Précision

Ce que que vous lisez ici, ce sont mes impressions, parfois à chaud, basées sur ma connaissance de l'histoire du pays, de sa situation présente et sur ma culture générale, toutes étant forcément limitées et, en tout cas, relatives. Ces réflexions n'engagent que ma personne, ne représentent aucun parti ou groupe organisé et ne se rapportent à aucun projet politique établi. Ce sont les simples réflexions d'un citoyen intéressé au devenir de son pays et concerné par le sort de son peuple qui voudrait apporter quelque chose à l'un et à l'autre, mais qui n'a rien d'autre à offrir à part ces cogitations.

Monday, February 7, 2011

Candide

Après avoir entendu tant d'éloges pour la sortie du ministre de l'intérieur sur Hannibal TV, y compris de la part de mon propre fils, j'étais curieux d'écouter ce qu'il a pu dire de si extraordinaire pour mériter des satisfécits de toutes parts, un commentateur enthousiaste n'hésitant pas à le qualifier de "nouvelle vedette du petit écran" ! J'ai donc retrouvé la vidéo* de cette fameuse émission et je dois dire qu'elle valait d'être vue et écoutée. Non pas tellement pour la qualité des positions et opinions exprimées. Bien au contraire, certaines de ces dernières et non des moindres m'ont laissé pantois. Sauf le respect qu'on doit à un ministre en exercice, je dirai même qu'elles témoignent d'une étroitesse de vue, d'une superficialité, voire même parfois d'un racisme primaire, en un mot, d'une vision du monde bien en deçà de celle de n'importe quel individu issu de ces masses pour lesquelles l'honorable ministre ne cache nullement son mépris.
D'ailleurs, son discours est à ce titre tellement exemplaire que c'est la première vidéo qui m'est parue digne d'être signalée sur ce blog. Je me contenterai de vous renvoyer à ses propos sur le siège de la Kasbah et ceux qui l'ont mené (sans lesquels il ne serait pas lui-même ministre aujourd'hui, soit dit en passant, il l'a probablement oublié ou plus simplement ne s'en est pas rendu compte) et la délicieuse comparaison dédaigneuse qui lui fait opposer ses quantités insignifiantes à l'importance d'une usine de câblages ! Ou encore cette autre délicieuse comparaison de la démocratie accordée à un suédois avec celle offerte à un somalien ! Notez bien le choix des nationalités ! D'ailleurs, les somaliens en ont pris pour leurs grades tout au long de cette émission remarquable à tout point de vue (Gaza n'a pas été en reste d'ailleurs... je vous dis écoutez et appréciez !)...
Tout cela me navre comme je suis stupéfait par l'accueil chaleureux qui a été fait à ces déclarations saluées avec une telle unanimité que j'ai cru moi-même devoir saluer l'initiative, regrettant seulement qu'elle n'eût pas pour cadre la chaîne publique nationale. Mais, si c'est bien la nature de ces déclarations et d'autres encore qui m'a interpellé pour écrire ce témoignage, ce n'est pas pour exprimer mon indignation face à leur contenu et fustiger leur auteur que je le fais. Bien au contraire, c'est pour le saluer bien bas. C'est à lui qu'est dédié le titre de cette chronique et, contrairement à ce que l'on pourrait penser, il n'y a aucune ironie derrière. D'ailleurs, ce titre peut aussi bien être pris au sens d'une référence au fameux personnage de Voltaire que dans son acception première dans la langue du pré-nommé avec toutes ses nuances et ses dérivations multiples du propre au figuré. Ouvrez un bon dictionnaire de la langue française et vous comprendrez mieux mon propos.
Par son discours scandaleux, monsieur Rajhi nous a administré une formidable leçon de candeur. Un discours vrai, sans détours ("sans gants" comme on dit chez-nous) qui est une belle antithèse de la fameuse "langue de bois", terme tellement rabâché et banalisé depuis quelque temps que je me demande si tous ceux qui en usent et abusent en connaissent vraiment le sens exact. Le discours d'un homme sans expérience politique, celle-là même dont on tenait tant à ne pas nous priver et surtout se priver en voulant garder les anciens ministres. Bref, le discours d'un homme qui n'a rien d'un politicien et qu'on peut croire sur parole plus que tout autre beau parleur qui ne cesserait de rendre hommage au peuple, saluer la mémoire des martyrs de la révolution, jurer ses grands dieux qu'il fera honneur à l'un et aux autres... Vous les reconnaîtrez sans peine, ces hommes de tous bords dont il n'est pas un seul qui n'ait sacrifié aux nouveaux rites discursifs du politiquement correct, y compris ceux contre qui ce peuple s'est soulevé et dont les martyrs en question n'ont donné leurs vies que pour s'en débarrasser et nous en débarrasser, ceux qui n'ont rien apporté à cette révolution et n'ont d'autres mérites que celui de savoir être là où il faut quand il faut et dire ce qu'il faut pour tirer les marrons du feu et tous les autres profiteurs, opportunistes et girouettes de tout acabit. Monsieur Rajhi, lui, n'appartient à aucune de ces catégories et il appartient encore moins à celle des politiciens et autres fins tacticiens, idéologues et j'en passe. Il parle avec la même sincérité quand il snobe les somaliens ou ces hordes venues déranger l'ordre et la quiétude des gens bien que lorsqu'il nous apprend qu'il a failli y laisser la peau parce qu'il n'a pas compris à temps qu'il ne suffisait pas de changer de ministre pour changer de ministère, de même que quand il nous racontait en toute simplicité comment, sans pour autant y laisser sa peau, il y a quand même laissé son manteau, ses lunettes et son portable.
Voilà un homme pour qui je pourrais voter un jour, non parce que j'aime ses idées et ses mots, mais parce que je sais qu'il ne me racontera pas des bobards et que je peux prendre ce qu'il me dit pour de l'argent comptant.
C'est peut être à votre tour d'être scandalisés. Ne le soyez pas si vite ! Allez donc relire ou réécouter le discours d'un autre (ex) ministre de l'intérieur un certain 7 novembre et vous serez peut-être plus indulgents, d'abord pour moi, ensuite pour monsieur Rajhi. Pourvu qu'il démentisse un certain Mansour Moalla et qu'il n'apprendra pas "son métier" aussi vite que ce dernier le pense. En tout cas, pas avant la fin des six mois de la "transition".

* : Après avoir perdu le vidéo en question pour cause de reconstitution des liens sur le site Mayfootekchay, j'ai fini par la retrouver. Pour plus de sûreté, cette fois, j'ai pris soin d'en garder une copie sur mon pc afin d'éviter de nouvelles mauvaises surprises.

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