Précision

Ce que que vous lisez ici, ce sont mes impressions, parfois à chaud, basées sur ma connaissance de l'histoire du pays, de sa situation présente et sur ma culture générale, toutes étant forcément limitées et, en tout cas, relatives. Ces réflexions n'engagent que ma personne, ne représentent aucun parti ou groupe organisé et ne se rapportent à aucun projet politique établi. Ce sont les simples réflexions d'un citoyen intéressé au devenir de son pays et concerné par le sort de son peuple qui voudrait apporter quelque chose à l'un et à l'autre, mais qui n'a rien d'autre à offrir à part ces cogitations.

Saturday, December 17, 2011

Austérité, efficacité, rigueur

Tels sont apparemment les mots d'ordre du nouveau gouvernement qui se laissent deviner rien qu'à voir sa composition quasi-officielle qui circule sur la toile....

Thursday, December 1, 2011

Les nouveaux Fausts : ce qui n'a (peut-être) pas été dit sur la "petite constitution"

La publication du projet du texte qui doit organiser les pouvoir publics pendant la période que durera l'élaboration de la constitution* et en attendant la mise en place des structures de pouvoir définitives de la nouvelle république a suscité un grand émoi qui est, certes, pleinement justifié, tant ce texte représente une couleuvre tellement géante que même ceux qui sont censés avoir contribué à son élaboration figurent parmi les premiers étonnés s'il ne sont pas carrément offusqués ! Or, si je dois avouer d'emblée, par précaution, que je ne prétends pas être au courant de tout ce qui a pu s'écrire ou se dire sur le sujet (et, à ce titre, peut-être que je ne vais faire rien d'autre dans ce billet qu'enfoncer des portes ouvertes), dans le peu que j'ai pu voir ou entendre et à en croire les échos véhiculés par la télévision, les divergences et récriminations ne concerneraient que le mode d'adoption de la constitution et les pouvoirs dérisoires attribués au chef de l'état par rapport à ceux excessifs dont hériterait le chef du gouvernement ainsi que la majorité requise pour renverser le gouvernement. Ainsi, la pomme de discorde se résumerait aux seuls articles 5 et 8 de ce texte qui compte, au moins, 22 articles dans la version que j'ai pu lire sur le site du journal As-sabah ** et, mon dieu, les articles où il y a à boire et à manger sont bien plus nombreux.
Ce que je propose ici n'est qu'une lecture somme toute rapide de ce texte fort intéressant et riche en enseignements qui se base sur sa version arabe qu'on peut consulter ici. La traduction française de toutes les citations est une traduction personnelle qui n'a naturellement aucun caractère officiel. Je crois cependant maîtriser assez bien les deux langues (source et d'origine) et être suffisamment qualifié de par ma formation et ma profession mêmes pour en offrir une traduction assez fiable. S'il y a à redire, il suffira de me montrer l'erreur, le texte arabe faisant toujours foi (d'ailleurs, si le temps m'en est donné, il n'est pas impossible que je réécrive le présent article en arabe).
Mais, permettez-moi tout d'abord de revenir au titre et à l'image qu'il évoque et qu'on voudra bien me passer en ces temps de religiosité ambiante pour interpeler les dupes de ce marché car dans, ce genre de transaction, le tort ne revient jamais au diable qui ne fait rien d'autre qu'exercer sa profession consistant à poursuivre ses desseins qui ne doivent servir personne d'autre que lui-même en damnant les gens de vertu et même le fait de se montrer sous des traits d'ange fait partie de ce rôle. S'il faut donc en vouloir à quelqu'un, ce n'est certainement pas au diable qui est indéfectiblement fidèle à l'essence de son être, mais bien à soi-même pour avoir été trop naïf ou trop gourmand. Aussi, convient-il de demander à ces vertueux démocrates alliés à Ennahdha qui se prennent tout d'un coup à rechigner : "Mais, ce texte, ne l'avez-vous pas préparé vous-mêmes avec vos partenaires ? N'en avez-vous pas au moins pris connaissance avant qu'il ne soit publié ou bien le découvrez-vous en même temps que nous, pauvres électeurs et même pas élus minoritaires exclus des longues "consultations" qui ont précédé la convocation de l'assemblée constituante couronnées par une conférence de presse où vous nous annonciez à l'unisson que vous étiez d'accord sur tout ? Certains d'entre vous (et il ne s'agit pas d'élus d'Ennahdha) n'ont-ils pas déclaré dans leur magnanimité extrême que s'ils l'avaient voulu, ils auraient pu faire passer ces textes au vote sans s'embarrasser d'un débat en plénière et encore moins de discussions en commission et que s'ils ne le faisaient pas, c'était seulement par respect pour la démocratie et par souci de consensus ?!". Si vous étiez au courant de tout et d'accord sur tout, pourquoi vous rebiffer maintenant (à ce propos, Samir Dilou a parfaitement raison). Si vous n'étiez même pas au courant, alors, sur quelle base avez-vous conclu un accord de coalition parlementaire et de gouvernement avec ces gens ? Sur celle de la seule distribution des trois présidences (on ne peut même pas y inclure les portefeuilles de ministres, puisqu'on sait qu'il n'y a jamais eu accord là-dessus) ? Allons, messieurs ! Soit, vous saviez déjà ce que vos alliés vous avaient mijoté et vous n'avez pris (partiellement) conscience de sa portée que maintenant et cela témoignerait d'une ingénuité sans pareille et surtout impardonnable pour les vieux briscards de la politique que vous êtes. Soit, vous ne saviez même pas, ce qui voudrait dire que vous avez conclu cette alliance sans même savoir sur la base de quels principes et quels programmes et, ça, ce n'est pour le moins qu'on puisse dire ni responsable ni sérieux. Soit, encore, que vous saviez parfaitement de quoi il retournait et que vous vous étiez engagés en connaissance de cause, mais que vous avez changé d'avis ou de considérations en cours de route et une telle posture n'est rassurante ni pour vos alliés d'aujourd'hui ni pour ceux potentiels de demain...
Mais voyons donc ce texte de plus près et essayons d'y déceler ce que vous (et nous) ont concocté vos charmants alliés !
On a pu dire que ce qu'il avait de plus inadmissible, y compris pour vous, c'est qu'il permettait au futur gouvernement d'obtenir la bénédiction de la constituante par la seule majorité absolue alors qu'il exigeait la majorité des deux tiers pour le censurer (c'est à dire pour le faire tomber) tout en accordant des pouvoirs "excessifs" au chef du gouvernement et en réduisant au minimum ceux du président de la république. Tout cela est vrai, mais il ne rend pas compte de toute l'étendue de l'entourloupe pour ne pas parler du désastre institutionnel qu'on nous prépare comme on va le voir immédiatement. On dit aussi que les articles qui posent problème sont l'article 5 (qui définit les modalités de l'adoption de la nouvelle constitution)  et l'article 8 (qui permet à l'assemblée constituante de déléguer dans certaines circonstances "tous ou partie de ces pouvoirs législatifs au chef du gouvernement" et qui stipule que telle décision est prise "à la majorité des membres" sans préciser quel type de majorité ; on suppose que, là aussi, c'est la majorité absolue, à moins que ce ne soit la majorité simple !). Tiens ! Et quid des autres ?
Le rôle du chef de l'état est réduit à celui d'un parapheur dont le paraphe n'est même pas indispensable (puisque au cas où il refuserait de signer une loi votée par la constituante, cette loi est votée une seconde fois dans les mêmes conditions et promulguée directement sans besoin de la signature du chef de l'état). Il est là pour parapher les lois émanant de l'assemblée constituante, ce qui peut se concevoir, mais aussi les décisions du chef du gouvernement sur lesquelles il n'a aucun pouvoir de contrôle ou de pondération (Pour toutes les nominations qui relèvent de ses compétences, il ne peut agir que sur proposition de ce dernier et avec son accord. En d'autres termes, aucune nomination à un poste important ne peut intervenir sans que la personne ne soit proposée par le chef du gouvernement et sans que la décision ne soit avalisée par ce dernier.). Non seulement, le président de la république est réduit au rôle de préposé à l'enregistrement (comme on disait du parlement sous le précédent régime qu'il n'était qu'une chambre d'enregistrement ou encore en anglais a rubber stamp) pour l'assemblée, mais il a exactement le même rôle par rapport au chef du gouvernement qui se trouve ainsi être, de fait, le véritable chef du pouvoir exécutif  sans conteste ! De ce fait, le chef du gouvernement qui coiffe le président de la république (et peut même se substituer à lui en cas d'incapacité temporaire selon l'article 