Précision

Ce que que vous lisez ici, ce sont mes impressions, parfois à chaud, basées sur ma connaissance de l'histoire du pays, de sa situation présente et sur ma culture générale, toutes étant forcément limitées et, en tout cas, relatives. Ces réflexions n'engagent que ma personne, ne représentent aucun parti ou groupe organisé et ne se rapportent à aucun projet politique établi. Ce sont les simples réflexions d'un citoyen intéressé au devenir de son pays et concerné par le sort de son peuple qui voudrait apporter quelque chose à l'un et à l'autre, mais qui n'a rien d'autre à offrir à part ces cogitations.

Saturday, March 26, 2011

Les acquis de la révolution

Cette expression issue du répertoire discursif qui a fleuri depuis le 14 janvier 2011 est (avec d'autres qu'on n'aura aucune peine à identifier) l'une des expressions les plus répandues aujourd'hui sur la scène politique et médiatique tunisienne. Tout le monde en parle de ces "acquis" et tout le monde veut, promet, se jure de les protéger, à qui mieux mieux ! Il suffit de voir les déclarations et (quand ils en ont) les programmes des partis politiques de l'ère nouvelle. Une si belle unanimité tendrait à nous faire croire que ces acquis, non seulement ils existent, mais ils sont connus de tous et qu'ils sont surtout nombreux ou du moins plusieurs, importants et déterminants, voire fondamentaux et décisifs, et de ce fait précieux. Or, l'incrédule que je suis a beau scruter l'horizon le plus proche (celui que me permet de déceler ma vision très limitée ; d'ailleurs, j'en profite pour lancer un appel d'ici même à tous ceux qui ont une meilleure vison que la mienne à ne pas hésiter à éclairer ma lanterne), se creuser les méninges, passer en revue les événements, éplucher les décisions, les annonces et toutes les informations qui me sont parvenues du pays par le biais de la télévision, de la radio et des pages web (il est vrai que je n'ai pas de compte facebook ou twitter, c'est peut-être là qu'il fallait chercher), je n'ai réussi à repérer aucun de ces acquis ni fondamental ni accessoire, ni décisif ni sans effet tangible, ni durable ni même provisoire...

Sunday, March 20, 2011

Catch-22

Cette expression idiomatique anglaise désigne le dilemme parfait. En bon arabe tunisien, on dirait :
كان هزّيتيها تندمي وكان خلّيتيها تندمي
ou encore, pour utiliser un langage plus moderne, peut-être plus citadin :
منّا سخونه ومنّا تحرق
et c'est tout à fait le cas en ce qui concerne les évènements de Lybie et la position à adopter au regard de l'intervention militaire occidentale. Depuis la première évocation de son éventualité, j'ai tout de suite vu le dilemme et je dois avouer que, plusieurs semaines après, maintenant que l'intervention en question n'est plus une simple éventualité/hypothèse/proposition, mais bien une réalité, j'avoue que je ne suis guère plus avancé. Vous me direz que cela n'a pas vraiment d'importance dans la mesure où mon avis qui n'engage que moi comme me le rappelait récemment une consœur blogueuse (à propos de tout autre chose) ne risque d'avoir aucune conséquence d'aucune sorte, aucun impact sur les événements et leurs protagonistes et pas ou très peu d'effet sur l'avis des autres, ceux qui comptent par leur nombre ou par leurs statuts. Et vous aurez raison. D'ailleurs, n'est-ce pas valable pour toutes les questions traitées ici ? Tout ce que je peux penser ou écrire n'a pour mon malheur et pour le bonheur des concernés aucune portée sur le cours des choses et n'a de signifiance que pour moi-même, témoin perdu dans la blogosphère. Mais, à y regarder de plus près, à quelques nuances près, nuances parfois de taille, certes, il en est de même pour une multitude d'autres témoins perdus qui s'expriment ça et là et témoignent, chacun de son côté, sans que personne ne le leur ait demandé. Après tout, pris individuellement, notre poids est, certes, tout à fait insignifiant, mais mis ensemble, nos témoignages, nos avis ont peut-être ne serait-ce qu'un tant soit peu de poids. Comme dans le monde réel, c'est aussi comme cela que se forme ce qu'on appelle "l'opinion publique", du moins on l'espère...

Thursday, March 17, 2011

Le gouvernement de la révolution ou celui du "changement" ?

La question mérite bien d'être posée au vu de ce qui se passe. Le "changement", c'est le mot utilisé par M. Caïed Essebsi dans une déclarations à l'occasion de son récent voyage en Algérie et au Maroc, mon premier, dit-il "depuis le changement". Simple lapsus ? Je crains bien que non ou, si c'est un lapsus, il est bien révélateur de l'état d'esprit non seulement du premier ministre actuel, mais bien celui de tout son gouvernement, voire d'une bonne partie de la classe politique en général, l'opposition "légale", "légaliste", "officielle", classique, appelez là comme le voulez ! Pour s'en convaincre, il suffit de se remémorer les agissements et les déclarations de M. Ahmed Nejib Chebbi qui ne se priva pas de rappeler lui-même qu'il avait accepté l'idée d'un "gouvernement de salut national" la veille du départ de Ben Ali, soit sous Ben Ali même, de sorte que l'on peut extrapoler et le qualifier de gouvernement "de changement" et non de rupture.

