Précision

Ce que que vous lisez ici, ce sont mes impressions, parfois à chaud, basées sur ma connaissance de l'histoire du pays, de sa situation présente et sur ma culture générale, toutes étant forcément limitées et, en tout cas, relatives. Ces réflexions n'engagent que ma personne, ne représentent aucun parti ou groupe organisé et ne se rapportent à aucun projet politique établi. Ce sont les simples réflexions d'un citoyen intéressé au devenir de son pays et concerné par le sort de son peuple qui voudrait apporter quelque chose à l'un et à l'autre, mais qui n'a rien d'autre à offrir à part ces cogitations.

Monday, May 9, 2011

A quoi bon se répéter ?

Un flou pas artistique du tout

Faut-il se réjouir de la dissolution de la police politique ?

Le gouvernement de la révolution ou celui du "changement" ?

Les acquis de la révolution

On se paie notre tête ?

Les trois vérités de monsieur Caïed Essebsi

Friday, May 6, 2011

Encore un qui ne sait pas se taire

Décidément, c'est la chose la mieux partagée entre politiciens et autres politicards tunisiens. En dépit des faits connus du passé et des lourds soupçons du présent sur le rôle que monsieur Kamel Ltaïef peut avoir joué auprès des puissants d'hier et continuerait de jouer auprès de ceux d'aujourd'hui, les allégations de monsieur Farhat Rajhi à ce sujet ne pouvaient être considérées, au mieux, que comme des allégations à prendre avec toutes les réserves d'usage. Or, non content de s'être trahi une première fois dans son accès de colère noire sur les ondes de Mosaïque FM (voir le lien dans l'article précédent), M. Ltaïef a remis ça sur l'antenne de Nessma TV cette fois-ci, à une heure de grande écoute. Nul besoin cette fois-ci d'une diffusion sur Facebook. Dans une nouvelle envolée, M. Ltaïef vient de déclarer le plus spontanément du monde que la période de 1987 à 1992 (période à laquelle il était soupçonné d'avoir été l'éminence grise du régime par qui passait toutes les décisions importantes et qui faisait et défaisait les gouvernements) a été "la période d'or" du régime de Ben Ali " أعز فترة في حكم بن علي". Période faste due à ses bons offices auprès du maître ! Tiens, je ne le savais pas. Et moi qui croyais savoir qu'entre autres hauts faits de la période en question figurait la falsification des premières élections "pluralistes" de "l'ère nouvelle" annoncées en grandes pompes, la plus féroce vague de répression politique que la Tunisie moderne ait jamais connue et, si ma mémoire ne me joue pas des tours, la condamnation par contumace dans l'affaire de la couscous connection de feu Moncef Ben Ali, le frère du président que ce dernier décida de soustraire à la justice française comme il décida de lui soustraire des années plus tard le petit neveu gâté voleur de yachts...

Thursday, May 5, 2011

La "bombe" de monsieur Rajhi

Ce fut un long silence au point que je ne me souviens plus du titre de ma dernière chronique ni de sa date. Les raisons de ce silence sont des plus banales. Occupations et soucis de la vie courante d'ordre professionnel ou privé qui non seulement m'empêchent d'écrire en ne me laissant pas le minimum de temps et de disponibilité mentale nécessaires à cet exercice tel que je le conçois, mais ne me permettent même pas de suivre de près ce qui se passe ou ne se passe pas dans le pays, même si j'ai l'impression que c'est la dernière alternative qui est à retenir, ce qui m'amène à énoncer la deuxième raison. Bien sûr il y a eu le premier produit de l'instance de monsieur Ben Achour (sa dénomination officielle est autant pompeuse qu'insignifiante que je n'ai jamais su la retenir ni n'en ai eu envie) avec deux choix majeurs qui risquent d'avoir des conséquences néfastes, à savoir celui en faveur du scrutin de liste et la fameuse parité. Encore faut-il que le texte en question avec l'ensemble de ses options soit entériné par les instances du pouvoir provisoire et consacré dans un texte de loi officiel. Mais qu'y avait-il à dire alors que le mal était fait ou presque (en tout cas, si le projet devait subir quelque altération, elle ne concernerait probablement pas ses aspects les plus contestables et contestés qui, en toute vraisemblance, ne sont pas pour déplaire à M. Caïed Essebsi et consorts). Il y a aussi la sempiternelle cacophonie animée par les islamistes et autour d'eux (sempiternelle parce qu'elle ne fait que commencer et qu'elle m'a tout l'air d'être promise à un avenir florissant). Mais, là, sans avoir consacré un article à la question (j'en ai néanmoins consacré deux au thème "politique et religion"), je crois m'être déjà exprimé sur la question en des termes sans équivoque et ne pense pas avoir plus à dire sur ce chapitre. L'avenir (pas si lointain) se chargera de le faire pour ceux que ne suffit pas à convaincre ce que nous dit le passé récent et moins récent et le simple bon sens..
Il aura fallu qu'on publie la vidéo de l'ex-ministre de l'intérieur pour apporter une agitation réelle à la mare par ailleurs calme, en dépit de tous les gigotements mentionnés ci-dessus, et pour m'obliger à sortir de mon mutisme. Que nous apprennent les confessions de monsieur Rajhi et quelle signification leur accorder ?