14) et peut se voir déléguer tout ou partie des pouvoirs de l'assemblée constituante, peut pratiquement et beaucoup plus facilement qu'on ne le pense réunir dans ses saintes mains l'ensemble des pouvoirs exécutifs et législatifs. Et dire qu'on veut à tout prix mettre en place un régime parlementaire, soit disant, pour nous débarrasser à jamais des risques de dérive dictatoriale d'un régime présidentiel ! Les pouvoirs dévolus au chef du gouvernement ne sont pas excessifs ; ils sont simplement exorbitants et à même d'en faire... un khalife, un véritable commandeur des croyants au règne sans partage. Jugez-en par vous-mêmes ! C'est lui qui nomme les chefs d'état-major des armées (article 11.4), les "représentants diplomatiques" de l'état tunisien à l'étranger (11.9), les hauts fonctionnaires de l'état (11.10), le mufti de la république (11.11). L'ensemble de l'article 11 est censé énumérer les pouvoirs du président de la république, mais, en fait, la formule utilisée à chaque fois est "Le président de la république nomme sur proposition du chef du gouvernement et avec son accord...". En clair, c'est ce dernier qui nomme et le premier doit simplement signer la décision. Mais, ce n'est pas fini. Ce véritable Big Brother a également le pouvoir de "créer, modifier ou supprimer les ministères, les entités d'état, les offices, entreprises ou établissements publics ainsi que les services administratifs et en déterminer les prérogatives et compétences" (article 17). Rien de moins ! A ces fins, "il publie les décrets qu'il signe après concertation du gouvernement et information du président de la république" (ibid).
Sur la foi de ces dispositions, un scénario tout à fait possible (mais bien sûr, en partenaires loyaux et soucieux du consensus, les frères d'Ennahdha ne feront jamais de la vie une vacherie pareille à leurs alliés), Ennahadha n'aurait besoin que du soutien d'une vingtaine de députés d'autres partis (moins de la moitié de ce que leur assure la présente alliance de gouvernement avec Ettakattol et le CPR) pour faire passer ce texte "de consensus" et introniser son  gouvernement "d'intérêt (voire même d'unité) national(e)" où, en toute vraisemblance, ils se proposent d'occuper tous les postes importants et, une fois ce gouvernement en place, plus personne ne pourra le déboulonner, puisqu'il faudrait la majorité des deux tiers pour le faire tomber et qu'ils ont à eux seuls bien plus du un tiers des sièges. Et, si les alliés s'avisent de ne pas être en accord avec les choix du grand frère, monsieur Jebali n'aura qu'à supprimer les ministères occupés par les vaillants élus du CPR et d'Ettakattol ou à les modifier pour les chasser du gouvernement et en nommer d'autres bien à lui ! D'ailleurs, selon l'article 15, il est dans ses prérogatives de former le gouvernement et d'en "informer le président de la république" qui doit "immédiatement transférer le dossier du gouvernement ainsi formé au président de l'assemblée constituante". Selon ce scénario tendancieux qui ne laisse pas de doute sur la malveillance de son auteur, Ennahdha n'aurait besoin du soutien de ses deux alliés que le temps d'une dizaine de jours à deux semaines, juste ce qu'il faut pour faire passer le texte de loi portant organisation temporaire des pouvoirs publics et voter la confiance au gouvernement et après, tibqa 'ala khis yammi 'aïsha تِبْقَى عْلى خِيرْ يَامِّي عَايشَه !
Mais, attendez ! Ce n'est pas tout.
L'article 6 distingue deux types de lois : celles ayant un caractère "fondamental" et les autres qui sont dites "ordinaires". Les premières sont votées à la majorité absolue des membres de l'assemblée, alors que les autres sont votées "à la majorité des membres présents, à condition que les votes positifs ne soient pas moins du un tiers des membres de cette assemblée". Moi qui suis décidément friand de ces scénarios bizarres (mais pas tellement invraisemblables), je suppose que s'il prend, disons, les membres d'El Aridha et une quinzaine d'indépendants (ou même moins que cela, s'il y a quelques absences fortuites pour cause de maladie, d'un autre empêchement ou de simple manque d'intérêt comme il arrive dans toutes les assemblées du monde) de boycotter une séance plénière de la constituante, de sorte que le nombre des "membres présents" descende à 177 députés, pour que les 89 membres d'Ennahdha dont le sérieux et la discipline, c'est connu, sont exemplaires, puissent faire passer une loi qui n'est pas "fondamentale". Or, quel genre de lois entrent dans cette catégorie pas si importante pour qu'on exige, au moins, la majorité absolue à son adoption ? L'article 7 nous répond :
"Sont considérés des lois ordinaires les textes concernant :
- les modalités générales de mise en application de la constitution, à l'exception de celles qui relèvent des lois fondamentales ;
- la nationalité, l'état (le statut ?) personnel et les obligations ;
- la procédure auprès des différents types de tribunaux ;
- la détermination des crimes et délits ainsi que les peines applicables de même que les infractions pénales si elles sont passibles de peines de privation de liberté ;
(...)
- la détermination de l'assiette fiscale, du taux des impôts et des modalités de leur recouvrement, dans la mesure où ces fonctions ne sont pas déléguées au chef du gouvernement en vertu de la loi de finance ou des lois à caractère fiscal ;
(...)
- les prêts et les engagements financiers de l'état..."
Ainsi, il n'y aurait besoin que de la moitié des élus présents qui peut se limiter au un tiers de l'ensemble des élus pour modifier le code pénal ou le code du statut personnel afin d'interdire l'adoption, restaurer la polygamie, criminaliser la consommation d'alcool ou le port de la mini-jupe ou encore pour inscrire dans la loi pénale les peines édictées dans la charia (les fameux hudúd)...
Le même article 7 stipule que "la loi définit les principes fondamentaux régissant :
- le régime de propriété et des droits naturels ;
- l'enseignement ;
- la santé publique ;
 - le droit du travail et la sécurité sociale."
Mais, il ne nous dit pas sous quelle forme et selon quelles modalités ces lois sont promulguées...
Une fois en place, le gouvernement d'Ennahdha sera libre de tout contrôle autre que celui de ses propres élus.  Les seuls autres organes qui auraient pu prétendre à l'exercice d'une quelconque fonction de contrôle, de vérification ou de régulation, à savoir le tribunal administratif et la cour des comptes sont condamnés en vertu de l'article 4 à exercer leurs compétences "conformément aux lois et dispositions en vigueur concernant leur organisation, leurs attributions et leurs procédures." c'est à dire les "lois et dispositions" mises en place par monsieur Ben Ali car c'est bien ça "les lois et dispositions en vigueur" ou je me trompe ? Il n'y en a pas eu d'autres depuis l'avénement de messsieurs Mbazaâ et Ghannouchi (Mohamed) puis Essebsi ? Comme c'est curieux, on change toutes les règles désuètes du pouvoir prédateur et despotique sauf pour ces deux institutions de contrôle ! Probablement, on a estimé qu'elles pouvaient parfaitement remplir leurs fonctions comme elles ont dû bien les remplir sous Ben Ali...
Je suis obligé de m'arrêter là, faute de temps. En dépit de son caractère incomplet, ce bref survol montre à quel point nos amis d'Ennahdha sont animés de l'esprit de consensus et combien ils sont soucieux d'associer toutes les parties au pouvoir durant la nouvelle phase de transition que le pays va vivre pendant les douze à dix-huit prochains mois comme il montre la cécité de leurs alliés "critiques" (la mienne est insignifiante à côté). Les premiers ne cessent de dire que le gouvernement, les postes, les modalités d'exercice de pouvoir ont peu d'importance en cette période justement à cause de son caractère transitoire, le plus important étant d'élaborer la nouvelle constitution et de parer au plus pressé sur un certain nombre de dossiers brûlants. Si c'est ce qu'ils pensent vraiment, pourquoi cet acharnement maniaque à confisquer tous les pouvoirs et à mettre toutes les cartes entre les mains de leur parti, de leur groupe parlementaire voire d'un seul homme qui est l'heureux élu de leur choix pour présider le gouvernement. Avec ce texte, monsieur Jebali peut envoyer aux oubliettes non seulement Marzouki ou Ben Jaâfar, mais même Rached Ghannouchi en personne...
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* : Comme on peut le voir, à part deux ou trois amendements de fond, le texte définitif adopté au bout d'une semaine de débats aura gardé l'essentiel de son orientation générale initiale et des ses dispositions les plus choquantes.
** : En fait, la version définitive en compte 28.

