Précision

Ce que que vous lisez ici, ce sont mes impressions, parfois à chaud, basées sur ma connaissance de l'histoire du pays, de sa situation présente et sur ma culture générale, toutes étant forcément limitées et, en tout cas, relatives. Ces réflexions n'engagent que ma personne, ne représentent aucun parti ou groupe organisé et ne se rapportent à aucun projet politique établi. Ce sont les simples réflexions d'un citoyen intéressé au devenir de son pays et concerné par le sort de son peuple qui voudrait apporter quelque chose à l'un et à l'autre, mais qui n'a rien d'autre à offrir à part ces cogitations.

Friday, May 13, 2011

La dernière trouvaille du gouvernement de transition

Voilà bientôt quatre mois depuis la chute de Ben Ali qu'on attend d'avoir le moindre procès digne de ce nom d'un quelconque individu ou groupe qui a de par ses agissements, lorsqu'il était au pouvoir ou qu'il avait les faveurs de ce dernier, porté préjudice au pays et à son peuple (à l'évidence, on ne peut considérer les poursuites pour consommation de stupéfiants ou pour opérations de change illégales comme répondant à la description de "procès digne de ce nom"). Quatre mois sans qu'aucune purge sérieuse ne soit entreprise dans les rangs de l'appareil d'état et de la haute administration de tous ceux qui ont été les protagonistes actifs du pillage de biens public et privés, dont la télévision nationale nous a livré quelques exemples édifiants dans sa série d'émissions-chocs, ni des longs couteaux de l'appareil de répression qui ont torturé, harcelé, calomnié des centaines, voire des milliers de dissidents, de militants ou de simples citoyens dignes qui pour tout crime ont simplement refusé de se joindre au concert des thuriféraires et autres bonimenteurs et enfin de ceux qui se sont illustrés par le zèle qu'il mettaient à casser du manifestant, tuant, blessant, estropiant, terrorisant, il y a quelques années dans le bassin minier, il y a quelques mois un peu partout dans le pays et, si ça se trouve, il y a à peine quelques semaines ou quelques jours à la Kasbah, à l'avenue Bourguiba et ailleurs, après que ce cher monsieur Rajhi ait "dissolu la police politique"...
Après toute cette attente avec plus ou moins de patience, de bonne ou de mauvaise grâce, et d'espoir ou d'illusion, marquée par le sommeil profond de la justice à qui l'on jetait de temps en temps un os du genre "dissolution du RCD", audience de MM. Ben Dhia et Kallel, "procès" de M. Imed Trabelsi et ponctuée par les déclarations solennelles de monsieur Caïed Essebsi sur "l'indépendance de la justice" dont il était hors de question qu'il interfère dans son cours (alors que dans d'autres contrées pas si lointaines et qui ont pris le train de la révolution bien après la nôtre, les affaires de dizaines de dignitaires de l'état des plus en vue ont déjà été instruites et jugées), voilà que cette même justice tant respectée et tellement indépendante se trouve soudain dessaisie des dossiers judiciaires de l'ex-président, de son dernier ministre de l'intérieur et de son directeur de la sûreté au profit d'un tribunal militaire par les bons offices du... ministère de la justice. N'allez surtout pas penser que le premier ministre ou son gouvernement y soient pour quelque chose ! Honni soit qui mal y pense !
Pourquoi un tribunal militaire ? Et pourquoi maintenant ? Pourquoi faut-il passer de l'affaire de droit commun à celle "d'ordre public" ou de sûreté de l'état et pourquoi cette obstination à vouloir éviter à tout prix le procès politique, le seul qui ait un sens au vu des crimes commis dans leur nature, leur ampleur et des parties lésées ? Pourquoi cette décision de mettre en avant la "justice" militaire et à travers elle l'ensemble de l'armée ? S'agit-il de contenter cette dernière en la dédommageant du tort moral qui lui aurait été causé par les déclarations de l'ex-ministre (éphémère) de l'intérieur ou de la préparer à un rôle plus important dans la vie publique du pays, elle qui vient déjà de s'illustrer en prenant le pas sur les institutions civiles de tutelle pour censurer directement des pages internet après que l'on nous aie annoncé la levée de toute censure y compris sur les sites pornographiques ?! Enfin, pourquoi cet acharnement obsessionnel sur le personnage de Ben Ali et un ou deux collaborateurs (toujours les mêmes) comme si ce fût le seul et unique coupable de tous les maux qui ont frappé ce pays et son peuple et qu'il eût commis toutes ses horreurs sans l'aide ni même la complicité passive de personne, au point qu'on est tenté d'avoir pitié de lui, le pauvre, face à une telle cabale !?...
Des questions, toujours des questions lancinantes, pressantes, aussi inquiétantes les unes que les autres et qui ne sont pas près de trouver des réponses (il ne faut surtout pas compter sur monsieur Essebsi avec son serment de vérité du verbe et de dévouement dans l'action الصّدق في القول والإخلاص في العمل, emprunté à qui vous savez, pour y apporter de vraies réponses).

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