Thursday, April 21, 2011

L'art d'enfoncer les portes ouvertes ou montrer pour mieux cacher : A propos d'une émission télévisée

Le dossier diffusé hier soir par la première chaîne de télévision tunisienne sur l'ancien président rappelle à bien des égards ce fameux reportage filmé en compagnie des membres de "la commission d'enquête sur la corruption" dans l'un des palais présidentiels et diffusé par la télévision le 19 février dernier (voir mon article). Le trait commun entre les deux émissions réside dans le sensationnalisme dans lequel certains journaux tristement connus étaient passés maîtres bien longtemps avant janvier 2011. Dans les deux cas, le premier objectif recherché est clairement celui d'émouvoir, de choquer, d'épater, de scandaliser, bref d'en mettre plein les yeux aux naïfs et peut-être même aux moins naïfs, de manière à entretenir la double illusion d'une information enfin libérée et d'un changement radical de régime. Est-il un meilleur moyen pour faire passer de telles illusions, finalement à peu de frais, que de tirer sur un mort, de pointer un doigt accusateur sur celui dont la culpabilité est avérée et étayée depuis belle lurette, de dénoncer celui qui s'est condamné lui-même en prenant ses jambes à son cou ? Qui des tunisiens ne sait pas aujourd'hui qui est Ben Ali, comment il a accédé au pouvoir et comment il a gouverné le pays au cours des 23 ans passés ? Même les moins informés, les moins politisés qui ont pu rester dans l'ignorance la plus totale à ce sujet jusqu'aux événements récents, aussi improbable que soit leur existence et aussi rares qu'ils puissent être, auront été généreusement servis par tous les moyens d'information et de communication déchainés depuis le 14 janvier pour profiter à qui mieux mieux de l'aubaine offerte. Présenter l'ex-président comme un satyre dépravé, trafiquant de drogue, agent du Mossad n'ajoute rien à son véritable passif et n'a pour effet que de faire douter un téléspectateur moyennement averti du sérieux de "l'enquête". Invoquer comme sources des documents "top secret" de l'état tunisien, voire même de la CIA (Sic !) ne mérite, au mieux, qu'un sourire désabusé et apitoyé sur le manque de métier de celui qui a concocté cette émission. Prendre d'anciens collaborateurs du dictateur déchu dont on ne peut même pas dire que c'étaient "des technocrates aux mains propres et aux idées neutres" finit par enlever le moindre soupçon de crédit à l'entreprise.

Wednesday, April 20, 2011

Les acquis de la révolution 2

Je n'ai pas vraiment changé d'avis depuis la publication du premier article ayant le même intitulé. Rien dans ce qui se passe sur la scène politique tunisienne n'incite à plus d'enthousiasme. Loin de là, à mon humble avis que j'espère de tout cœur erroné, tout, au contraire, évoque la morosité. Il s'agit seulement d'une autre perspective toute différente et qui pourrait, à la limite, être plus importante pour l'avenir du pays et des gens qui le peuplent. En effet, si dans mon premier article, j'ai essayé de remettre les pendules à l'heure en essayant de dresser un bilan tout à fait provisoire de ce qui a ou n'a pas été réalisé sur le plan politique de ce qu'on était en droit d'escompter suite au soulèvement populaire qui a amené la chute du président aujourd'hui en fuite et compte tenu de l'ampleur même de ce soulèvement et des sacrifices qui en ont été le prix, soit indiquer la différence entre ce que les gens pouvaient espérer obtenir et ce qu'ils ont effectivement obtenu, ce que je me propose de faire aujourd'hui, c'est d'essayer de faire le point de ce que ces mêmes gens ont tiré d'eux-mêmes, de leur fond propre, qu'ils se sont offert les uns aux autres et ont offert au pays tout entier, voire bien au-delà.