Wednesday, November 16, 2011

عبد السلام جراد وعبد الفتّاح عمر : جَزّارْ يعَظِّمْ على مْراقْزِي


ضَعُفَ الطّالِبُ والمَطلُوبُ.

Sunday, November 13, 2011

Indignation

Il n'y a pas de mots assez forts pour dénoncer cet affront. Il était salutaire que quelqu'un exprime toute l'indignation qu'aucune personne honnête ne peut ne pas éprouver face à un fait aussi sordide et cette dame a eu le courage et la lucidité qu'il fallait pour le faire. Je n'aime pas la vulgarité en général et j'apprécie encore moins qu'on en fasse un mode d'expression. Néanmoins, dans le cas d'espèce, je pense que le fait dénoncé est bien plus obscène que le plus obscène des mots que quiconque pourrait imaginer pour le dénoncer. Son obscénité n'a d'égale que le silence de toute la classe (comme il est mal placé ce terme pour désigner ceux qu'il est censé désigner !) politique tunisienne. Il aura fallu toute la lucidité, l'intégrité et la dignité de cette blogueuse avec la hargne et la rage qui en sont souvent les corollaires pour dénoncer l'innommable dans toute son indécence, dans toute son obscénité. Piètre consolation, certes, face à la médiocrité ambiante, mais, au moins, on sait que le pays n'a pas atteint le stade suprême de la putréfaction. Pas encore !

Monday, November 7, 2011

Chassez le naturel...

