenêtre de défoulement "après vingt ans d'oppression", excusable, compréhensible, gracieusement concédée, mais c'est une parenthèse qu'il convient de refermer, si ce n'est déjà fait.
D'ailleurs, pour ceux qui ont encore des doutes sur cette façon de voir les choses, le passé éclairant le présent et la vision du passé éclairant celle du présent, si vous voulez savoir ce que représentent les épisodes de 1984 et surtout de 1978 dans l'histoire de la Tunisie moderne aux yeux de monsieur Caïed Essebsi, eh bien, il s'agissait de "chaos", de "désordre", de déchaînement des populations des "ceintures" (entendez, des bidonvilles et quartiers pauvres de la périphérie de la capitale) incontrôlées, échappées à l'encadrement du parti {au pouvoir] et de la centrale syndicale.
Voilà, messieurs-dames ! La messe est dite. Vous n'avez qu'à rentrer dans vos coquilles. A bon entendeur...!
D’abord on écrivant : ‘Voilà, messieurs-dames ! La messe est dite. Vous n'avez qu'à rentrer dans vos coquilles’ au moins ayez l’obligeance de respecter vos lecteurs.
ReplyDeleteEnsuite outre vos langues phrases interminables et l’argumentation massive incompréhensible, je me permets de vous rappelé qu'il s’agit de remettre le pays en marche avec les moyens qu’on a et non pas chercher la petite bête et réflexions agissantes sans aucune solution derrière alors Monsieur vous n'avez qu'à rentrer dans votre coquille et y rester…longtemps.
@ Tunisie : l'avis présenté dans cet article doit etre respecté qu'il soit le votre ou non, et j'ai l'impression que la plupart des tunisiens ne comprend pas encore le concept de pluralité.
ReplyDeleteSinon je trouve que Caid Essebsi, n'arrive pas encore a comprendre l'étendue de sa mission, je trouve qu'il s'attarde trop sur les questions économiques et sociales mais qu'il n'accorde pas assez d'importance aux questions de libertés et de démocratie qui sont la seule garantie pour que les choses qui se sont passées ne se reproduisent plus.
@ WeeWee : De là où il vient, avec son profil, son passé et, je suis tenté d'ajouter, son passif, monsieur Caïed Essebsi ne peut pas ou peut-être même ne veut pas comprendre cette mission comme vous et moi nous l'entendons. Aucun homme politique élu dans un régime démocratique digne de ce nom n'est en droit de dire en substance : je n'ai d'explications à donner ni de comptes à rendre à personne. Même quand il a été élu par la plus confortable des majorités. Or, monsieur Caïed Essebsi n'a même pas été élu, pas plus que celui qui l'a nommé. A en croire les déclarations des uns et des autres, sa nomination n'a vraisemblablement même pas fait l'objet de consultations, ne serait-ce qu'au sein du milieu politique et associatif... Mais que voulez-vous ? On ne s'improvise pas en démocrate convaincu et agissant en tant que tel en toute conscience de ce que cela implique en termes d'obligation de transparence, de la nécessité de rendre des comptes et du devoir de respect au peuple, quand on a fait toute sa carrière au sein d'un régime autoritaire bâti sur le culte de la personnalité et le mépris de la collectivité. La teneur du discours de monsieur Caïed Essebsi hier, ses tournures, son ton même sont exemplaires à ce titre.
ReplyDelete