Thursday, April 7, 2011

Bourguiba et Ben Ali

Le jour anniversaire de la mort du leader historique, premier chef d'état de la Tunisie indépendante, a été marqué par des célébrations variées et inédites qui contrastent avec l'indifférence générale qui a systématiquement accompagné les anniversaires précédents. Ces célébrations et les hommages appuyés rendus au défunt président devaient servir de revanche posthume pour ce dernier sur celui qui l'avait détrôné pour lui succéder, tout en marquant la mort politique en attendant celle physique de celui-ci. Juste retour des choses, dira-t-on. Certes. Mais, a-t-on vraiment besoin dès qu'on a destitué un despote d'en réhabiliter un autre ? Est-on condamné à ne jamais déboulonner une statue sans en élever ou rétablir une autre ? Toute la question est là.

Wednesday, April 6, 2011

L'insécurité, mythe ou réalité ? Comprendre l'incompréhensible

C'est le thème le plus constant qui n'a pas cessé un seul jour d'être d'actualité depuis un certain 14 janvier qui a vu le départ précipité et surtout inattendu de l'ex-président de la république. Pourtant, plus de deux mois et demi se sont écoulés depuis qui ont été riches en événements et  en rebondissements et qui ont vu défiler trois hommes successifs au fauteuil de ministre de l'intérieur. Il n'en demeure pas moins que la situation ne semble guère s'améliorer et l'on peut même craindre qu'elle ne demeure longtemps incertaine et instable. Or, si un mélange de flottement, d'agitation et de manœuvres diverses était à la fois prévisible et compréhensible ou, du moins, explicable dans les jours qui ont suivi le tremblement de terre du 14 janvier, on ne peut ni comprendre ni trouver de justification à la persistance de l'insécurité bien au-delà de cette période initiale.

Sunday, April 3, 2011

Laïcité, islam et politique : retour sur quelques errements et contre-vérités

Ce retour est devenu nécessaire, tant les attaques contre tout ce qui s'en rapproche ou tourne autour, non seulement contre ceux qui se disent favorable au principe, mais même ceux qui ne font que soulever la question, sont multiples, intenses et féroces. D'ailleurs, phénomène remarquable, ces attaques viennent de toutes parts ; elles ne proviennent pas seulement de là où c'est prévisible et, à la limite, compréhensible (du moins en se mettant dans la peau des concernés), à savoir les islamistes, mais même de la part de personnes apparemment modérées qui se disent seulement musulmanes. Pourquoi cet acharnement "de coalition" ? Pourquoi ce raidissement dès qu'on évoque la question qui revient à refuser le débat même, le déclarant inopportun, inapproprié ou simplement sans objet ? La réponse qui me semble évidente réside dans toutes les horreurs et les fausses-vérités qu'on a pu raconter sur le compte de la laïcité et des laïcs dans un semblant de débat où l'ignorance le dispute à la mauvaise foi.

Wednesday, March 30, 2011

Les trois vérités de monsieur Caïed Essebsi

L'intervention télévisée de monsieur Essebsi et ses réponses aux questions des journalistes qui l'ont interviewé sont fort instructives et très révélatrices sur sa vision des choses. Passons ensemble en revue quelques unes de ces vérités telles qu'il les a énoncées lui-même ou telles qu'elles peuvent s'inférer de son discours.

Monday, March 28, 2011

On se paie notre tête ?