Période de congé oblige, quelque fonctionnaire ou technicien à la télévision nationale a eu le malheur de diffuser un ancien enregistrement de chants dits "liturgiques" sans se rendre compte que le "chanteur" concerné ne s'était pas contenté de chanter (les louanges du bon dieu) et qu'il avait fait ce que tout le monde faisait à l'époque (quand je dis tout le monde, j'entends bien TOUT LE MONDE, c'est à dire toute personne qui avait un rôle et/ou une présence publics quel que soit le rôle et quelles que soient la forme et les circonstances de la présence, mis à part la poignée de maudits que sont ces éternels opposants qu'on connaît). Patatras ! (Celui qui est devenu) L'innommable اللّي ما يتسمّاش a été nommé et qui plus est encensé. Quoi de plus naturel qu'un bon coup de balai pour chasser tous les coupables... comme au bon vieux temps ! Un scénario qui s'est produit plusieurs fois d'abord sous Bourguiba, chaque fois qu'un homme puissant du régime tombait en disgrâce. Ensuite après le coup d'état de Ben Ali, lorsque par une semblable étourderie ou par inadvertance on passait une séquence ou on prononçait une phrase qui était des plus naturelles à peine quelques heures ou quelques jours auparavant, même que c'est plutôt son absence qui choquait, devenue désormais indésirable *... Aujourd'hui, preuve que ce n'est que le "changement" (يَرحَمْ فُمُّك يا سي الباجي) dans la continuité, il a suffi qu'un pauvre bougre se soit laissé distraire par le dépit de ne pas avoir pu rentrer au bled passer l'aïd avec la grande famille ou par les remontrances de sa moitié pas du tout douce à cause du mouoton qu'il n'a pas acheté (si c'est un "lui") ou du nécessaire du grand festin du lendemain qu'elle n'a pas préparé (si c'est une "elle"), de manière à laisser passer le nom infâme et les invocations de circonstance qui s'y attachaient pour qu'on change la moitié des repsonsables et qu'on défère le "coupable" devant le conseil de discipline.
Pourtant, ils ont tous ou presque  psalmodié ce nom aujourd'hui devenu infâme et les louanges, incantations et prières qui ont avec des milliers de fois, à commencer par le grand patron actuel de la télévision qui a servi sous tous les régimes, tous les gouvernements et tous les noms nobles d'antan depuis devenus infâmes. Tous ou presque, je suis prêt à le jurer par ce dieu que je n'ai pas, le feront demain ou après demain, lorsque les nobles d'aujourd'hui deviendront infâmes à leur tour ou lorsque ce même noble d'hier devenu infâme aujourd'hui redeviendra (sait-on jamais ?) à nouveau noble demain. Pas plus tôt qu'hier, un commentateur sportif, minable des minables (comme on dit roi des rois) sommait l'un de ses invités de ne pas prononcer le nom entier d'un footballeur parce que ce dernier avait le malheur de se prénommer Zine El Abidine !...
Comment  conclure, sinon par cette fameuse sentence en arabe littéraire :
لئن لم تستح فافعل ما شئت
ou en bon arabe tunisien simplement خْزِيتْ !
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* : N'a-t-on pas banni des ondes cette chanson on ne peut plus innocentes de la chanteuse 'ulayya qui s'intitulait  هالزّين هذا لواش (Pourquoi autant de beauté !) dont l'auteur ne devait avoir au moment où il l'a écrite d'autre signification à l'esprit qu'une simple exclamation galante et qui ne pouvait savoir qu'un jour viendrait ou le maître du pays s'appellerait Zine (qui n'est d'ailleurs qu'un diminutif de Zine el Abidine) !

Monday, October 31, 2011

Le mur du çon (Droits d'auteur réservés au Canard Enchaîné)

Doctement franchi plusieurs fois ce soir sur les plateaux de la télévision nationale  par un expert ès démocratie, fondateur du Centre Al-kawakibi pour la transition démocratique, directeur exécutif de la Fondation Arabe pour la Démocratie*, excusez du peu !
1. "Ennadhdha n'a pas obtenu de majorité d'aucune sorte"


2. "Il paraît qu'Ennahdha est en train de tisser une alliance avec le CPR qui a obtenu 30 sièges. 90 + 30 = 120 sièges, ce qui leur donne une majorité relative simple".


Y a-t-il un juriste  dans l'arche de Noé pour remédier à mon ignorance en me redonnant la définition des termes "majorité simple" et "majorité absolue" ?
3. "Si c'est le même bord politique qui détient et le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif, alors il n'est plus possible que le premier contrôle le gouvernement

et l'on retombe dans les travers du régime déchu".

Cette dernière déclaration a été répercutée par plusieurs invités.
dont le doyen  de la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis, professeur en droit public et sciences politiques ! **
Décidément, il faut chercher ailleurs que parmi les juristes ou c'est moi qui suis le dernier des idiots et le roi des ignorants...
 4. Enfin, le mea culpa personnel dûment prononcé (voir la note ci-dessous), dégustons ensemble cetter dernière perle parmi tant d'autres de science politique dont cette soirée a été particulièrement riche."La démocratie des partis, ce n'est pas de constituer un gouvernement lorsqu'on a la mjorité, mais bien d'opter pour une posture et une pensée de minorité." ! Sic. Qui comprend l'arabe verra tout de suite que j'ai fait de mon mieux pour offrir la traduction la plus fidèle possible de ce beau texte.

D'ailleurs, je vous ai choisi le meilleur de cette joute, mais si ces extraits vous ont mis l'eau à la bouche et que vous voulez voir l'intégralité du débat, vous n'avez qu'à cliquer ici.
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* : Très intéressant ce centre, à en juger de la composition de son Conseil des Gouverneurs.
** :    Pan sur le bec ! Cette fois, je me suis planté et il est de mon devoir d'être le premier à le signaler et de m'en excuser auprès de la personne lésée et des lecteurs. Le doyen est innocent de cette lumineuse assertion, d'où la rature (on peut toutefois lui reprocher d'avoir laissé débiter de telles insanités en sa présence sans les corriger comme l'y autorisait son savoir et son statut de spécialiste). A la lumière de cette dernière correction, la phrase qui suit perd toute valeur rhétorique et trouve tout son sens qui est à entendre au premier degré. Désolé ! Comme quoi, on n'est jamais assez prudent et il est tellement facile de se tromper, même pour les plus avertis et les plus humbles.

Sunday, October 30, 2011

On est les premiers, on est les meilleurs, on est les plus grands !