Saturday, March 12, 2011

Pourquoi un état laïc ?

On sait que le thème est l'un des plus actuels et qu'il fait couler beaucoup d'encre et de salive (tous les liquides sont permis hormis le sang et... l'acide) suscitant parfois un débat sensé, souvent échanges d'insultes et dénigrements de toutes sortes. Loin de moi la prétention de me placer au-dessus de la mêlée parce que je suis concerné par ce débat et que j'ai mon propre parti pris. Je me propose  seulement d'essayer d'exposer mon point de vue sans verser dans les excès pré-cités que je ne saurais partager quel que soit l'auteur ou la cible.
La question fondamentale se résume, à mon avis, à  savoir si l'on doit inscrire dans le texte de la constitution un énoncé qui déclare une religion, en l'occurrence l'islam, religion de l'état (tunisien) ou non. Vue comme ça, la question paraîtrait très simple et elle peut susciter les protestations véhémentes tant de ceux qui prétendent que la réponse est évidente (vous imaginez lesquels) que de ceux qui peuvent aussi bien dire : "Mais ce n'est qu'une pure formalité. Pourquoi en faire tout un plat et réveiller les démons qui dorment ?". Or, il n'en est rien car de cet énoncé bref à l'apparence inoffensive sinon purement symbolique, découlent des conséquences incalculables et des implications bien graves.

Tuesday, March 8, 2011

Faut-il se réjouir de la dissolution de la police politique ?

La question peut paraître déplacée à voir la satisfaction générale suscitée par l'annonce de cette décision et quand on sait qu'il s'agissait là de l'une des principales revendications de la rue et des milieux de l'opposition au cours des récentes semaines. Satisfaction et revendication légitimes, compte tenu des atrocités que cet appareil a commises à l'encontre de bien des centaines, voire des milliers de tunisiens au fil des décennies, déjà sous le règne de Bourguiba (y compris à une époque où l'actuel premier ministre était directeur de la sûreté puis ministre de l'intérieur, faut-il l'oublier ?), ensuite pendant celui de Ben Ali ? Des vies entières ont été brisées au propre et au figuré, le plus souvent pour une simple profession de foi, le plus élémentaire des délits d'opinion, les "coupables" n'ayant rien fait d'autre qu'exprimer leur pensée sur la situation du pays ou sur le compte de ceux qui le gouvernent, rarement pour des actes et si acte il y avait, cela ne dépassait guère la participation à une réunion secrète parce qu'il était hors de question d'essayer de se réunir en public pour parler politique ou la distribution de tracts parce qu'il  était impossible de publier un journal ou de s'exprimer dans l'un de ceux qui existaient déjà. Des carrières ont été brisées, des familles éparpillées et leurs membres harcelés même quand on n'avait rien à leur reprocher à part leurs liens de parenté avec "les lépreux"...

Sunday, March 6, 2011

Bordel(s)

La fermeture de ces "lieux de débauche" semble être aujourd'hui avec les sit in et les caravanes de solidarité l'action la plus remarquable par son ampleur, son envergure géographique, sa détermination et son caractère systématique ; elle les battrait même d'une courte tête en termes d'endurance (les sit in sont apparemment finis, les caravanes, ce sera bientôt fini, mais pas les fermetures de bordels,  en toute vraisemblance). En revanche, elle est la moins remarquée.

Thursday, March 3, 2011

Drôle d'arithmétique

Depuis que les gens sont descendus dans la rue pour manifester leur mécontentement quant à la composition du premier gouvernement de transition (le fameux "gouvernement d'union nationale") ou certaines des mesures prises ou pas (encore) prises et même quand ils ont persisté dans leurs protestations et que leur nombre allait croissant, certains au sein du gouvernement même (M. Najib Chebbi en l'occurrence) se sont empressés de déclarer que "quel que soit le nombre des contestataires, il ne pouvait représenter l'ensemble des tunisiens ni même leur majorité" et qu'il n'était donc pas question de céder à la pression de ces "quelques milliers ou même dizaines de milliers de mécontents". (la suite des événements allait lui donner tort).

Wednesday, March 2, 2011

Il a raté une occasion de se taire

Il s'agit de monsieur Chebbi qui a cru bon d'expliquer les raisons* de sa démission du gouvernement  et, bien que ce soit normal de le faire en pareille situation, je crois sincèrement qu'il aurait mieux valu pour lui d'en faire l'économie. En revanche, tant mieux pour l'opinion publique et les futurs électeurs qui, comme votre serviteur, ne savent pas grand chose sur le compte de ce monsieur et son parti - à supposer qu'il parle pour ce parti dont il est le numéro un - et à qui les précédentes "sorties" de monsieur Chebbi depuis qu'il est ministre (et même un peu avant) n'auraient pas suffi pour se faire une idée sur le personnage. 

