Précision

Ce que que vous lisez ici, ce sont mes impressions, parfois à chaud, basées sur ma connaissance de l'histoire du pays, de sa situation présente et sur ma culture générale, toutes étant forcément limitées et, en tout cas, relatives. Ces réflexions n'engagent que ma personne, ne représentent aucun parti ou groupe organisé et ne se rapportent à aucun projet politique établi. Ce sont les simples réflexions d'un citoyen intéressé au devenir de son pays et concerné par le sort de son peuple qui voudrait apporter quelque chose à l'un et à l'autre, mais qui n'a rien d'autre à offrir à part ces cogitations.

Friday, October 14, 2011

Ma campagne électorale : spot 5

J'ai peut-être trop parlé de la constitution. Mais, il ne faut pas oublier qu'il s'agit de l'élection d'une assemblée constituante. Pourtant, ma revue des questions aura été loin d'être exhaustive. Je n'ai fait qu'aborder certains aspects de la constitution, faute de compétence, il faut l'avouer, pour aborder toutes les questions, mais aussi faute de temps et parfois de pertinence. Comme je n'ai cessé de le dire, je demeure très sceptique sur la portée effective des textes, quels qu'ils soient, qu'il s'agisse de lois, y compris la loi fondamentale, de chartes, de programmes, plans ou discours de toute sorte. Il ne peut s'agir, au mieux, que de référents, d'indicateurs, l'essentiel se décidant ailleurs, sur le terrain, au niveau des actions, chez les masses et les individus et, d'abord, dans les têtes.
Il suffit de voir le style oratoire souvent mal inspiré de mes concurrents (je veux dire les candidats pour de vrai dont la télévision nous diffuse les spots à longueur de journée), le caractère "dissertif" de leurs textes souvent probablement écrits par d'autres dans un langage inaccessible au commun des mortels et lus à une vitesse V et leur ton déclamatoire (certains d'entre eux crient carrément à tue tête pour ne pas employer un autre vocable peu élégant !) pour voir combien on en est loin...
C'est le scepticisme qui explique le fait que je n'aie pas abordé les verrous qu'il conviendrait de mettre en place pour empêcher de nouvelles manipulations de la constitution du genre de celles entreprises tour à tour par Bourguiba puis Ben Ali.  Bien sûr, on parle à droite et à gauche d'un conseil constitutionnel ou d'une cour constitutionnelle qui aurait pour tache de veiller sur la constitutionnalité des lois et sur l'intégrité de la constitution. On peut encore ajouter des conditions draconiennes pour la proposition d'amendements constitutionnels et leur adoption. On pourrait par exemple limiter la prérogative de soumettre des projets d'amendement au seul parlement en exigeant une proportion minimale de ses membres (la moitié, la majorité absolue ?), relever la majorité requise pour l'adoption de tels amendements (les trois quarts ?), multiplier les lectures... Rien n'y fera ! On sait de triste expérience avec quelle facilité les différentes précautions sont déjouées, une fois qu'on a imperceptiblement glissé vers la dictature.
J'aurais pu évoquer la question du découpage politique (et économique) du pays et la nécessité de le revoir et notamment le besoin de décentralisation et de rééquilibrage des focalisations régionales. Différentes propositions intéressantes ont été formulées par d'autres candidats à ce propos, de sorte que je n'ai rien de mieux à proposer. Ce qui importe le plus à ce propos, ce sont les moyens qu'on pourrait et voudrait bien mettre au service des nouvelles structures proposées. Des conseils régionaux élus, c'est une bonne idée. Encore faut-il voir quels budgets leurs seront alloués et d'où ces budgets proviendront : des ressources du pays brassées et reventilées par l'état central ou des ressources propres des régions ? La réponse à cette question et à d'autres du même ordre est loin d'être simple ni dénuée de tout caractère problématique, voire de risques...
Peut-être une dernière mise en garde avant de quitter ce sujet.  Il importe d'éviter comme la peste, autant que faire se peut, les entités abstraites et les notions floues qu'on a trop tendance à ériger comme des sortes de statues devant lesquelles tout le monde doit se prosterner, les textes des constitutions présentant un terrain de prédilection pour les ériger. Il suffit de penser à ces sermons dégoulinants de solennité et... d'hypocrisie sur "l'intérêt supérieur de la nation". Rien de plus redoutable, de plus trompeur que ces mots flanqués d'une majuscule tels que "la Nation", "la Patrie", "le Pays", "la Tunisie" ou encore "le ¨Peuple". Derrière ces nébuleuses, il se cache toujours quelque intérêt d'un groupe ou même d'un individu (Souvenez-vous, compatriotes !). Il suffit de penser que ces entités sont censées englober pêle-mêle dans le même panier Belhassen Trabelsi et Mohamed Bouazizi, Sakhr El Matri et Massoud Saâdalla (qui peut être n'importe quel pauvre bougre condamné au chômage et  à la misère, ne possédant déjà presque rien à l'origine et qu'on a dépossédé du tout petit bien qu'il avait), les tortionnaires du ministère de l'intérieur et Zouhayr Yahyaoui... Vous pouvez multiplier les exemples à l'infini. Et gare surtout au "recyclage" des morts dont on est si friand et qu'on invoque à tout moment pour justifier les basses manœuvres de certains vivants, spolier les droits ou clouer le bec d'autres vivants, les Hached, Bourguiba même et maintenant "les martyrs de la révolution". Il n'est pas jusqu'à leurs assassins qui ne les évoquent avec des trémolos dans la voix !

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