Par-delà la variété des forces politiques en compétition lors des dernières élections et la diversité de leurs orientations et leurs programmes respectifs, il est un point sur lequel elles se sont retrouvées dans une unanimité presque sans dissonances : c'est ce discours auto-laudatif sans la moindre réserve, sans la moindre mesure et sans la moindre relativisation. Nos élections ont été parfaites, exemplaires, extraordinaires, sans précédent par le taux record de participation, par le niveau élevé de civisme qui les a caractérisées, par le caractère exceptionnel de leur organisation et de leur transparence. Hier et encore aujourd'hui, on entend des descriptions dans la même veine pour rendre compte de la "révolution tunisienne". Dans un cas comme dans l'autre, on donne l'exemple à suivre aux autres et ils n'ont tous d'autre choix que de nous emboiter le pas dans un mélange d'admiration et d'envie. Les égyptiens, les libyens, même les européens et les américains voudraient tant faire aussi bien que nous et ne peuvent que nous imiter. Il n'est pas jusqu'au esprits les plus éclairés et les rationalistes les plus rigoureux qui ne se montrent incapables de résister à cette déferlante d'auto-satisfaction béate (voir à titre d'exemple certaines déclarations du président de l'ISIE). Dans un tel élan, toutes les divergences, toutes les différences sont momentanément gommées comme par enchantement pour faire place à l'exercice favori des tunisiens : le nombrilisme national consensuel.
A y regarder de plus près, en revoyant notre histoire politique, sociale, culturelle et même sportive, on verra que le syndrome de Narcisse est une constante dans tous nos jugements et toutes nos appréciations des événements et de nos propres réalisations réelles ou fictives. On a peut-être eu un seul poète qui soit vraiment sorti de l'anonymat, mais il est le plus grand, le plus doué de tous. On a eu un écrivain qui a sorti une pièce de théâtre, un roman, trois nouvelles et une poignée d'articles. Eh bien, il vaut tous les écrivains du monde arabe réunis qui n'étaient même pas capables de percevoir son génie. On a remporté un titre africain de football ; il vaut la demi-douzaine de titres dont les trois derniers successifs remportés par l'Egypte. On a fait une révolution ; elle a été plus remarquable et plus spectaculaire que la révolution française et la révolution russe (quant à celles chinoise ou iranienne, n'en parlons même pas !). Même nos défaites sont tournées en victoires et notre passif transformé en actif. On a subi sept invasions successives en deux mille ans ? Ce ne furent qu'autant de sources d'enrichissement humain et culturel qui font de nous aujourd'hui un peuple unique. Je ne parle pas de ce jour où, n'en croyant pas mes oreilles, j'entendis monsieur Hedi Nouira du temps où il présidait le gouvernement déclarer devant l'assemblée nationale que, certes, on avait un déficit budgétaire assez important, mais le déficit en question était somme toute un "déficit positif" !
Bien sûr, on peut rechercher des explications dans certaines données objectives, à commencer par le complexe du faible que trahit ce même discours dans certaines de ces formulations ("La Tunisie est un pays petit par l'étendue de son territoire et sa population, mais grand par ses hommes." ou encore "Nous sommes, certes, un pays pauvre, mais nous sommes riches de notre intelligence et notre génie."). Mais, quelle que sot l'explication, cette tendance peut se révéler et s'est même avérée en nombre d'occasions bien néfaste car elle nous empêche d'avoir une juste appréciation de ce que nous sommes, ce que nous faisons et ce que nous réalisons. En surestimant nos atouts, elle nous cache nos limites. En minimisant nos tares et nos défaites ou en les escamotant carrément, elle nous prive de la possibilité de les analyser, d'en comprendre les raisons et d'essayer sérieusement de remédier aux unes et de nous relever des autres. En entretenant l'illusion de notre excellence et de notre quasi perfection, elle nous enlève toute chance de progresser. De surcroit, cette manie qu'on a de se mettre en comparaison avec les autres et de sortir toujours gagnants de ces comparaisons nous détourne de cette démarche salutaire qui consiste à mesurer nos efforts et nos réalisations à l'aune de nos moyens et de nos besoins. Car ce qui compte à la fin, ce n'est pas tellement de savoir si l'on est premiers ou bons derniers, si l'on est les plus grands ou les plus petits, les meilleurs ou les pires en Arabie, en Afrique ou dans le monde entier, mais bien si l'on est ce que l'on doit et ce que l'on peut être sur la base de nos besoins et nos attentes d'une part et de nos moyens et nos capacités d'autre part.
Prenons le cas des récentes élections de l'assemblée constituante ! On a parlé d'une participation exceptionnellement élevée. En fait, Trois à quatre millions des tunisiens en âge de voter ne l'ont pas fait parce qu'ils ne l'ont pas pu ou parce qu'ils ne l'ont pas voulu, le nombre des votants ne dépassant pas la moitié de l'ensemble du corps électoral. On a dit que ces élections ont été exemplaires de correction et de transparence. Or, sans aller jusqu'à parler de fraude massive, tout le monde sait que ces élections ont été entachées de toute une série variée d'irrégularités plus ou moins graves dans leurs différentes phases : avant la campagne électorale, pendant la campagne et au moment de l'élection même. On a dit qu'elles ont atteint un haut niveau de civisme. Les seuls événements de Sidi Bouzid et le couvre feu qui y a été instauré quelques heures après la proclamation des résultats complets appellent à moduler sensiblement une telle affirmation. Il ne s'agit pas de dire pour autant que ces élections ont été un fiasco. Loin de là, on peut même dire qu'au vu de la lourdeur du passif; de la nature du contexte actuel et de l'absence de la moindre expérience locale sérieuse qui puisse servir de référence, on a de bonnes raisons d'être globalement satisfaits du bilan de ces élections et de considérer le processus relativement fiable et ses résultats suffisamment représentatifs de la physionomie politique de la Tunisie d'aujourd'hui dans les limites évoquées dans un article précédent, sachant que ces limites ne sont pas des moindres et qu'au-delà de telle ou telle imperfection à corriger c'est surtout à faire reculer ces limites qu'on doit s'employer dans un effort progressif et constant si l'on veut vraiment donner aux élections de plus en plus de sens et faire en sorte qu'elles jouent le rôle qui doit être le leur dans une vraie démocratie ou plutôt dans une démocratie idéale qui reste à trouver.
Un tel idéal n'est à l'évidence pas un objectif réalisable. Il n'est au mieux qu'un repère, une sorte de boussole, un horizon vers lequel on peut orienter nos pas pour que notre marche ait un sens, même si l'on ne doit jamais l'atteindre. Cerner les problématiques, prendre conscience des potentialités et des limites virtuelles et réelles, jauger les réalisations et les limitations de fait qui ont marqué notre expérience passée ou présente et ensuite concevoir des mesures concrètes pour faire mieux la prochaine fois vaut bien mieux que de se retrouver en chiens de faïence autour d'une table sur un plateau de télévision à chanter la geste de notre gloire et à snober le monde avec notre bravoure et notre sagesse sans égales.