Tuesday, March 1, 2011

Un flou pas artistique du tout

Que le choix de chasser monsieur Ghannouchi fût le bon ou non, on ne le sait pas encore et on n'est peut-être pas prêt de le savoir (je n'ai pas attendu qu'il tombe pour dire clairement ce que je pense de monsieur Ghannouchi, de son gouvernement et de son bilan, mais je n'ai jamais dit qu'il fallait le faire tomber à tout prix pour des raisons qui se vérifieront peut-être dans les prochains jours).

Sunday, February 27, 2011

Et maintenant ?

Autant j'étais conscient des défauts majeurs du gouvernement de monsieur Ghannouchi et convaincu de l'inadéquation de sa composition et de sa démarche avec les exigences du moment, autant je redoutais le scénario qui verrait ce gouvernement tomber sans qu'une alternative à la fois crédible et fiable n'ait été préparée. J'avouerai même que j'ai tant souhaité que ce gouvernement sache faire ce qu'il fallait pour éviter son propre naufrage et, éventuellement, celui du pays. Malheureusement, l'histoire ne se fait pas avec des "si" et, aujourd'hui, on en est bien là. Inutile de revenir sur les différents dangers qui nous guettent entre l'option militaire qui serait des plus néfastes, quoi qu'en puissent penser les naïfs et entre les forces occultes et moins occultes qui ont tout intérêt à nous ramener vers la situation d'avant le 14 janvier et il ne ferait aucune différence que cela se fasse avec et/ou sous d'autres noms.

Légitimité

C'est ce qui manque terriblement au gouvernement de monsieur Ghannouchi et ce manque le met dans une situation d'extrême vulnérabilité face à la vindicte populaire montante. Vues les circonstances, à défaut d'être sanctionnée par la volonté populaire exprimée par le biais des urnes, cette légitimité ne pouvait provenir que de deux sources possibles : l'histoire ou le présent. 

Saturday, February 26, 2011

Salaires

Décidément, je ne connais pas mon pays. Pas du tout ! Fonctionnaire international payé selon les normes internationales (mais aussi vivant en Europe avec son coût de la vie différent de celui de la Tunisie), je croyais qu'un devoir de décence m'obligeait à être le plus discret possible sur le niveau de mes revenus, la différence que je croyais suffisamment sensible pouvant choquer le commun des compatriotes qui travaillent et vivent en Tunisie.

Parenthèse musicale

Il n'y a rien à dire. Rien à voir non plus, mais plutôt et seulement à écouter.



La pièce postée ici a été écrite, composée et interprétée à la place Tahrir. Le parolier est Tamim Barghouthi. Le chanteur-compositeur, Mustafa Saïd, est un ami personnel.


يا مصر هانت
كلمات : تميم البرغوثي
لحن و عزف و غناء : مصطفى سعيد


يا مَصْرِ هانِتْ و بانِتْ كُلَّها كامْ يُوم
نَهارْنا نادِي و نَهارِ النَّدْلِ مُش بَايِن
الدَّولَه ما فْضِلْشِ فيها غِيرْ شِوَيِّةْ شُوم
لَوْ مِش مِصَدَّقْ تَعالى عَـ المِيدان عَايِن
يا ناس مافِيش حاكِم إلاَّ مِنْ خَيالْ مَحكُوم
وِاللِّي حـَ يُقعُدْ في بِيتُه بَعْدَها خايِن
اللي حـَ يُقعُد كَأَنُّه سَلِّمِ التّانْيِين
لِلأَمنِ بِأديه وِ قالْ لُه هُمَّه ساكْنِين فِين
وِصْلِتْ لِضَرْب الرُّصاصْ عـَ الخَلْقِ فـِ المَيادين
حَتَّى الجُثَثْ حَجَزوها اِكْمِنُّهُم خايفِين
يا مَصرِ أَصبحْنا أَحْيا و مَيِّتِين مَساجِين
فَاللِّي حـَ يُقعُد في بِيتُه يِبقى مُش مَفهُوم
وِاللِّي حـَ يِنزِل إلهَي حارِسُه صايِن

Friday, February 25, 2011

Questions constitutionnelles

Le débat qui fait rage aujourd'hui tout en semblant être déjà tranché dans la tête de beaucoup de citoyens et de décideurs tunisiens tourne autour de la nouvelle constitution, comment y parvenir, puis, quel contenu lui donner pour quel régime. Assemblée constituante, conférence nationale, référendum...? Régime parlementaire ou présidentiel ?
Je ne suis pas juriste et je ne peux donc pas m'aventurer dans des analyses théoriques et/ou techniques pointues. Il est néanmoins des considérations qui ne nécessitent pas des connaissances de spécialistes pour en avoir conscience et les énoncer.

La télévision (nationale) encore et toujours

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Où sont donc passés ces quelques figures et voix qu'on a vues et entendues pour un bref moment après le 14 avant qu'ils ne disparaissent aussi soudainement qu'elles étaient apparues ? Pourtant, le travail et le message avaient l'air assez convaincants et, en tout cas, corrects.