Deux informations récentes, la première officieuse qui reste à confirmer, la deuxième tout ce qu'il y a de plus officielle, m'amènent à me poser la question et laissent planer le doute sur la nature du pouvoir "provisoire" qui dirige le pays en ce moment et sur la part de transparence et d'opacité dans son mode de fonctionnement et ses agissements.
Hier, on pouvait lire sur le blog de Nicolas Beaud qui n'est tout de même pas n'importe qui et dont la qualité et les relations incitent à prêter un certain crédit aux informations qu'il rapporte, même si la prudence demeure de rigueur, qu'un certain Kamel Ltaïef conseillerait le premier ministre actuel. Inutile de rappeler qui est monsieur Ltaïef et quel rôle il a joué à une certaine époque dans le régime de Ben Ali (avant l'avènement des Trabelsi comme un clan tout puissant au sein de ce même régime). Ce pays est-il donc condamné à être gouverné par des conseillers plus ou moins visibles, toujours influents et dont l'influence ne dit rien qui vaille, hier, sous Ben Ali, les Rouissi, Mdhaffar, Kallel, Ben Dhia, plus récemment sous monsieur Ghannouchi, un certain Karoui appelé à la rescousse par le même Ben Ali avant de succomber, aujourd'hui sous monsieur Caïed Essebsi un autre homme fort du passé, puissant parmi les puissants, dont on dit qu'il faisait la pluie et le beau temps "au pays du jasmin" avant d'être détrôné par plus fourbe, plus gourmand et plus féroce...?

Saturday, March 26, 2011

Les acquis de la révolution

Cette expression issue du répertoire discursif qui a fleuri depuis le 14 janvier 2011 est (avec d'autres qu'on n'aura aucune peine à identifier) l'une des expressions les plus répandues aujourd'hui sur la scène politique et médiatique tunisienne. Tout le monde en parle de ces "acquis" et tout le monde veut, promet, se jure de les protéger, à qui mieux mieux ! Il suffit de voir les déclarations et (quand ils en ont) les programmes des partis politiques de l'ère nouvelle. Une si belle unanimité tendrait à nous faire croire que ces acquis, non seulement ils existent, mais ils sont connus de tous et qu'ils sont surtout nombreux ou du moins plusieurs, importants et déterminants, voire fondamentaux et décisifs, et de ce fait précieux. Or, l'incrédule que je suis a beau scruter l'horizon le plus proche (celui que me permet de déceler ma vision très limitée ; d'ailleurs, j'en profite pour lancer un appel d'ici même à tous ceux qui ont une meilleure vison que la mienne à ne pas hésiter à éclairer ma lanterne), se creuser les méninges, passer en revue les événements, éplucher les décisions, les annonces et toutes les informations qui me sont parvenues du pays par le biais de la télévision, de la radio et des pages web (il est vrai que je n'ai pas de compte facebook ou twitter, c'est peut-être là qu'il fallait chercher), je n'ai réussi à repérer aucun de ces acquis ni fondamental ni accessoire, ni décisif ni sans effet tangible, ni durable ni même provisoire...

Sunday, March 20, 2011

Catch-22

Cette expression idiomatique anglaise désigne le dilemme parfait. En bon arabe tunisien, on dirait :
كان هزّيتيها تندمي وكان خلّيتيها تندمي
ou encore, pour utiliser un langage plus moderne, peut-être plus citadin :
منّا سخونه ومنّا تحرق
et c'est tout à fait le cas en ce qui concerne les évènements de Lybie et la position à adopter au regard de l'intervention militaire occidentale. Depuis la première évocation de son éventualité, j'ai tout de suite vu le dilemme et je dois avouer que, plusieurs semaines après, maintenant que l'intervention en question n'est plus une simple éventualité/hypothèse/proposition, mais bien une réalité, j'avoue que je ne suis guère plus avancé. Vous me direz que cela n'a pas vraiment d'importance dans la mesure où mon avis qui n'engage que moi comme me le rappelait récemment une consœur blogueuse (à propos de tout autre chose) ne risque d'avoir aucune conséquence d'aucune sorte, aucun impact sur les événements et leurs protagonistes et pas ou très peu d'effet sur l'avis des autres, ceux qui comptent par leur nombre ou par leurs statuts. Et vous aurez raison. D'ailleurs, n'est-ce pas valable pour toutes les questions traitées ici ? Tout ce que je peux penser ou écrire n'a pour mon malheur et pour le bonheur des concernés aucune portée sur le cours des choses et n'a de signifiance que pour moi-même, témoin perdu dans la blogosphère. Mais, à y regarder de plus près, à quelques nuances près, nuances parfois de taille, certes, il en est de même pour une multitude d'autres témoins perdus qui s'expriment ça et là et témoignent, chacun de son côté, sans que personne ne le leur ait demandé. Après tout, pris individuellement, notre poids est, certes, tout à fait insignifiant, mais mis ensemble, nos témoignages, nos avis ont peut-être ne serait-ce qu'un tant soit peu de poids. Comme dans le monde réel, c'est aussi comme cela que se forme ce qu'on appelle "l'opinion publique", du moins on l'espère...