Friday, October 28, 2011

Arithmétique et politique : اللِّي يِحسِب وَحدُه يُفضُلْ لُه

J'avais un grand père paternel que j'aimais beaucoup et dont je garde encore aujourd'hui, près de quarante ans après sa mort, de bons souvenirs qui remontent aux années de ma prime enfance. L'un de ces souvenirs concerne une locution d'origine berbère qu'il utilisait de temps en temps. Chaque fois qu'un arrangement ne lui plaisait pas parce que basé sur sur un mauvais calcul ou un calcul supposé minutieux mais sans grands effets, il disait avec dédain : حِسبِة يَقِّشْ (les égyptiens diraient حِسبِة بِرما et les français parleraient de comptes d'apothicaire).  Cette expression est l'un des rares vestiges de mon origine berbère aussi lointaine qu'hypothétique. Mais, par-delà la nostalgie qu'elle éveille dans mon esprit, je trouve qu'elle illustre assez bien la démarche des têtes pensantes qui nous ont concocté la savante et compliquée recette qui allait être appliquée pour départager les voix et distribuer les sièges à l'assemblée constituante à l'issue du dernier scrutin. A ce qu'il parait, certains parmi les mauvais perdants dont je parlais dans mon article précédent crient maintenant à la trahison et reprochent aux artisans de la loi électorale de les avoir trompés en leur "promettant" que le gagnant (dont l'identité ne faisait déjà guère de doute à l'époque) n'aurait pas plus de 25% des sièges. Etait-ce vraiment l'objectif (à peine) caché de ces "experts" de contenir un éventuel raz de marée islamiste en mettant au point une telle formule pour le mode de scrutin ou bien n'avaient-ils comme ils le proclament d'autres intentions que celle d'assurer un pluralisme maximal au sein de la constituante et de garantir un minimum de représentation pour les petits partis et les indépendants ? Dieu seul le sait.
Toujours est-il que s'il est un parti qui serait parfaitement en droit de crier à la triche et au trucage du mode de scrutin aujourd'hui (certains de ses responsables n'ont d'ailleurs pas manqué de le faire), c'est bien celui.... d'Ennahdha et nul autre parti, pour la simple raison que le mode adopté lui a fait payer ses sièges beaucoup plus cher que ceux des autres listes. Il n'y a qu'à juger par vous-mêmes en jetant un coup d’œil sur les résultats complets ventilés par circonscription. Vous verrez, alors, aisément qu'un siège d'Ennadhdha vaut en moyenne par son "pesant de voix" trois à quatre sièges de partis comme le PDP, Afek Tounes ou le MDS et pas moins d'une fois et demie à deux fois ceux du CPR ou d'Ettakattol ! Au risque de choquer quelques uns, je dirai même que ce mode de calcul me rappelle celui appliqué lors des échanges de prisonniers entre israéliens et palestiniens ! Quoi qu'il en soit et quelle que fût l'intention réelle des concepteurs de la loi électorale, sans leur formule magique, Ennahdha aurait eu plus de sièges qu'il n'en a aujourd'hui et aurait peut-être même atteint la majorité absolue sans peine si l'on avait appliqué une proportionnelle stricte. Toujours dans le même ordre d'idées, même si c'est dans une moindre mesure, la même constatation est applicable aux listes qui sont arrivées en deuxième et/ou en troisième position (selon les circonscriptions) après celles d'Ennahdha, comparées à celles qui ont occupé la dernière et/ou l'avant dernière position.
La dernière remarque confirmerait la bonne foi du législateur et la véridicité de l'intention de favoriser le pluralisme et de protéger les petites formations. Seulement, la formule retenue était elle la meilleure manière d'atteindre cet objectif supposé noble et, d'abord, ce souci était-il vraiment justifié ? Je n'en suis pas si sûr.
D'une part, s'il peut paraître légitime et même louable de rechercher un certain degré de pluralisme, surtout dans le contexte de la Tunisie d'aujourd'hui et celui plus particulier de l'élection d'une assemblée constituante qui requiert la plus large représentation possible de toutes les sensibilités, celui de favoriser les petits partis me paraît peu justifié, voire même mal venu, dans ce même contexte où certains de ces "petits partis" sont, en fait, des non-partis ! Le parti de Hamma Hammami, le MUP ou les mouvements national-démocrates sont des petits partis, mais pas ceux qui sont sortis de nulle part au lendemain du 14 janvier sans programme digne de ce nom ni base réelle. Il est vrai que la situation qui a prévalu au cours des décennies passées n'étaient guère favorable à la création de partis, même quand on avait un tel programme et que l'on disposait d'une telle base. Mais, cela n'a pas empêché ceux qui en avaient un tant soit peu de se former et d'exister malgré toutes leurs limites et leurs faiblesses, notamment leur faible représentativité. Cela n'implique, certes, pas pour autant qu'il fallait arrêter le compteur des partis à ceux qui existaient avant le 14 janvier, mais on ne pouvait pas raisonnablement imaginer que de vrais partis dignes de ce nom pussent se former et être sérieusement prêts à prendre part à des élections en l'espace de quelques mois. S'il fallait absolument assurer pluralisme et représentativité, mais aussi proximité, n'aurait-il pas été mieux indiqué d'opter pour un scrutin uninominal comme d'aucuns le réclamaient plutôt qu'un scrutin de listes ? La question mérite d'être posée d'autant qu'un tel choix n'aurait nullement empêché le scénario de candidatures individuelles issues des partis ou soutenues par ces derniers sans barrer la route à des candidats indépendants qui jouissent d'un certain capital de notoriété et de confiance au niveau local. Or, qu'a-t-on obtenu grâce à cette "proportionnelle au plus fort des restes", à part le "bridage" du succès d'Ennahdha et, dans une moindre mesure, la limitation de celui de Marzouki et Ben Jaâfar ? On a peut être évité au PDP et au PDM qui étaient loin d'être considérés comme des petits partis, surtout pas le premier, de sombrer complètement et éventuellement se retrouver sans le moindre siège. Mais, on a aussi et surtout involontairement contribué à cette énorme supercherie d'El Aridha, même si elle a déjà été rendue possible par l'absence de conditions pour la constitution de listes (ce n'est pas la démocratie, c'est un mélange de populisme et de naïveté qui frise le charlatanisme que de permettre à n'importe qui de se présenter à des élections de ce genre) et le manque surprenant de rigueur et de cohérence dans l'application des critères arrêtés pour la disqualification des candidats même quand ils ont été énoncés dans la loi même qui réglementait les élections (le dernier épisode de disqualifications de certaines listes d'El Aridha à l'exclusion de bien d'autres listes y compris les autres listes qui se sont présentées sous le même fanion, mais pas seulement, est éloquent). Hormis ce qui précède, on se retrouve avec un imposant groupe islamiste (qui aurait été même écrasant sans cette ingénieuse trouvaille du plus fort des restes), deux à quatre groupes minoritaires mais qui risquent de jouer un rôle déterminant dans le jeu d'alliances et d'équilibres au sein de l'assemblée de par l'importance relative du nombre de sièges qu'ils ont obtenus et dans la mesure où Ennahdha n'a pas atteint le seuil de la majorité absolue, en dépit de sa victoire spectaculaire et surtout incontestable (lequel ou lesquels de ces groupes joueront ce rôle déterminant et jusqu'à quel point ce rôle sera vraiment déterminant dépendra des alliances qui vont être tissées dans les prochains jours) et ensuite une bonne quarantaine de sièges répartis entre quatre partis ou coalitions ayant récolté chacun un maximum de cinq sièges et une myriade de listes avec chacune un seul siège n'ayant rien à voir les unes avec les autres sans la moindre chance de constituer une force d'aucune sorte. Il me fait rire, monsieur Mourou, lorsqu'il a invité Ennahdha à s'effacer et laisser les autres se coaliser pour gouverner et défier ces derniers de le faire. Aucune majorité de gouvernement n'est possible en dehors d'Ennahdha. A-t-on favorisé le pluralisme ? Pas du tout. A-t-on favorisé les petits partis ? Pas vraiment.
Une expérience et des leçons à méditer pour les élections futures.

