Période de congé oblige, quelque fonctionnaire ou technicien à la télévision nationale a eu le malheur de diffuser un ancien enregistrement de chants dits "liturgiques" sans se rendre compte que le "chanteur" concerné ne s'était pas contenté de chanter (les louanges du bon dieu) et qu'il avait fait ce que tout le monde faisait à l'époque (quand je dis tout le monde, j'entends bien TOUT LE MONDE, c'est à dire toute personne qui avait un rôle et/ou une présence publics quel que soit le rôle et quelles que soient la forme et les circonstances de la présence, mis à part la poignée de maudits que sont ces éternels opposants qu'on connaît). Patatras ! (Celui qui est devenu) L'innommable اللّي ما يتسمّاش a été nommé et qui plus est encensé. Quoi de plus naturel qu'un bon coup de balai pour chasser tous les coupables... comme au bon vieux temps ! Un scénario qui s'est produit plusieurs fois d'abord sous Bourguiba, chaque fois qu'un homme puissant du régime tombait en disgrâce. Ensuite après le coup d'état de Ben Ali, lorsque par une semblable étourderie ou par inadvertance on passait une séquence ou on prononçait une phrase qui était des plus naturelles à peine quelques heures ou quelques jours auparavant, même que c'est plutôt son absence qui choquait, devenue désormais indésirable *... Aujourd'hui, preuve que ce n'est que le "changement" (يَرحَمْ فُمُّك يا سي الباجي) dans la continuité, il a suffi qu'un pauvre bougre se soit laissé distraire par le dépit de ne pas avoir pu rentrer au bled passer l'aïd avec la grande famille ou par les remontrances de sa moitié pas du tout douce à cause du mouoton qu'il n'a pas acheté (si c'est un "lui") ou du nécessaire du grand festin du lendemain qu'elle n'a pas préparé (si c'est une "elle"), de manière à laisser passer le nom infâme et les invocations de circonstance qui s'y attachaient pour qu'on change la moitié des repsonsables et qu'on défère le "coupable" devant le conseil de discipline.
Pourtant, ils ont tous ou presque psalmodié ce nom aujourd'hui devenu infâme et les louanges, incantations et prières qui ont avec des milliers de fois, à commencer par le grand patron actuel de la télévision qui a servi sous tous les régimes, tous les gouvernements et tous les noms nobles d'antan depuis devenus infâmes. Tous ou presque, je suis prêt à le jurer par ce dieu que je n'ai pas, le feront demain ou après demain, lorsque les nobles d'aujourd'hui deviendront infâmes à leur tour ou lorsque ce même noble d'hier devenu infâme aujourd'hui redeviendra (sait-on jamais ?) à nouveau noble demain. Pas plus tôt qu'hier, un commentateur sportif, minable des minables (comme on dit roi des rois) sommait l'un de ses invités de ne pas prononcer le nom entier d'un footballeur parce que ce dernier avait le malheur de se prénommer Zine El Abidine !...
Comment conclure, sinon par cette fameuse sentence en arabe littéraire :
لئن لم تستح فافعل ما شئت
ou en bon arabe tunisien simplement خْزِيتْ !
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* : N'a-t-on pas banni des ondes cette chanson on ne peut plus innocentes de la chanteuse 'ulayya qui s'intitulait هالزّين هذا لواش (Pourquoi autant de beauté !) dont l'auteur ne devait avoir au moment où il l'a écrite d'autre signification à l'esprit qu'une simple exclamation galante et qui ne pouvait savoir qu'un jour viendrait ou le maître du pays s'appellerait Zine (qui n'est d'ailleurs qu'un diminutif de Zine el Abidine) !
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* : N'a-t-on pas banni des ondes cette chanson on ne peut plus innocentes de la chanteuse 'ulayya qui s'intitulait هالزّين هذا لواش (Pourquoi autant de beauté !) dont l'auteur ne devait avoir au moment où il l'a écrite d'autre signification à l'esprit qu'une simple exclamation galante et qui ne pouvait savoir qu'un jour viendrait ou le maître du pays s'appellerait Zine (qui n'est d'ailleurs qu'un diminutif de Zine el Abidine) !
J'ai cette rage devant l'ingratitude et l'indécence de certains concitoyens...Et je me dis que, pour me consoler un peu, à force de diaboliser les uns, on finit par animaliser les autres question de les laisser s'entre-dévorer, se lyncher, etc.
ReplyDeletePauvre de nous.