Thursday, March 17, 2011

Le gouvernement de la révolution ou celui du "changement" ?

La question mérite bien d'être posée au vu de ce qui se passe. Le "changement", c'est le mot utilisé par M. Caïed Essebsi dans une déclarations à l'occasion de son récent voyage en Algérie et au Maroc, mon premier, dit-il "depuis le changement". Simple lapsus ? Je crains bien que non ou, si c'est un lapsus, il est bien révélateur de l'état d'esprit non seulement du premier ministre actuel, mais bien celui de tout son gouvernement, voire d'une bonne partie de la classe politique en général, l'opposition "légale", "légaliste", "officielle", classique, appelez là comme le voulez ! Pour s'en convaincre, il suffit de se remémorer les agissements et les déclarations de M. Ahmed Nejib Chebbi qui ne se priva pas de rappeler lui-même qu'il avait accepté l'idée d'un "gouvernement de salut national" la veille du départ de Ben Ali, soit sous Ben Ali même, de sorte que l'on peut extrapoler et le qualifier de gouvernement "de changement" et non de rupture.

Saturday, March 12, 2011

Pourquoi un état laïc ?

On sait que le thème est l'un des plus actuels et qu'il fait couler beaucoup d'encre et de salive (tous les liquides sont permis hormis le sang et... l'acide) suscitant parfois un débat sensé, souvent échanges d'insultes et dénigrements de toutes sortes. Loin de moi la prétention de me placer au-dessus de la mêlée parce que je suis concerné par ce débat et que j'ai mon propre parti pris. Je me propose  seulement d'essayer d'exposer mon point de vue sans verser dans les excès pré-cités que je ne saurais partager quel que soit l'auteur ou la cible.
La question fondamentale se résume, à mon avis, à  savoir si l'on doit inscrire dans le texte de la constitution un énoncé qui déclare une religion, en l'occurrence l'islam, religion de l'état (tunisien) ou non. Vue comme ça, la question paraîtrait très simple et elle peut susciter les protestations véhémentes tant de ceux qui prétendent que la réponse est évidente (vous imaginez lesquels) que de ceux qui peuvent aussi bien dire : "Mais ce n'est qu'une pure formalité. Pourquoi en faire tout un plat et réveiller les démons qui dorment ?". Or, il n'en est rien car de cet énoncé bref à l'apparence inoffensive sinon purement symbolique, découlent des conséquences incalculables et des implications bien graves.

Tuesday, March 8, 2011

Faut-il se réjouir de la dissolution de la police politique ?

La question peut paraître déplacée à voir la satisfaction générale suscitée par l'annonce de cette décision et quand on sait qu'il s'agissait là de l'une des principales revendications de la rue et des milieux de l'opposition au cours des récentes semaines. Satisfaction et revendication légitimes, compte tenu des atrocités que cet appareil a commises à l'encontre de bien des centaines, voire des milliers de tunisiens au fil des décennies, déjà sous le règne de Bourguiba (y compris à une époque où l'actuel premier ministre était directeur de la sûreté puis ministre de l'intérieur, faut-il l'oublier ?), ensuite pendant celui de Ben Ali ? Des vies entières ont été brisées au propre et au figuré, le plus souvent pour une simple profession de foi, le plus élémentaire des délits d'opinion, les "coupables" n'ayant rien fait d'autre qu'exprimer leur pensée sur la situation du pays ou sur le compte de ceux qui le gouvernent, rarement pour des actes et si acte il y avait, cela ne dépassait guère la participation à une réunion secrète parce qu'il était hors de question d'essayer de se réunir en public pour parler politique ou la distribution de tracts parce qu'il  était impossible de publier un journal ou de s'exprimer dans l'un de ceux qui existaient déjà. Des carrières ont été brisées, des familles éparpillées et leurs membres harcelés même quand on n'avait rien à leur reprocher à part leurs liens de parenté avec "les lépreux"...