Tuesday, October 25, 2011

Message aux perdants : si ça continue, je vais rejoindre Ennahdha !

Je vais commencer par rassurer mon (é)lectorat composé de quelques centaines selon moi,  quelques dizaines selon la police. Je ne risque pas de le faire et je ne pense pas que M. Ghannouchi et ses amis seraient enchantés par une telle recrue s'ils me connaissaient (bien sûr, ils ne me connaissent même pas ; mieux vaut vivre caché pour vivre tout court). Mais, je suis presque tenté, à voir le spectacle lamentable donné par ces messieurs-dames. On a là tous les symptômes bien connus de tout observateur averti des événements footballistiques. Si l'on perd, et bien sûr, on ne fait que perdre, c'est l'arbitre ou le terrain ou le climat ou le public ou les autres ou tous ces facteurs réunis. Si l'on gagne, c'est toujours hautement mérité. Si celui d'en face se plaint, c'est qu'il est mauvais perdant. Si c'est moi, quoi de plus naturel de faire valoir mes droits légitimes ! Si l'autre triche, c'est un salop, un riche à l'argent sale. Si, moi, je triche, c'est de bonne guerre, de l'entregent. Et jamais, au grand jamais, c'est moi le fautif. C'est toujours la faute aux autres. Il y a à peine deux ou trois jours, lorsque Ghannouchi a mis en garde contre la fraude électorale, on a dénoncé à l'unisson le mauvais joueur. Et voilà maintenant  que ceux-là mêmes aujourd'hui crient à la triche ! J'en ai entendu des vertes et des pas mures depuis hier, la palme d'honneur (j'ai failli écrire "la noix") revenant sans conteste à cet éminent universitaire qui déclarait avec un aplomb rarement égalé : "N'allez surtout pas croire que les résultats donnent le droit à n'importe quel parti de gouverner, de devenir le parti au pouvoir !". Ah, bon ! Quels que soient ces résultats ? Quel que soit le score du parti en question ? Pourquoi les avoir faites, alors, ces élections ? Juste pour la beauté du sport ? Pour donner l'exemple au monde entier qui attend le moindre geste de notre part, le moindre trait d'esprit pour nous imiter dès que revenu de son admiration ? Cela aurait valu même si le parti gagnant en question avait été le parti de monsieur J. ? Et, moi, idiot comme je suis, qui ai voté pour ce parti ! Lequel de nous deux est l'idiot de la famille ? Monsieur J. ou moi ? C'est à croire que parmi tout ce beau monde démocrate progressiste moderniste...etc, etc, seul Nejib Chebbi a un zeste de dignité ! 
يُوضَع سِرُّه في أتعَس خَلقُه - يسامحوني النّاس الاُولَى اللِّي ما خَلاّوْ شَيْ مْسَيِّيبْ في التَّصَرُّف باش ما نُقعُدْش نعاود في نَقِّة (كيما قاف المنقاله) خمِيسَه
Dans ce genre de batailles, comme dans le foot, le perdant n'a que deux alternatives : soit prendre son mal en conscience ou plutôt conscience de son mal et cesser un instant de se mirer en se pavanant  يُخزُر لْرُوحُه ويصَلّي عالنِّبي, prendre son courage à deux mains et se dire en pointant le doigt vers sa propre tête (l'anecdote veut que ce soit son corps ; désolé Fernand !) : "Là, là, on dirait qu'il y a quelque chose qui ne va pas, y'a comme un défaut !" soit pointer le doigt accusateur vers le costume ou le tailleur ou les deux et ne pas arrêter de gueuler et pester... jusqu'au prochain 5-0.
A bon entendeur !

Monday, October 24, 2011

Circulez, il n'y a rien à voir !

Ennahdha aurait gagné.
Si tel est le cas, il n'y a rien à faire ni à dire. Rien à faire sinon se soumettre à "la volonté du peuple", même s'il n'y a ni volonté ni peuple. On voulait des élections et on les a eues et la participation fut massive et tout le monde ou presque a pu voter en toute liberté. Quoi dire d'autre sinon tant mieux et tant pis ? Tant mieux pour les gagnants et tant pis pour les autres ! Même s'il y a eu manipulations. Même si certains ont été mystifiés ou induits en erreur. Même si d'autres croyaient ou ne pensaient pas. Même si certains ont acheté et d'autres ont vendu... Tant mieux pour les gagnants et tant pis pour les perdants ! Ils n'ont qu'à assumer leur choix ou leur non choix et porter leur croix. La démocratie, c'est aussi cela. Si les lendemains déchantent, si les actes ne suivent pas les paroles ou, pire, les démentent, si les moutons sont égorgés et mangés ou les billets de banque dépensés et qu'il n'y en a pas d'autres, enfin, si les consciences se réveillent et les yeux sont dessillés, tout ce beau monde n'a qu'à se rattraper à l'occasion de la prochaine élection si toutefois il y en a une. Et s'il n'y a pas de prochaines élections du tout, alors encore une fois tant pis ! On peut simplement attendre un autre demi siècle et payer le même tribut payé au cours du demi siècle précédent ou encore bien plus. Quant à ceux que cela n'arrange pas, eh bien, ils n'ont qu'à se révolter à nouveau !

Friday, October 21, 2011

Ma campagne électorale : spot 10

L'enseignement qui a fait plus de victimes que la prédation des Ben Ali et Trabelsi et leurs alliés et amis réunis et qui a pratiquement sacrifié une génération entière de tunisiens a besoin d'une refonte totale qui le transforme de fond en comble. Pour une fois et pour vous changer de ma longue prose aux phrases interminables, je vais me mettre au diapason des partis faisant campagne et présenter mes propositions sous la formes de points (enfin je vais essayer).

Ma campagne électorale : spot 9

Tantôt j'écrivais que l'enseignement était ce que je connaissais le mieux et pour cause ! Outre le fait d'avoir passé la moitié de ma vie à le recevoir  et un quart ou presque de cette même vie à le dispenser (ce qui peut ne pas être exceptionnel en soi), comme je l'ai expliqué ailleurs dans ce blog, c'est à l'enseignement que je dois absolument tout de ce que je suis et j'ai aujourd'hui et, croyez-moi, c'est loin d'être négligeable quand on sait ce que j'étais et j'avais au départ ! Or, en bon élève, au cas où je n'aurais pas su être un bon enseignant, je n'ai pas eu de mal à comprendre la leçon et à réaliser ce que l'enseignement peut apporter à l'homme ou ne pas lui apporter suivant la manière dont il est organisé et dispensé et selon le "contenu" qu'il véhicule. Une grande partie des maux de la Tunisie d'aujourd'hui trouve son explication, dans une large mesure, dans la nature de son enseignement. Le chômage qui a atteint des proportions effrayantes et pris un caractère chronique, l’oppression dans sa forme la plus abjecte subie si longtemps, la sclérose des esprits, la pauvreté de la pensée quand il ne s'agit pas d'absence totale de réflexion, l'égoïsme, le manque de civisme... Tout cela et bien plus est le fruit du type d'enseignement qu'on s'est donné ou plutôt qu'on a bien voulu nous donner.

Thursday, October 20, 2011

Ma campagne électorale - spot 8

La campagne touche à sa fin et il ne reste pas beaucoup de temps pour discourir sur l'avenir et ce qui doit advenir ou cesser d'être. Aussi serai-je obligé de bâcler le travail pour la plupart des questions qui restent, notamment celle de l'économie, pour lesquelles je vais me contenter ici de jeter quelques idées pêle-mêle et je réserverai mon dernier spot entièrement à la question que je connais et maîtrise le mieux qui est celle de l'enseignement. Il faut dire que je ne suis pas vraiment qualifié pour parler d'économie et encore moins pour proposer tout un programme sensé dans ce domaine (je sais que beaucoup de candidats pas plus qualifiés que moi n'hésitent pas à le faire, mais, moi, je ne suis pas candidat !) et quand je dis un programme sensé, j'entends par là autre chose que la promesse d'une "pension de chômage pour tous les sans emploi", "un revenu minimum à toutes les familles démunies" ou encore celle d'assurer "la gratuité des soins pour tous" sans me demander une seule seconde où je vais prendre l'argent pour le faire et, bien entendu, sans me soucier de l'expliquer à mes électeurs...

Wednesday, October 19, 2011

Ma campagne électorale : spot 7

L'intérêt pour le tourisme en tant qu'activité économique parmi d'autres n'a rien de répréhensible en soi, pas plus qu'il n'est une marque de sous-développement ou de précarité, surtout lorsque le pays qui s'y intéresse dispose d'atouts historiques, géographiques ou culturels qui peuvent favoriser une telle activité et lui servir de base. Des pays développés non des moindres d'Europe et d'ailleurs connaissent une activité touristique remarquable dont les Etats Unis, la France, l'Italie, sans parler des exemples plus proches de nous comme celui de l'Egypte ou du Maroc. Mais inclure le tourisme dans les plans de développement économique est une chose ; en faire une priorité absolue en est une autre.

Tuesday, October 18, 2011

Ma campagne électorale : spot 6

L'un des faits marquants du concert d'hypocrisie généralisée qui caractérise le discours politique en Tunisie depuis des mois, bien avant le début de la campagne électorale (voir les professions de foi des uns et des autres depuis le printemps dernier) est le pseudo consensus qu'on essaie de nous "vendre" de toutes parts sur un certain nombre d'éléments sacro-saints qui seraient immanents à la société tunisienne et dont il ne saurait être question d'y toucher sous peine de commettre le pire des impairs, la plus grave des hérésies. Or, rien qu'à énumérer les éléments en question et à les mettre côte à côte, on voit à quel point le "consensus" en question est artificiel et le discours qui s'efforce de l'imposer, du moins de le faire accroire, est stérile, combien la démarche est grossière et démagogique et, finalement, combien la pensée politique qui le sous-tend est pauvre. Trois choses se dégagent comme étant intangibles : "l'identité arabo-musulmane", le Code du Statut Personnel et le tourisme ! Une notion, une loi et une activité économique. Les faits historiques qui sous-tendent la première et qui lui sont de loin postérieurs remontent, au plus, à quatorze siècles dans un territoire dont l'histoire en compte le double. La deuxième date d'un demi-siècle et la troisième seulement d'une quarantaine d'années ! L'absurdité atteint son comble lorsqu'on voit le caractère parfaitement antinomique qui oppose ces trois éléments dont la coexistence n'a été rendue possible que par une politique du donnant donnant entre les deux pôles dits "moderniste" et "islamiste" (vous ne touchez pas aux "droits de la femme" et au tourisme, nous ne touchons pas à "l'identité arabo-musulmane" et vice versa) qui ne devrait donner le change qu'aux naïfs.